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Attentat déjoué lors d'une conférence en France: un diplomate et 3 autres prévenus condamnés en Belgique

Le tribunal correctionnel d'Anvers a condamné jeudi un diplomate iranien, Assadollah A., à 20 ans de prison pour terrorisme. Deux autres prévenus, Nasimeh N. et Amir S., écopent de peines allant de 15 à 18 ans alors qu'un quatrième prévenu, Mehrdad A., est condamné à 17 ans de prison. Ils étaient poursuivis pour un projet d'attentat à la bombe contre un rassemblement de l'opposition iranienne en France en 2018. Les prévenus sont également déchus de leur nationalité belge.

Les condamnations sont conformes à ce que le parquet fédéral avait requis. Nasimeh N. et Amir S., un couple de Belges d'origine iranienne vivant à Wilrijk, près d'Anvers, avaient été interpellés à Woluwe-Saint-Pierre le 30 juin 2018 avec 500 grammes d'explosifs et un détonateur dans leur voiture. Les deux trentenaires se rendaient à une conférence des Moudjahidines du peuple (MEK) à Villepinte, près de Paris. Près de 25.000 personnes y étaient attendues, dont la femme politique franco-colombienne Ingrid Betancourt, l'ancien candidat présidentiel américain Newt Gingrich et Rudy Giuliani, ancien maire de New York.

Le quatrième inculpé, Merhad A., présenté comme un intermédiaire du diplomate, était au courant du projet terroriste et présent à la conférence des MEK. Le couple aurait reçu les explosifs d'Assadollah A., un diplomate à l'ambassade d'Iran en Autriche au moment des faits, présenté comme le cerveau et coordinateur de ce projet et considéré par la France comme téléguidé par le ministère iranien du Renseignement, ce que Téhéran avait vivement démenti.

Durant le procès, la défense de ce dernier avait estimé que la justice anversoise n'était pas compétente pour juger le diplomate, étant donné l'immunité diplomatique dont il jouit, une position également défendue par l'Iran. Le tribunal a estimé que cette immunité ne valait toutefois que pour l'Autriche, où le diplomate était accrédité au moment des faits. En outre, Assadollah A. n'exécutait pas de missions diplomatiques mais dirigeait plutôt un réseau d'informateurs depuis l'ambassade d'Iran à Vienne, réseau auquel appartenaient les trois autres inculpés.

Le tribunal anversois a estimé qu'il était établi que les quatre prévenus appartenaient à un groupe terroriste, logé au sein du département 312 du ministère iranien du Renseignement et de la Sécurité (MOIS). Le tribunal n'est toutefois pas allé jusqu'à qualifier ce ministère de groupe terroriste, faute d'éléments objectifs suffisants. Les avocats des parties civiles ont salué un jugement "courageux" et même "historique". Le parti iranien d'opposition NCRI y voit pour sa part une confirmation claire que le régime iranien est impliqué dans le terrorisme d'Etat. "Il appartient maintenant à l'Union européenne d'envoyer un signal", a déclaré un représentant du NCRI, Farzih Hashemi.

Du côté de la défense, l'avocat de Nasimeh N., Johan Platteau, va conseiller à sa cliente, condamnée à 18 ans de prison, d'interjeter appel contre le jugement prononcé jeudi. La femme d'origine iranienne est également déchue de sa nationalité belge. L'avocat ne cache pas sa déception par rapport à un jugement qui a suivi l'analyse du parquet fédéral dans laquelle Johan Platteau ne croit pas. "Avec ce jugement, il m'est facile de conseiller ma cliente. Je pense que cette affaire sera traitée en appel."

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