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Comment vit Salah Abdeslam en prison? Voici sa cellule, les lettres qu'il écrit, les rituels de nettoyage qu'il a mis en place

Incarcéré à Fleury Mérogis, près de Paris, depuis 20 mois, Salah Abdeslam est soumis à des conditions de surveillance très strictes. Un régime qui bouleverse son état psychique. Le détenu se réfugie dans la prière et les rituels de nettoyage de sa cellule.

En avril 2016, Salah Abdeslam est transféré de Belgique vers Fleury Mérogis au sud de Paris. Il s'agit de la plus grande prison d'Europe. Le détenu est alors placé dans une cellule située au cœur du bâtiment principal. Dès son incarcération, Abdeslam devient le prisonnier le plus surveillé de France. L’homme occupe une cellule de 9 m². La table et le lit sont scellés au sol. La télévision est protégée par une plaque de plexiglas. Aucun objet ne doit lui permettre de se suicider.


Un objectif: "L'amener vivant au procès"

"Tous ses repas lui sont servis chauds, etc., pour ne pas qu'il ait besoin d'objets coupants, tranchants ou qui permettent éventuellement une pendaison", explique Willy Le Devin, journaliste à Libération. Six caméras surveillent en permanence Salah Abdeslam. Des capteurs infrarouges permettent de l’observer dans l’obscurité. Si un panneau installé devant la toilette lui donne un minimum d’intimité, le haut de son corps reste toujours visible. "La seule logique, en fait, est de le maintenir en vie, d'empêcher toute forme de passage à l'acte suicidaire dans la perspective de l'amener vivant au procès", éclaire Marie Cretenot, observatoire international des prisons.


Il peut sortir dans une cour de 20 m²

Les deux cellules voisines à celle d'Abdeslam sont vides. Trois autres pièces lui sont dédiées. "Il y a eu la neutralisation d'une cellule double qui était assez grande qui lui permet d'avoir une salle de sports, décrit Thierry Solere, député français du parti Larem. Par ailleurs, au-dessus de sa cellule, il y a toute une partie qui est grillagée mais qui est extérieure à la prison, qui est une micro-cour privatisée".

Un espace de 20 m² à l’extérieur lui permet de sortir deux fois par jour. Une promenade en solitaire pour éviter de croiser d’autres détenus. "Ce type de terroristes va, au sein d'une maison d'arrêt, devenir une sorte de caïd qui peut intéresser beaucoup de gens qui sont autour de lui, explique Gérard  Chemla, avocat de certaines parties civiles. Et donc il peut tout à fait créer ou recréer un réseau".

L’isolement est aussi sensoriel. La seule fenêtre de sa cellule est recouverte par une plaque de plexiglass afin de l’isoler des bruits extérieurs.


"Il passe son temps à nettoyer, nettoyer, nettoyer sa cellule"

Ces conditions extrêmes influent sur le moral d'Abdeslam. Prostré plusieurs heures par jour, l’homme passe par des moments de forte déprime. "Il est dans une maniaquerie absolue, décrit Willy Le Devin, journaliste à Libération. Il passe son temps à nettoyer, nettoyer, nettoyer sa cellule".

"A partir du moment où on a rien d'autre à faire, on peut avoir des ruminations qui viennent en permanence en tête et qui reviennent tout le temps, donc vous refaites la même chose sur des gestes obsessionnels puisque vous n'avez rien d'autre à faire, explique Michel David, psychiatre français. Vous allez essayer de ritualiser ces rituels qui peuvent manquer puisqu'il n'y a pas le lever du jour, le matin, le soir, etc.".


Il a décidé de ne plus rien dire: "Quel dommage"

Si Salah Abdeslam consulte son dossier lié à la fusillade de la rue du Dries, il refuse toujours de parler aux juges. Pour son ancien avocat, il s’agit d’une stratégie. "On l'a écrasé, on l'a massacré, il ne dira plus rien. Mais quel dommage", considère Frank Berton, ancien avocat de Salah Abdeslam.

En septembre dernier, la ministre française de la Justice décide d’alléger ses conditions de détention. Abdeslam reçoit la visite de sa famille proche, une fois tous les deux mois.


Des journalistes ont eu accès à certaines lettres

Autre contact, des centaines de lettres reçues chaque mois. Un courrier filtré par l’administration pénitentiaire. Abdeslam répond à deux reprises. Dans une lettre adressée à son cousin, son fanatisme religieux semble être resté intact. "Le courrier dont on parle, c'est une trentaine de lignes, explique Boris Thiolay, journaliste à l'Express. Il y a 17 fois la mention "Allah", donc des invocations, des louanges. D'ailleurs, il conclut sa lettre par trois fois la même injonction: "La prière! La prière! La prière!". Ces injonctions sont accompagnées de signalétiques qui représentent des panneaux danger, comme s'il voulait souligner la nécessité absolue de se soumettre à cela".

En prison, Salah Abdeslam lit régulièrement le coran et prie plusieurs fois par jour.

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