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Ce juge dénonce le coût de la fraude fiscale pour chaque citoyen: "Ça représente quelque-chose de terrible"

La firme "Nike" est épinglée dans l'affaire des "Paradise Papers". Le centre de distribution européen de la marque emploie 3.000 personnes en Belgique. Et pourtant, il n'y paie quasi pas d'impôts grâce à un montage financier baptisé "Ruling". Face à ces scandales à répétitions, un juge dénonce la passivité des autorités.

L'enquête révèle que le centre de distribution de Nike à Laakdal (Anvers), pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, emploie 3.000 personnes en Belgique mais n'y paie presque aucun impôt. Le centre est considéré comme un vulgaire prestataire de services, rémunéré de façon dérisoire par la société néerlandaise NEON, également membre du groupe Nike. L'an dernier, la base taxable de NEH était d'à peine 9 millions en Belgique, alors que le chiffre d'affaires de NEON dépasse les 7 milliards. Cela est possible grâce à un ruling accordé par la Belgique au groupe américain.


"Quelque-chose de terrible pour le citoyen, mais il ne s'en rend pas compte"

Un exemple parmi tant d'autres, qui n'étonne plus les spécialistes de la Justice. "Il y en a tout le temps des 'Nike'. C'est un petit exemple cité aujourd'hui dans la presse, mais est-ce que c'est illégal ? La réponse est non", a expliqué Michel Claise, juge d'instruction spécialisé en matière financière. "Plus de 90% des affaires sont classées parce qu'on n'a pas le temps de les lire, on n'a pas le temps d'ouvrir les dossiers", ajoute-t-il.

Manque de moyens, manque de policiers pour enquêter. Le démantèlement du service de lutte contre la fraude est, selon ce juge, un non-sens. "Qu'est-ce qui se passe dans la tête de ceux qui nous gouvernent ? Que fait-il qu'on rende les choses, à un moment, irréversibles ? Je suis profondément choqué que le gouvernement actuel ne soit pas dans la communication à l'égard du citoyen", s'insurge Michel Claise, avant de chiffrer les "manquements" en matière de lutte contre la fraude fiscale. "Ça coûte 2.000 euros par citoyen chaque année. Ce n'est pas moi qui le dit. Quand vous pensez que vous avez 30 milliards par an qui partent vers les paradis fiscaux, et qu'on cherche 4 à 5 milliards pour boucler le budget. Ben oui, ça représente pour le citoyen quelque-chose de terrible, mais il ne s'en rend pas compte".

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