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Un journal français accuse Armand De Decker d'avoir reçu 734.346 euros pour avoir aidé un homme d'affaires belgo-kazakh

Armand De Decker, député bruxellois MR et bourgmestre d’Uccle, aurait touché 734.346 euros d’une avocate française pour avoir facilité la vente d’hélicoptères au Kazakhstan par Nicolas Sarkozy. C’est une information que dévoile le Canard Enchainé et qui a été relayée par nos collègues de Sud Presse.

Deux affaires dévoilées en 2012 ont éveillé les soupçons de la justice française. La première concerne des hélicoptères vendus au Kazakhstan. La seconde affaire se penche sur un trafic d’influence franco-belge qui s’élèverait à deux milliards d’euros. A cette occasion, le Canard Enchainé annonce que des juges français ont levé l’immunité parlementaire d’Aymeri de Montesquiou-Fezensac d’Artagnan, un ex-représentant spécial de Sarkozy en Asie centrale afin d’approfondir l’enquête.


734.346 euros pour Armand De Decker en guise de remerciement

L'accusation concerne des pots-de-vin qui auraient été versés à des proches de Nicolas Sarkozy. Sud Presse parle notamment trois hommes d’affaires qui habitent en Belgique (Chodiev, Ibragimov et Machkevitch) et l'avocate de Patokh Chodiev, Catherine Degoul. Mais le nom d’Armand De Decker est également cité. D’après le Canard Enchainé, "les enquêteurs ont découvert que l’avocate Degoul avait encaissé 734.346 euros à un influent représentant de la droite bruxelloise: Armand De Decker".


Sarkozy, le Kazakhstan et le Sénat belge

Au moment des faits, Armand De Decker était vice-président du Sénat. L’assemblée avait justement adopté une nouvelle loi afin d’ "arranger les affaires de Chodiev". Ce milliardaire était poursuivi pour blanchiement d'argent et participation à une association de malfaiteurs. Il risquait une condamnation devant la justice ainsi qu’une confiscation de ses biens. Le même traitement allait également toucher d’autres personnes mouillées dans le dossier. Ils ont été sauvés de justesse par... le président kazakh, Noursoultan Nazarbaïev. Celui-ci a accepté d’acheter 45 hélicoptères à Nicolas Sarkozy à condition que Chodiev et sa bande soient sortis d’affaires. L'examen d'une proposition de loi aurait dès lors été fait en vitesse par la Chambre et le Sénat. Cette loi sur la transaction financière permet d'arrêter une enquête ou un procès en cours si l'accusé est prêt à payer pour sa liberté. Chodiev a pu bénéficier de cette loi.

En 2012, le Canard Enchainé avait déjà dévoilé l'implication d'Armand De Decker. Il s'en était défendu auprès du Vif: "Quand j'ai quitté la présidence du Sénat, en juillet 2010, j'ai repris mes activités d'avocat, nous dit-il. J'ai alors reçu un appel de Me Degoul et de Me Tossens, avocat bruxellois, pour que je les rejoigne dans la défense de Monsieur Chodiev. Il s'agissait d'un vieux dossier lié à l'affaire Tractebel, datant de 1996, et qui risquait, pour le ministère public, de se heurter au délai raisonnable. On est vite arrivé à la conclusion qu'il valait mieux une transaction. C'est Me Degoul qui a contacté le parquet pour cela. Pour le reste, je n'ai même jamais rencontré Monsieur Chodiev en personne." D’après le Canard Enchainé, l’avocate aurait "remercié" Armand De Decker avec cette importante somme d’argent.


"Je peux vous assurer que je n’ai touché, dans ce dossier, que des honoraires d’avocats"

Le député bruxellois rappelle à nos collègues du Soir qu'il est uniquement intervenu dans cette affaire dans sa qualité d'avocat. Il affirme que cette proposition de loi a été soutenue par les trois familles politiques principales après plusieurs changements et évolutions. Loin d'avoir été décidée pour aider Chodiev, "la procédure a été appliquée des dizaines, voire des centaines de fois. Pas plus tard que dimanche dernier, sur le plateau de RTL, une magistrate, qui plaidait pour que l’on augmente les moyens de la Justice, a rapporté que la Justice rapporte de l’argent à l’État. En 2014, les montants récoltés grâce aux transactions pénales s’élèvent à 500 millions !"

En ce qui concerne le montant colossal qu'il a reçu, Armand De Decker se défend fermement. "Je peux vous assurer que je n’ai touché, dans ce dossier, que des honoraires d’avocats (...) qui ont été intégralement soumis à l’impôt. Dans la transparence absolue. C’est vrai que les avocats qui ont travaillé sur ce dossier ont été bien rémunérés." Il assure ne jamais avoir reçu autant d'argent.

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