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Guerre en Ukraine: quelles conséquences économiques pour la Belgique et pour l'Europe?

Le spécialiste économie de RTL Info Bruno Wattenbergh a répondu aux questions d'Olivier Schoonejans à propos des conséquences économiques directes de l'invasion russe en Ukraine.

Avant l'impact sur le prix de l'énergie, Bruno Wattenbergh met en avant l'impact sur la bourse. "Elle s'est repliée même si elle l'avait déjà anticipé depuis plusieurs semaines", explique-t-il. "Ce n'est jamais une bonne nouvelle de voir les investisseurs se retirer."

Il y a ensuite la problématique de l'énergie. "On a atteint des prix jamais vus depuis 2014 pour le pétrole et au niveau du gaz, on est encore monté de 33%", dit-il. "Automatiquement, ça un effet sur les prix de l'électricité."

Le prix du blé va monter, mais pas seulement

Autre problème, l'Ukraine est un très gros fournisseur de céréales. Elle pourrait fournir 600 millions de personnes alors que sa population est de 45 millions. "Ce qui se passe maintenant fait déjà monter le prix du blé qui a aussi atteint des plafonds qui n'avaient jamais été atteints auparavant", continue Bruno Wattenbergh"Et ça, on va le payer. Pas uniquement le blé mais aussi l'orge, le seigle, le maïs et même le miel." Selon le spécialiste, cela va faire augmenter le prix des produits en Belgique. Le consommateur va être touché et ça va alimenter l'inflation. "Les prix montent et il va y avoir une tension sur la croissance économique. C'est un cercle vicieux extrêmement dangereux pour la Belgique."

Et à moyen terme?

Dans ce genre de situation, ces réactions sont classiques. Mais, à moyen terme, qu'est-ce qui pourrait se passer? Quels sont les risques économiques pour l'Europe qui a des liens avec l'Ukraine mais aussi avec la Russie? "Le premier problème, ce sont les débouchés russes", dit Bruno Wattenbergh. "Nous avons quand même une économie qui exporte vers la Russie. Ensuite, depuis 2014 et les premières incidents avec la Russie, l'économie ukrainienne s'est écrasée. C'est aussi pour nous un débouché. Le port d'Odessa a par exemple été touché par des bombardements alors que c'est la sortie par la mer de tous ces produits."

À partir du moment où il y aura des sanctions envers la Russie, il y aura un double effet. Le premier effet, c'est que ces sanctions vont mettre la pression sur les producteurs de gaz. "La Norvège, qui est l'alternative à la Russie, produit déjà à 100%", explique l'économiste. "Le prix de l'électricité et des énergies vont rester élevés."

L'autre effet, c'est que les sanctions qui vont être prises vont peser sur les échanges avec la Russie mais également sur l'économie européenne et mondiale. "Elles vont nous faire rentrer dans le risque d'une spirale de décroissance économique, ce que nous n'avions pas besoin alors qu'on sort de la crise du Covid."

Les investisseurs ont horreur de l'incertitude

L'Europe espérait un rebond de 4% au niveau de la croissance mais le commissaire européen a déjà déclaré que ces chiffres ne seront pas atteints. "On va rester dans une incertitude", déclare Bruno Wattenbergh. "Les investisseurs ont horreur de l'incertitude. Ça va peser sur la croissance économique et donc sur l'emploi.

La Russie ou l'Ukraine, qui est le meilleur client de la Belgique ?

Durant les 11 premiers mois de l'année 2021, la Belgique a exporté pour 4,1 milliards d'euros vers la Russie, principalement des produits chimiques, des machines et équipements et des plastiques. La Russie est le 17e marché d'exportation pour la Belgique.

Durant cette période, 7 milliards d'euros de biens ont été exportés de la Russie vers la Belgique. Il s'agissait principalement de minéraux et métaux.

Avec l'Ukraine, le commerce est limité. Les exportations belges durant les 11 premiers mois de l'année 2021 représentaient 684 millions d'euros et les importations 628 millions d'euros. L'Ukraine est le 51e partenaire commerciale de la Belgique et son 46e fournisseur.

La Belgique exporte vers l'Ukraine principalement des produits chimiques, des machines et équipements et du matériel de transport. Les importations consistent en des produits agricoles, des métaux et du bois.

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