Accueil Actu

Gabriel Fodderie, l'un des "Belgium's Most Wanted" devant le tribunal: "Ils continuaient à me frapper, à me frapper... J'ai perdu des dents"

Gabriel Fodderie a comparu sur opposition, lundi, devant la 90e chambre du tribunal correctionnel de Bruxelles, après avoir été arrêté en novembre dernier, immédiatement après le lancement du site Web "Belgium's Most Wanted". Cet homme d'origine congolaise, âgé de 32 ans, était recherché pour répondre d'un meurtre commis en mai 2009. Il avait été arrêté après les faits puis libéré un an plus tard. Il avait fui aux Pays-Bas où il a finalement été interpellé. "J'ai voulu fuir l'univers carcéral", a-t-il dit pour expliquer sa fuite à l'étranger.

"Ça a été l'une des choses les plus stupides de ma vie", a expliqué Gabriel Fodderie concernant sa cavale. "J'ai voulu fuir l'univers carcéral", a-t-il dit, "mais pas le jugement", a-t-il précisé. Gabriel Fodderie avait été arrêté le 24 novembre dernier à Almere, aux Pays-Bas, où il était domicilié depuis plusieurs années. Son nom figurait sur la fameuse liste des "Belgium's most wanted", ces criminels belges présumés poursuivis prioritairement par la police fédérale belge.


"J'étais à terre et j'ai encore reçu des coups de genou dans le visage"

Gabriel Fodderie avait été condamné par défaut, en mars 2014, à une peine de 10 ans de prison pour meurtre avec la circonstance atténuante qu'il avait été provoqué par la victime. Lundi, ses avocats ont plaidé en premier lieu, comme le veut la procédure d'un procès sur opposition. Me Sven Mary et Me Yannick De Vlaeminck ont plaidé la disqualification du meurtre en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. "Au moment des faits, ça faisait déjà un an que monsieur Fodderie ne faisait plus partie des Black Demolition. Il n'est pas allé dans cette boîte de nuit pour en découdre avec des membres de bandes urbaines", a avancé Me Mary. L'avocat a soutenu que son client n'avait pas porté des coups de couteau dans l'intention de tuer mais pour mettre un terme à son passage à tabac. "J'étais à terre et j'ai encore reçu des coups de genou dans le visage. Ils continuaient à me frapper, à me frapper... J'ai perdu des dents", a raconté le prévenu. "Je ne sais pas comment j'ai fait pour me sortir de là", a-t-il dit.


"J'ai ressenti de la colère, certes, mais surtout de la peur. Je ne pouvais plus recevoir un coup de plus"

Le 9 mai 2009, vers 8h00, Gabriel Fodderie, ancien membre de la bande urbaine des Black Demolition, avait été passé à tabac par des membres de la bande des Finest, devant la boîte de nuit Le Privé à Bruxelles. Gabriel Fodderie avait réussi à fuir et à rejoindre sa voiture garée non loin. C'est alors que Luvila Malundama, la victime, qui n'avait pas participé à la bagarre, lui avait donné un coup de poing. Gabriel Fodderie s'était saisi d'un couteau et avait frappé une première fois son agresseur à l'épaule avant de porter un second coup à l'abdomen, fatal à Luvila Malundama. "J'avais un couteau dans ma voiture parce que je m'en étais servi comme outil mais je ne conteste pas m'en être servi comme une arme à ce moment-là", a encore expliqué le prévenu lundi. "J'ai ressenti de la colère, certes, mais surtout de la peur. Je ne pouvais plus recevoir un coup de plus", a-t-il dit.


Remords et regrets sincères

Ses conseils ont encore insisté sur le rapport de l'expert psychologue, qui avait estimé que Gabriel Fodderie exprimait des remords, des regrets sincères et qu'il ressentait une véritable culpabilité. Ils ont aussi insisté sur le dépassement du délai raisonnable, entre 2009 et 2013, année où le prévenu a fui. Celui-ci avait été libéré en 2010, sans conditions, par la chambre des mises en accusation, et s'était présenté jusqu'en 2013 à toutes ses convocations de justice, ont-ils rappelé.


Décrit comme Docteur Jekyll et Mister Hyde

De son côté, la partie civile, Me David Ribant, a soutenu que l'intention homicide ne faisait aucun doute. Quant au ministère public, représenté par Denis Goeman, il a également requis à nouveau la culpabilité pour meurtre avec excuse de provocation à l'encontre du prévenu, mais une condamnation à une peine moindre, soit 6 ans de prison. "Peu importe que le prévenu et la victime aient ou non fait partie de bandes urbaines. Cela ne change rien à l'intention homicide. Le prévenu l'a dit lui-même: il était animé par la colère", s'est exprimé le procureur, rappelant les antécédents judiciaires de Gabriel Fodderie et le décrivant comme Docteur Jekyll et Mister Hyde. Le jugement sera prononcé le 29 juin prochain à 10h30.

À la une

Sélectionné pour vous