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Bruxelles: un policier risque un an de prison pour des violences contre un migrant, il reconnait un "coup de sang"

Le procureur Denis Goeman a requis, vendredi après-midi, devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, une peine d'un an de prison à l'encontre d'un policier prévenu pour avoir porté des coups ou causé des blessures à un migrant de nationalité soudanaise, avec circonstance aggravante de préméditation. Les faits se sont passés en avril à proximité d'un hôtel qui a acceuilli des migrants durant la période de confinement, place Anneessens, dans le centre de Bruxelles. Le policier prévenu pour avoir violenté un migrant soudanais de 18 ans, lors d'une opération visant à contrôler l'interdiction de rassemblement liée à la pandémie de Covid-19, a dit regretter son geste. L'homme, qui travaille au sein des forces de l'ordre depuis 10 ans, a déclaré qu'il avait conscience d'avoir fait une erreur, affirmant qu'il avait eu "un coup de sang".

Le procureur a argumenté que ces faits, commis à l'encontre d'une personne qui n'a à aucun moment insulté les policiers ou été violente, étaient "pour le moins interpellants", même si "la fonction de policier est difficile et demande beaucoup de sang-froid". Il a requis une peine d'un an de prison à l'encontre du policier, qui pourrait bénéficier d'un sursis.

"Il a tenté de faire pression sur lui"

Plusieurs policiers ont procédé à un contrôle musclé aux alentours de la place Anneessens à Bruxelles, où se trouvaient plusieurs migrants et sans-abris qui sont hébergés dans un hôtel proche de là depuis le confinement. Les policiers ont ensuite emmené les migrants dans une camionnette pour les relâcher près du quai de Willebroeck. Un policier est suspecté d'avoir aspergé du gaz dans les yeux d'un jeune migrant soudanais après l'avoir plaqué contre un mur et avoir détruit son GSM avec sa matraque.

Vendredi, le tribunal a également entendu la plaidoirie de Me Alexis Deswaef, qui représente Ali, le jeune homme de 18 ans victime des faits. L'avocat a plaidé une requalification de coups et blessures en traitement inhumain, estimant que le policier a voulu intimider son client. "Il a tenté de faire pression sur lui pour qu'il parte, ce transmigrant qui nous ennuie, et aller le conduire tout près du canal. C'est un peu comme au Moyen-Age, lorsque le soir venu on conduisait les étrangers hors des portes de la ville", a-t-il plaidé.

"Il y avait du mépris pour ce migrant" 

Me Deswaef a également estimé qu'il y avait une double circonstance aggravante car les faits ont été commis par un agent de la force publique envers une personne vulnérable du fait de sa situation sociale. "Il y avait du mépris pour ce migrant, sinon on n'agit pas comme cela", a-t-il affirmé. Du côté de la défense, Me Sven Mary a plaidé une suspension probatoire du prononcé de la condamnation, suggérant au tribunal d'ordonner au policier auteur de l'agression de suivre une formation en gestion de la violence. A titre subsidiaire, il a demandé que son client bénéficie d'un sursis en cas de condamnation à une peine de prison."Mon client regrette amèrement. Mais ce n'est pas un robot, ce n'est pas une machine... Il a eu un 'coup de sang' comme il l'a dit, mais il a ajouté: 'j'ai compris tout de suite que j'avais fait une connerie'", a plaidé Me Mary.

Le prévenu fait actuellement déjà l'objet d'une sanction disciplinaire. Il est suspendu de ses fonctions jusqu'au 22 août prochain. Le jugement sera prononcé le 20 juin prochain. Néanmoins, le président du tribunal a précisé que sa décision pourrait être reportée au 17 juillet, compte tenu du rôle chargé de ses audiences.

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