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BNP Paribas Fortis: un bruyant et dérangeant dividende?

La filiale belge du groupe français BNP Paribas, a annoncé, hier, qu’elle allait verser 2 milliards d’euros de dividende exceptionnel à ses actionnaires. Une nouvelle qui n’a pas plus à tout le monde ? Que s’est-il passé ?

Le groupe bancaire BNP Paribas détient sa filiale belge BNP Paribas FortisS, ex-Fortis. L’année passée cette filiale avait versé un dividende de 2,58 euros par action, soit un environ 1,2 milliard d’euros. Il a été révélé que cette filiale belge allait cette année verser un dividende exceptionnel de 4,15€.


Est-ce une opération contestable ?

Non, ce dividende, dit intercalaire, n’est pas régi par une disposition spécifique du Code des sociétés. L’assemblée générale peut à tout moment distribuer un dividende par prélèvement sur les réserves disponibles de la société.


Quel est le but du versement de ce dividende exceptionnel ?

Le magazine Le Vif a une belle expression très explicite: "Cette opération doit permettre au groupe français de gonfler un peu plus son matelas financier, grâce à la laine retirée du matelas belge". En fait, la situation financière de BNP Paribas n’est pas florissante. D’abord, à cause de la fameuse amende de 8,9 milliards de adollars infligée en 2014 par les autorités américaines pour viol d’embargo. Ensuite, à cause des contraintes imposées par les régulateurs européens aux grandes banques. D’un côté, il y a des charges exceptionnelles, l’amende, de l’autre des pressions pour renforcer les fonds propres. Vous rajoutez à cela un contexte de marché difficile, avec des taux d’intérêt bas, voire négatifs, les restrictions de trading pour compte propre, une nouvelle concurrence, et bien BNP Paribas ne roule pas sur l’or et va gratter à gauche et à droite ce qu’elle peut gratter. L’opération, économiquement parlant, est donc pleinement justifiée.


Pourtant elle fait du bruit, et a provoqué la rupture des négociations syndicales au sein de l’entreprise ?

C’est assez compréhensible. Imaginez la position des syndicats. Ils s’assoient autour de la table pour se faire présenter un plan stratégique, baptisé Vision 2020, qui prévoit le licenciement de plus de 1.000 emplois à l’horizon 2018. Les représentants des employeurs expliquent qu’il faut se serrer la ceinture, faire des efforts et dans la foulée, les syndicats apprennent qu’une partie non négligeable des bénéfices mis en réserve va servir à compenser les erreurs, ici les malversations, de la maison mère.


On parle aussi d’un impact pour l’Etat belge ?

En fait, ce que d’aucuns déclarent, c’est que l’état belge est sorti de la filiale belge pour devenir actionnaire de la maison-mère et que dès lors, cela le prive de ce dividende exceptionnel. Oui, en effet mais l’état belge bénéficie de dividendes de la maison-mère et dans ce cas-ci c’est pour aider cette maison-mère que le cash remonte. Donc je ne vois pas où est le problème. La pilule est beaucoup plus amère pour les syndicats ...

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