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Prix des énergies: voici ce qui ralentit le plus l'Europe pour aider les citoyens, selon Didier Reynders

Didier Reynders était l'invité de Pascal Vrebos ce dimanche sur RTL TVI. Le Commissaire européen à la Justice a notamment été interrogé sur l'action des institutions européennes pour aider les ménages face aux prix des énergies. L'élu du Mouvement réformateur a pointé l'élément qui bloque le plus la prise de décisions pour aider les citoyens, selon lui. Il a également annoncé qu'un accord devrait être trouvé très prochainement pour que les États membres achètent en commun du gaz, dans le but d'avoir plus de poids pour négocier les prix.

Pascal Vrebos: On le répète chaque jour, les factures des énergies gonflent chaque jour de manière cauchemardesque. La Commission européenne et sa présidente semblent procrastiner, c'est Mario Draghi qui le dit. Sept mois de retard, dit-il, une erreur colossale, des millions de gens appauvris. Le Premier ministre polonais va plus loin, je cite: "Si on voulait enterrer le plafonnement du prix du gaz, la Commission fait partie du gouvernement allemand". Elle fait partie du gouvernement allemand (NDLR: qui était lui-même réticent à plafonner les prix du gaz)?

Didier Reynders: La grande difficulté qu'on rencontre maintenant, et c'était déjà le cas durant la crise covid, c'est d'abord de mettre les 27 États membres sur la même ligne. D'avoir un consensus. Souvenez-vous, pendant la crise covid, on a pu obtenir de développer une politique de santé au niveau européen. Ce n'était pas la compétence de la Commission, mais ça a permis d'investir dans la recherche des vaccins et des produits. Aujourd'hui, depuis le mois de mars, la Commission fait des propositions en matière énergétique. Le problème, c'est d'avoir à un moment l'accord.

Pascal Vrebos: Ce n'est pas ce qu'ils disent (NDLR: les 27 États membres). Donc ils mentent?

Didier Reynders: Je ne dis pas qu'ils mentent, chacun défend son point de vue. Je vois simplement les discussions, encore au dernier conseil énergie, sur un prix maximum pour le gaz, il n'y a pas d'accord entre les 27. Un certain nombre d'États membres veulent avancer, d'autres moins. Mais on a déjà fait beaucoup de choses. Les stocks de gaz sont remplis.

Pascal Vrebos: Oui, ça on le sait.

Didier Reynders: Oui, mais il fallait le faire.

Pascal Vrebos: Même Charles Michel l'a reconnu à votre place (le président du Conseil européen a été interrogé début septembre).

Didier Reynders: C'est très bien, mais ce n'était pas le cas l'année dernière. C'est fait cette fois-ci. On a pu diversifier, donc avoir du gaz un peu partout à travers le monde.

Pascal Vrebos: Vous étiez en réunion juste avant d'arriver ici avec Von Der Leyen (NDLR: présidente de la Commission européenne). Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui a été décidé et est-ce qu'à un moment donné les citoyens belges vont avoir un peu d'argent de l'Europe?

Didier Reynders: Alors ça, ça a déjà été proposé lors de la dernière réunion du conseil énergie. Heureusement, on a un accord des États membres maintenant. C'est l'idée de fixer un prix maximum pour tous ceux qui produisent de l'électricité autrement qu'avec du gaz. Vous savez que c'est beaucoup moins cher de produire avec du nucléaire ou du renouvelable. Et puis de taxer ce qu'on a appelé les superprofits. Les produits exceptionnels de ceux qui produisent. Vous demandez s'il y a de l'argent pour les Européens, c'est deux règles-là, c'est 140 milliards d'euros qui peuvent être redistribués. C'est ce qui a permis au gouvernement belge dans son budget, si j'ai bien lu, de prévoir plus de 3 milliards. Au-delà de cela, un prix sur le gaz. Ce que nous allons faire maintenant, c'est d'abord demander d'acheter en commun.

Pascal Vrebos: Ça, c'est la nouveauté de ce matin?

Didier Reynders: C'est une demande depuis pas mal de temps. Les États membres disaient volontairement oui, on voudrait que ce soit obligatoire.

Pascal Vrebos: C'est accepté?

Didier Reynders: Je crois que ça pourra être accepté par les États membres de dire que 15% des volumes commandés seraient obligatoirement achetés en commun par les compagnies qui utilisent ce gaz. Et puis négocier avec des pays partenaires. La Norvège nous vend du gaz. Les États-Unis nous vendent du gaz. On peut quand même leur demander de faire un effort. Les États-Unis vendent du gaz beaucoup plus cher que le prix dans le pays. Donc là, il y a probablement des efforts à faire. Mais le vrai débat qui divise les États membres, certains États membres ont vraiment besoin de gaz, absolument. La Belgique, l'Allemagne et d'autres États. La peur, si on fixe un prix trop bas, c'est évidemment qu'on n'ait plus de fourniture. C'est là l'équilibre à trouver. On essaie de convaincre les États membres d'avancer dans cette voie.

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