Accueil Actu

Coronavirus: combien les tests PCR coûtent-ils à la Belgique ?

Le nombre de tests Covid-19 réalisés a explosé ces dernières semaines dans notre pays, approchant désormais le cap des 3 millions depuis le début de l'épidémie. Ceux-ci sont presque tous intégralement remboursés. Quelle est la note actuelle et jusqu'à combien pourrait-elle grimper en fin d'année ?

Après quelques lenteurs au démarrage dans les premiers mois de l'épidémie, les tests PCR de dépistage du coronavirus SARS-CoV-2 (c'est le nom exact du virus, Covid-19 étant le nom de la maladie) sont maintenant réalisés de façon massive dans la plupart des pays européens. La question du coût de ces tests pour les États et donc les contribuables se pose désormais. En France, elle s'est invitée dans les médias la semaine dernière, alors que le cap du million de tests par semaine, intégralement remboursés, était atteint. Selon le journal Le Parisien, la note pourrait s'élever à deux milliards d'euros en fin d'année. Invité à réagir, le ministre français de la Santé a déclaré que l’État devait prendre en charge ces coûts "sinon nous ne pouvons pas demander aux laboratoires de faire davantage d’efforts". Il a assuré que l'État payait les laboratoires "au juste prix". Et en Belgique ? À combien s'élève la facture des tests ? Rappelons d'abord en quoi consiste le test et quelles sont ses étapes majeures.

Un test PCR, comment ça marche ?

Un test PCR revient à copier des millions de fois (jusqu'à un milliard de fois) une molécule d'ADN afin de pouvoir la détecter. En effet, si par exemple vous chercher la présence d'un virus et que vous disposez d'un échantillon avec un peu de salive, il n'y aura pas assez d'ADN du virus pour le repérer.

Donc, avec une protéine (appelée Polymérase, d'où le nom PCR pour "Polymerase Chain Reaction") qui fait un peu office de photocopieuse, la PCR fait des millions de copies de manière à avoir une quantité suffisante pour détecter l'ADN. On appelle ce processus l'amplification.

Précisons que dans le cas du coronavirus, il ne s'agit pas d'ADN mais d'ARN. Pour simplifier, on dira que l'ARN est une version primitive de l'ADN. L'ARN est formé d'un simple brin. L'ADN a, lui, un double brin qui s'enroule en hélice. Lorsqu'il s'agit d'ARN, la technique s'appelle RT-PCR: l'ARN est d'abord converti en ADN avant de procéder à la PCR proprement dite.

La PCR existe depuis plus d'une vingtaine d'années et elle a révolutionné la recherche et de nombreux domaines. Si son coût a pu être abaissé au fur et à mesure du temps, il reste important.

Ce sont surtout les réactifs qui coûtent cher (et rapportent beaucoup en ce moment aux entreprises pharmaceutiques qui les produisent).

Les réactifs sont :

- la protéine Polymérase (la "photocopieuse")

- les nucléotides (les briques avec lesquels la Polymérase fait les copies)

- les amorces

Les amorces sont de petites chaînes de nucléotides (un nucléotide est la molécule de base, la brique constitutive de l'ADN) qui vont se fixer à l'ADN (n°2 sur le schéma ci-dessous). Pour que ces amorces puissent se fixer, le double brin d'ADN est séparé au préalable en ses deux brins distincts (n°1 sur le schéma). C'est à partir de ces amorces que la Polymérase va fabriquer toute la copie en assemblant les nucléotides l'un après l'autre (n°3 sur le schéma). C'est un peu comme une tirette, il faut qu'elle soit bien attachée aux deux côtés pour pouvoir la remonter. En général, pour un test PCR sûr, on n'utilise pas une seule amorce mais plusieurs qui vont se fixer en différents endroits du brin d'ADN.

Quelles sont les étapes du test ?

La PCR proprement dite est l'étape la plus chère.

Quelles sont les autres étapes ?

La PCR nécessite une étape d'extraction qui consiste à détruire les cellules et les tissus d'un échantillon pour ne garder que l'ADN qui sera placé dans la machine PCR.

Avant cette étape, il y a bien entendu le prélèvement de l'échantillon à l'aide de ce fameux long coton-tige dans le nez dans le cas du test standard.

Et à l'autre bout de processus, il y a l'encodage des résultats des millions de tests dans des bases de données informatiques.

Ajoutez à cela le personnel pour réaliser toutes les opérations.

Combien coûte un test et comment a-t-on déterminé son prix ?

L'Institut national d'assurance maladie invalidité (INAMI) a évalué le coût d'un test PCR à 46,81 euros.

Ce montant couvre l'achat de matériel, le personnel, les réactifs, les contrôles de qualité, le transport, etc. Il a été estimé par l'INAMI avec les laboratoires et les mutualités.

L'INAMI rembourse l'intégralité du test directement aux laboratoires.

La quasi-totalité des tests sont remboursés. Seuls ceux exigés en cas de vol international ou, par exemple, dans le cas où une entreprise décide d'une campagne de tests pour l'ensemble de son personnel, ne sont pas remboursés. L'INAMI s'appuie en effet sur la ligne directrice de Sciensano qui est de faire un test si la personne :

- présente des symptômes,
- a eu un contact à haut risque,
- est admis à l'hôpital ou en maison de repos,
- revient d'une zone rouge ou orange et a reçu soit un code d'activation par SMS après avoir rempli le fichier de localisation des passagers, soit une prescription d’un médecin

Quel est le coût total actuel des tests en Belgique ?

L'institut de santé publique belge, Sciensano rapporte qu'un total de 2,9 millions de tests a été effectué depuis le début de l'épidémie avec, cette dernière semaine, une moyenne de 35.000 tests quotidiens.

La plupart des tests ont été menés par les laboratoires (2,3 millions, jusqu'au 20/9).

Le reste a été accompli par la plateforme nationale de tests en maisons de repos, autres collectivités résidentielles et centres de triage (525.000, jusqu'au 20/9). Ces tests coûtent moins cher : 30 euros environ par échantillon. Comment expliquer cette différence ? Les contraintes logistiques des laboratoires (notamment pour l'organisation et la récupération des tests dans les maisons de repos ou chez les médecins généralistes) sont plus importantes, nous a expliqué la porte-parole du secrétaire d'État Philippe De Backer en charge de cette plateforme nationale. Par ailleurs, les laboratoires privés sont des entreprises et doivent dégager un minimum de marges bénéficiaires, ce qui n'est pas le cas de la plateforme nationale.

À la mi-septembre, l'INAMI avait reçu environ 1,9 million de facturation de tests, ce qui représente environ 90 millions d'euros.

Le budget total de l'INAMI pour 2020 est, lui, d'environ 32 milliards d'euros. Les 90 millions d'euros des tests Covid-19 constituent une goutte d'eau dans ce budget. Il est préférable de les comparer au budget 2020 d'autres prestations de l'INAMI.

Budget 2020

Test PCR Covid-19 > 90 millions (mi-septembre)
Dialyse > 455 millions
Soins kiné > 842 millions
Imagerie médicale > 1,34 milliard

Jusqu'à combien la note pourrait-elle grimper fin 2020 ?

Si le rythme actuel de 35.000 tests/jour devait être maintenu jusqu'en fin d'année, on atteindrait 193,2 millions d'euros pour les 4 seuls derniers mois. Additionné aux 90 millions actuels, on aboutirait à plus de 280 millions d'euros.

À lire aussi

Sélectionné pour vous