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Les agriculteurs vendent désormais leurs bêtes à perte: à quoi est dû ce phénomène?

Le prix de la viande n'a jamais été aussi bas. On parle, bien sûr ici, du prix que perçoit l'éleveur quand il conduit ses bêtes à l'abattoir. A 4 euros 75 le kilo aujourd'hui, les agriculteurs estiment qu'ils vendent désormais à perte. Sébastien Prophète, Ghislain Federspiel.

Au marché aux bestiaux de Ciney, ce matin, c'est le début des discussions. Comme tous les vendredis, acheteurs et vendeurs se retrouvent au milieu de centaines de bovins, et ils se frappent dans les mains, comme le veut la tradition quand une négociation est en cours. Définir un prix qui arrange les deux parties n'est pas évident, d'autant plus dans le contexte actuel.

Olivier Bronfort, un négociant d'Aywaille nous explique le contexte actuel: "Je suis négociant. Si je les achète, je les achète moins cher en sachant bien qu'elles valent moins. Donc finalement, c'est l'agriculteur qui gagne moins de sous."

En 1980, l'éleveur cédait sa bête à l'abattoir pour environ 5,40 euros. Trente-quatre ans plus tard malgré une augmentation des frais de production, le prix de vente était toujours le même. Et il a depuis lors chuté pour atteindre les 4,75 kilos.

Stéphane Gauthier, négociant de Saint-Aubin relativise cette chute mirobolante du prix: "Il y a eu de bonnes années avant. Si on a gardé une pomme pour sa soif, ça va, on l'utilise maintenant, mais sinon, c'est dur de mettre les bouts ensemble".

Deux éléments expliquent cette baisse des prix: une arrivée massive de bovins dans les abattoirs français et néerlandais ces derniers mois et une diminution de la consommation de viande en Belgique.

Pour Benoît Cassart, secrétaire général de la Fédération du Commerce de Bétail, qui témoigne dans le RTLinfo13H, l'avenir est incertain pour les éleveurs : "Clairement, les agriculteurs sont en perte et c'est toute la filière qui est menacée".

Michel Herman, négociant de Comblain-au-Pont, souligne également l'importance des régimes tendances qui sont de plus en plus populaires au près de la population: "En plus, avec ce qu'on dit maintenant, de ne pas manger de la viande, ça c'est pas bon pour le commerce".

Pour parvenir au 5,50 euros nécessaires à la rentabilité de l'activité, la Fédération du Commerce de Bétail table sur une hausse de la consommation locale et des exportations.

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