10 ans de prison pour les parents tortionnaires d’Erezée

Le tribunal correctionnel de Marche-en-Famenne, en condamnant, mercredi, les parents qui se sont rendus coupables de nombreux actes de maltraitances sur leurs enfants à Erezée à 10 ans de prison, ainsi que le frère du père et sa compagne respectivement à 6 ans de prison et 4 mois avec sursis, a, par le même jugement, écarté les demandes de devoirs complémentaires émanant de la défense. Lors des plaidoiries, des interrogations avaient été formulées sur l'attitude des services sociaux et de la justice alors que des faits avaient été dénoncés, dans l'entourage scolaire des enfants, depuis parfois plusieurs années. "Ça permettra aussi à certains de réfléchir, on est dans un contexte de maltraitance d’enfants. Le tribunal correctionnel de Marche-en-Famenne avertit la société en disant, celui qui commet des faits de ce type-là, il risque de se trouver en prison", a expliqué Sébastien Maquel, avocat des quatre enfants.

"C’est une peine qui est très lourde"

Les avocats des parents, eux, trouvent que la peine est très lourde. "C’est une peine qui est très lourde, compte tenu de ce que, à l’audience, monsieur avait déposé plusieurs pièces attestant clairement qu’il s’excusait et qu’il avait véritablement des regrets", a déclaré Jacqueline Petite, avocate du père des enfants. Mais son de cloche du côté de l'avocat de la mère. "Elle se rend bien compte en tout cas qu’elle a détruit sa famille avec cette histoire-là et elle le regrette", a indiqué Julien Docquier. Notons toutfois que a mère était en récidive et avait déjà été condamnée pour des faits similaires.

Mal nourris, battus, décharges de tapette à mouche électrique,...

Sur une période de 10 ans, les parents se sont rendus coupables de traitements inhumains et dégradants envers leurs quatre enfants encore tous mineurs aujourd'hui. Les enfants étaient mal nourris, régulièrement battus, recevaient des décharges de tapette à mouche électrique, étaient attachés, contraints d'avaler leurs excréments ou étaient enfermés dans une valise. "Il est difficile de faire pire", avait commenté un représentant du ministère public.

Le tribunal a estimé que les dires des enfants étaient crédibles
 
L'avocat du frère du père et oncle des enfants, Me Renaud Duquesne, tout en s'interrogeant sur le fait que rien n'avait mis fin aux violences avant l'arrestation des parents en octobre dernier, avait ainsi demandé des devoirs pour examiner si les propos des enfants étaient fiables à l'égard de son client. Le tribunal a estimé que les dires des enfants étaient crédibles.      

De nouvelles auditions n'étaient pas utiles à la manifestation de la vérité

En ce qui concerne l'audition éventuelle des services d'aides ou la vérification du traitement qui avait été fait par rapport aux faits dénoncés, le tribunal constate que les prévenus ont eu l'occasion de demander des devoirs plus tôt dans la procédure. Le jugement retient également que le ministère public est supposé avoir travaillé loyalement. Enfin le tribunal estime que de nouvelles auditions n'étaient pas utiles à la manifestation de la vérité et auraient eu pour conséquence de ralentir la procédure.     

Etablir ce qui ne se serait pas déroulé correctement dans cette affaire afin d'en tirer les leçons

Le jugement ne fait cependant pas mention d'un élément nouveau survenu alors que l'affaire avait déjà été prise en délibéré par le tribunal. La procureur du roi de Marche-en-Famenne, Elisabeth Dessoy, annonçait en effet, voici une dizaine de jours, que le parquet général de Liège avait demandé à celui de Marche-en-Famenne un rapport sur le déroulement de l'enquête, et ce en vue d'établir ce qui ne se serait pas déroulé correctement dans cette affaire afin d'en tirer les leçons.