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Cet homme se trouvait dans l'immeuble de la rue du Dries quand la fusillade a éclaté: "Il y a des policiers qui ont forcé les portes, qui sont entrés chez nous"

Deux ans après la fusillade de la rue du Dries, la vie dans le quartier a repris son cours normal. Mais tous se souviennent de cet après-midi-là. Les tirs, le périmètre de sécurité, les évacuations d'élèves et de bébés confinés dans les crèches et les écoles du quartier. Une opération difficile qui ne s’est achevée que le lendemain matin pour les forces de l’ordre. Arnaud Gabriel et Guillaume Wils sont allés à la rencontre des habitants, de la police et des commerçants pour le RTLinfo 19H.

Il y a près de deux ans, une fusillade éclatait à la rue du Dries à Forest. Lors d’une perquisition, une équipe de police franco-belge tombait sur Salah Abdeslam et deux complices. Dans le quartier, tous se souviennent de cet après-midi hors norme. Pour des questions de sécurité, l’un des témoins souhaite garder l’anonymat. Il se livre pour la toute première fois. Durant plusieurs semaines, il croise sans le savoir les terroristes. Le 15 mars 2016, il est dans l’immeuble de la rue du Dries quand la fusillade éclate. "C’est la peur, on n’a jamais vu de tirs. On a été bloqué pendant une heure, deux heures et après, il y a des policiers qui ont forcé les portes, qui sont entrés chez nous et deux mois après on déménageait", raconte-t-il à notre journaliste Arnaud Gabriel.


"Je me souviens que j’étais avec des amis"

Aujourd’hui, les traces de la fusillade sont toujours bien présentes dans l’immeuble de la rue du Dries. Les vitres de la façade sont toujours cassées et à l’arrière, certains impacts de balles sont toujours visibles. Difficiles donc pour les riverains d’oublier. "Je me souviens que j’étais avec des amis, il était environ 14h ou 14h10 quand j’ai le chef de corps de la zone Midi qui m’appelle en me disant : ‘Voilà, il y a des tirs sur la place Saint-Denis, vraisemblablement d’origine terroriste", se souvient Marc-Jean Ghyssels, bourgmestre de Forest, face à la caméra de Guillaume Wils.

 
Le café de Florin devient le poste de commandement de la police

Le café de Florin a, lui, été investi par le poste de commandement de la police en quelques secondes. Son commerce a littéralement été pris d’assaut par les policiers, le parquet fédéral et les unités spéciales, et ce, jusqu’au lendemain matin. "Ils ont demandé de libérer la place, on a laissé l’espace libre. On est monté et on a laissé à leur disposition l’endroit pour faire le nécessaire", détaille-t-il.

 
"Quand on intervient, on ne sait pas du tout quel est la volonté des auteurs"

Ce fameux mardi, au poste de police de Forest, c’est la commissaire Caroline qui est de garde. Elle arrive sur place très rapidement et c’est elle qui doit gérer le poste de commandement, les effectifs, mettre en place le périmètre de sécurité et organiser les évacuations. "Quand on intervient, on ne sait pas du tout quel est la volonté des auteurs. Est-ce que c’est de prendre la fuite et d’échapper aux forces de l’ordre ou bien est-ce que c’est de prendre en otage d’éventuels citoyens qui sont dans des habitations ou autre ? Donc c’est des décisions qu’il faut prendre, essayer de récolter un maximum d’informations", explique-t-elle.

 
"Maintenant, on sait que ça peut arriver, que ça peut-être chez nous ici devant la porte"

Laurence est la directrice de l’école qui se situe à la rue du Dries. Là aussi, l’après-midi du 15 mars 2016 reste dans tous les esprits. Les élèves et le personnel avaient en effet été confinés dans l’école jusque 20h ce jour-là. "Maintenant, on sait que ça peut arriver, que ça peut-être chez nous ici devant la porte, que ce n’est pas juste un fait comme on peut en voir à la télé, ça peut nous arriver. Je pense que ça reste marqué pour certaines personnes, c’est un moment qui a été difficile à vivre et qui a marqué vraiment leur vie", affirme-t-elle.

 
La cousine de la commissaire Caroline a été blessée dans les attentats de Paris

Pour la commissaire aussi, l’intervention à la rue du Dries est particulière, car rapidement, le nom de Salah Abdeslam est avancé. Les faits prennent alors une toute autre dimension pour Caroline, car sa cousine fait partie des victimes des attentats de Paris. "Elle a été touchée par balle à sept endroits, avec des séquelles au niveau des mains, mais bon elle s’en sort, elle s’en sort même bien, en tout cas physiquement, psychologiquement, c’est encore dur dur je crois. Mais c’est sûr que tout ça a fait que de mon point de vue et d’un niveau personnel, ça a rajouté quelque chose à cette intervention que j’ai sans doute aussi vécue différemment", explique Caroline.

Que ce soir pour les équipes sur le terrain le jour-J ou les habitants du quartier, tous ont été marqués. Près de deux ans plus tard, ils n’espèrent qu’une chose, que cet immeuble revive pour pouvoir enfin tourner la page.

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