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RTL INFO a enquêté sur ces marques qui jouent sur le "Made in Belgium", mais dont les vêtements sont fabriqués au Bangladesh

Les créateurs de mode sont de plus en plus nombreux à jouer sur l'identité belge. Mais ce "made in Belgium" l'est-il vraiment ? RTL INFO a mené l'enquête. Il est possible de produire du textile 100 % belge mais il faut mettre le prix.

A première vue, tous ces vêtements semblent bien Belges. Les logos jouent sur l’identité nationale : la Belgique sous toutes ses formes.


Mais à y regarder de plus près, la Belgitude n’est qu’une surface. Aucun de ces vêtements n’a été fabriqué chez nous. Une marque les produit en Europe (au Portugal, ndlr), les autres le font toutes au Bangladesh.

La marque de vêtements "La vie est belge" joue également sur l’identité belge. "Il y a quelques années, on voulait utiliser l’ADN et la propriété de la Belgique pour le faire vivre à travers des vêtements", explique Denis Van Praet, le propriétaire.

Mais ces vêtements sont fabriqués au Bangladesh. L’explication de la marque : c’est aujourd'hui impossible de le faire en Belgique. "Les impressions, les assemblages, la manutention… Tout est fait ici au départ de mon atelier à Braine-l'Alleud, donc on paye une TVA en Belgique, on paye nos charges sociales en Belgique. C’est vrai que pour le coton, malheureusement, aujourd'hui, le circuit ne le permet pas encore", estime le patron.

On parle d’un mensonge, finalement, vis-à-vis des consommateurs et des consommatrices

Tout est une question de transparence et d’éthique. Sur le site internet de cette marque, il n’y a aucune mention du Bangladesh. Cela dérange certaines associations.

"Il y a un problème d’éthique"  

"Il y a un problème d’éthique, parfaitement. On parle d’un mensonge, finalement, vis-à-vis des consommateurs et des consommatrices. Mais ce qui nous inquiète davantage, c’est, est-ce que ces marques se préoccupent des conditions de travail dans lesquelles les vêtements qu’elles vendent sont produites ?", se demande Sanna Abdessalem, coordinatrice de l’asbl ACHACT.

On voulait trouver une alternative qui soit à la fois durable, écoresponsable et abordable

Elles affirment que oui, grâce notamment à des labels qui garantissent des conditions de travail éthiques. Belgity, une autre jeune marque, produit également au Bangladesh depuis 1 an.

Pour Maximilien Reginster, le co-fondateur, c’est presque une fatalité : "On a essayé de trouver des partenaires belges, pour la confection du textile. C’est possible, mais alors ça doit être fait à la main, sur mesure, et à des tarifs beaucoup plus chers. Et nous, notre volonté n’était pas de faire du "à la main", car on n’a pas les compétences en tant que telles, et qu’on voulait trouver une alternative qui soit à la fois durable, écoresponsable et abordable".

Le Bangladesh, deuxième pays exportateur de vêtements au monde

Toutes les grandes marques fabriquent leurs vêtements au Bangladesh. Il s’agit du deuxième pays exportateur de vêtements au monde, derrière la Chine. Le textile représente 80% des exportations et pèse 257 milliards dans son économie. 4 millions de personnes travaillent dans 4.500 usines, 10 heures par jour et 6 jours par semaine, pour un salaire moyen… de 80€ par mois.



Soyez responsables et faites des achats éthiques

"C’est dangereux. Mais au moins ces personnes ont un emploi. Elles n’ont pas d’autre choix. C’est un environnement précaire. C’est important de dire que certaines entreprises montrent la bonne voie quand même. Mais soyez responsables et faites des achats éthiques", réagit Mahmuda Sultana, Responsable de programmes justice de genre chez Oxfam Bangladesh.

Le prix à payer

Dans la boutique de la marque Bostem, à Bruxelles, les couturières de la marque Bostem, en Belgique, gagnent en moyenne entre 1.800 et 1.900 euros par mois. Cet atelier sert à des petits créateurs comme Marie Herlin, designer textile.

Humainement, pour moi, c’était une priorité

"Nous on réside en Belgique, et je trouve que c’est bien de faire travailler des travailleurs belges, des entreprises. Et puis ça nous permet d’avoir un suivi beaucoup plus rapide et efficace et de rentrer en contact aussi avec les gens directement. Humainement, pour moi, c’était une priorité"

Mais la conséquence de produire en Belgique, c’est le prix. Comptez 320 euros pour cette combinaison et 410 euros pour cette veste qui ont une étiquette Made In Belgium. C’est le prix à payer pour s’assurer une production éthique et responsable.


 

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