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Amputée d'un pied à 17 ans suite à un accident de bus, Anaïs n'a pas abandonné son rêve: devenir danseuse

Cette habitante de Petit-Enghien a vécu une épreuve traumatisante il y a quelques années, perdant un pied lors d'un accident de bus survenu devant son école. Elle nous raconte son long chemin vers la guérison.

"A 17 ans, j'ai eu un accident avec un bus. J'ai dû être amputée d'un pied", débute Anaïs via le bouton orange Alertez-nous. La jeune femme de 24 ans, dont les projets d'avenir ont été bouleversés suite à ce drame, a réussi à faire de cette terrible épreuve un combat contre l'adversité... 


© Gilles Havet
 
En commençant son récit, Anais confie qu'aussi loin qu'elle s'en souvienne, s'exprimer à travers la danse a toujours été un "besoin vital". "C'est indispensable pour moi", souligne celle qui pratique cet art depuis l'âge de 3 ans.

"J'avais besoin d'aller aux cours de danse. Le spectacle de danse... Je n'attendais que ça. C'était le jour le plus important de l'année pour moi", se remémore l'habitante de Petit-Enghien.


Cette dernière se donne corps et âme à sa passion. C'est le moteur de son existence. Dès l'adolescence, la Wallonne très active transmet son savoir en donnant des cours à des enfants après l'école. La jeune fille de 17 ans qu'elle est alors s'épanouit pleinement dans cette discipline.

Mais le matin du 26 avril 2012, tout bascule. Anaïs, élève en quatrième secondaire, est victime d'un accident à quelques mètres de son école à Enghien...

Le bus duquel elle vient de descendre est en train de repartir. Le chauffeur tente d'éviter un camion. L'avant de son bus se retrouve alors sur le trottoir et renverse Anaïs. Il roule sur le pied gauche de la jeune fille à terre. Il est 8h10.


"L'amputation était inévitable"


Tout s'enchaîne alors très rapidement. Les pompiers, dont la caserne est très proche, arrivent sur les lieux. Le premier réflexe de la victime sous le choc est d'appeler sa mère. "On a appris l'accident d'Anaïs en déjeunant un matin. C'est elle-même qui m'a appelée et qui m'a dit : "Maman, j'ai eu un accident. Le bus a roulé sur mon pied. Je n'ai plus de pied", se souvient Sandrine, la mère d'Anaïs.

"Tout se passe tellement vite. On se pose des questions, on abandonne les enfants. On part directement sur les lieux de l'accident, c'était juste à l'école. Le médecin du SAMU nous a dit: "C'est très grave, il y a de grandes chances qu'elle perde son pied", poursuit la mère de quatre enfants.


Sandrine, la mère d'Anaïs - © Gilles Havet
 

Du côté des médecins, le constat est alarmant. Le membre inférieur d'Anaïs doit être amputé. "On a eu face à nous un pied écrasé par un pneu d'autobus qui présentait des lésions très sévères, aussi bien vasculaires, neurologiques et osseuses. La peau était complètement scalpée, donc il était cliniquement impossible de récupérer ce pied. Ce qui faisait que l'amputation était inévitable" , relate Ali Razian, le chirurgien orthopédiste qui a soigné Anaïs.


"Elle voulait faire de la danse son métier"

Le verdict tombe... le membre d'Anaïs est irrécupérable. Elle subit donc une ablation. Pourtant, dans ce moment de détresse, elle ne pense qu'à la danse et à son avenir dans cette discipline. "La première chose qu'elle a demandée c'est: "Comment va mon pied? Est-ce que je vais pouvoir continuer de danser?", explique Dominique, un des pompiers qui est intervenu sur les lieux ce matin-là.


© Gilles Havet


"Un exemple de réussite"

"Ce qui m'a marqué dans l'histoire d'Anaïs, c'est que quand on a fait sa connaissance et qu'on lui a demandé par la suite ce qu'elle voulait faire comme profession, on a été choqué qu'elle veuille faire de la danse son métier. C'est vrai que c'était très mal parti avec un membre inférieur amputé. C'est très difficile à envisager et on était assez sceptique", reconnait le docteur Ali Razian.

Mais le médecin de la jeune fille ne laisse pas ses propres doutes prendre le dessus et encourage sa patiente. "Notre rôle n'est pas de briser les rêves, mais de les accompagner et, dans les meilleurs des cas, de les soutenir. En tout cas, Anaïs a joué un rôle très important. Au lieu de se laisser abattre et de considérer sa situation figée et de laisser tomber son rêve, elle s'est battue", détaille-t-il.

 

Grâce à la détermination d'Anaïs, le spécialiste réalise que la volonté peut soulever des montagnes. "Ça m'a même rendu assez optimiste pour mes propres patients, pour leur donner un exemple de réussite. Je pense qu'à partir du moment où on a la motivation et qu'on croit en ses rêves, même si on se trouve dans des situations très compliquées, voire inattendues, ou irréelles, on peut toujours y arriver", estime le docteur.


 

"J'étais dans les coulisses, assise sur ma chaise roulante"

Le courage d'Anaïs impressionne. Pourtant, cette situation est très éprouvante pour l'adolescente hospitalisée. Après l'opération, elle passe par de nombreuses étapes. "Au début, c'était très difficile évidemment, je n'ai pas eu le choix et j'ai dû faire face à ça, mais dès que j'ai eu mon accident, je savais que j'allais avoir une amputation. Mais j'ai de la chance d'avoir énormément de gens autour de moi, ma famille, mes amis, la danse. Je ne dormais jamais une nuit seule à l'hôpital et j'y suis restée 2 mois", se remémore celle qui a un frère et trois soeurs.

 


"J'étais très émue"

Anaïs est toujours hospitalisée lorsque le spectacle de danse auquel ses élèves participent a lieu. Encore en chaise roulante, elle décide d'assister à l'évènement malgré sa situation afin de les encourager. "J'ai eu mon accident au mois d'avril et mon spectacle se déroulait au mois de mai. J'ai eu l'opportunité de sortir de l'hôpital pour pouvoir y assister. Évidemment, c'était très compliqué parce que j'étais dans les coulisses, assise sur ma chaise roulante. Tous mes élèves dansaient, c'étaient mes chorégraphies", souligne-t-elle.



Les élèves d'Anaïs sont bouleversés par son accident. Ils lui témoignent leur soutien ce soir-là. La convalescente est très touchée par cet élan d'amour. "J'ai eu l'occasion d'avoir une haie d'honneur à la fin du spectacle. Tous les élèves et les parents se sont levés. Ils sont montés sur scène lors du final. C'est vrai qu'à ce moment-là, c'était vraiment très dur, car tout le monde m'applaudissait . J'étais très émue", se souvient la chorégraphe, encore marquée par l'intensité de la scène.

 

Motivée, la jeune fille de 17 ans se rétablit peu à peu. Après une année et beaucoup d'efforts, elle recommence à marcher. Elle s'adapte jour après jour à sa prothèse en silicone. Mais Anaïs, l'avoue, elle ne tient plus. Elle a besoin de danser. "Dès que j'ai eu ma prothèse provisoire, je dansais avec mes béquilles, peut-être 7-8 mois après mon accident. C'était plus fort que moi, je voulais danser même si je restais sur place", raconte-t-elle.



Anaïs repousse ses limites

Soutenue par sa famille et ses amis, Anaïs ose l'impossible. La passionnée de dance hall et de hip-hop décide de recommencer à enseigner la danse aux enfants à Enghien, Silly et Bassily plusieurs fois par semaine et repousse ses limites.

"Donner cours me permet de transmettre ma passion aux élèves. Depuis mon accident, je leur donne quelque chose de différent... Mon énergie, ma volonté (...) j'ai voulu effectuer une chorégraphie avec une de mes profs de danse malgré ma prothèse, j'ai voulu faire ça pour prouver à tous ceux qui sont dans mon cas, qu'on peut tout faire comme les autres. Au début, j'ai eu beaucoup de difficultés, mais grâce à la passion, je suis vraiment passée au-dessus de tout ça", lance Anaïs.

 

"Pour moi, j'ai une vie normale, heureusement, grâce à la danse. Sans ça, je ne serai pas dans le même état je pense. Malgré ma prothèse, je danse même encore mieux qu'avant mon accident, car ça m'a motivé à dépasser mes limites", affirme-t-elle.

 
© Gilles Havet

"Pour elle, je suis comme elle"

Il y a un peu plus de trois ans, Anaïs rencontre l'homme de sa vie. En 2017, elle donne naissance à une petite fille. L'arrivée de Mélia la comble de bonheur. "Quand on a quelque chose dans la vie comme ça qui tombe, on a envie de donner un maximum à cet être. C'est quelque chose de magique de voir ma fille de 22 mois prendre mon silicone et vouloir le mettre à sa jambe... comme sa maman. Pour elle, je suis comme elle, car elle m'a toujours vu comme ça et elle me verra toujours comme ça", s'émeut la mère de famille.
 

Faire face à l’adversité pour réaliser son rêve

Des années après son accident, Anaïs est devenue secrétaire. Elle continue d'enseigner le hip-hop et dance hall quatre fois par semaine à des enfants et des adolescents. La femme battante rêve désormais d'ouvrir sa propre école de danse. Elle aimerait aller plus loin en proposant des cours spécialisés aux personnes ayant traversé une situation éprouvante comme la sienne.

 

La danseuse veut prouver que malgré "les épreuves les plus difficiles de la vie, on peut toujours s’en sortir et que tout est possible avec de la volonté". "La vie nous réservera toujours des surprises, mais je vis le présent, j'oublie le passé et j'avance vers le futur", conclut celle qui a su faire face à l’adversité pour réaliser son rêve.

 

Anaïs a souhaité raconter son histoire en images grâce à un film réalisé et produit par Gilles Havet. Pour découvrir la vidéo, cliquez ICI.

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