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Gaëlle Buisseret jugée pour le meurtre de son compagnon: les médecins légistes livrent leurs élements

Le procès de Gaëlle Buisseret a débuté ce jeudi aux assises de Mons. La jeune femme est accusée du meurtre de son mari. Elle s'est exprimée ce matin à l'audience. Le couple vivait une relation houleuse. Dans la suite du procès ce jeudi, les auditions des enfants ont été diffusées, avant d'entendre les explications des médecins légistes.

Steve Depla a perdu conscience en moins de cinq minutes (médecins légistes)

La cour d'assises du Hainaut a auditionné, jeudi, les experts intervenus sur la scène du crime qui s'est déroulée le 29 janvier 2018 sur la Place de la Chapelle-aux-Puits à Trivières. Si la juge d'instruction a déclaré que Gaëlle Buisseret, accusée de meurtre, avait eu assez de temps pour maquiller la scène de crime, les médecins légistes estiment que Steve Depla a perdu connaissance en moins de cinq minutes.

Le crime s'est produit vers 20hOO puisque, à 20h01, l'ancien compagnon de l'accusé a appelé les secours depuis son domicile en Flandre. Il a signalé aux services de secours de Bruges qu'il venait d'avoir eu son fils en ligne et que ce dernier lui avait raconté que sa maman se battait avec son compagnon, Steve Depla. Le papa a entendu des cris. A 20h04, Gaëlle a tenté d'appeler les secours à Mons mais elle a raccroché. Les secours l'ont rappelée à 20h07. A ce moment-là, Steve a déjà été frappé d'un coup de couteau car elle est en face de chez elle, essayant de lui porter secours en appuyant sur la plaie. Steve est alors inconscient. La police arrivera à 20h17, suivie par l'ambulance puis le SMUR.

Le juge d'instruction estime que l'accusée a eu le temps de maquiller la scène de crime et de briefer ses enfants, témoins directs de la scène. Elle a aussi eu le temps de jeter le couteau dans un avaloir, à plus de trente mètres de son domicile. Selon les ambulanciers, Steve pouvait encore bouger les membres mais il était incapable de s'exprimer. Emmené aux urgences, il est mort à 21h15.

Gaëlle Buisseret déclare que son compagnon a été tué par un tiers en face de chez elle. Les policiers la croient jusqu'au moment où un agent de la zone de police découvre une tâche de sang frais près de la porte de la cuisine. La vitre du milieu a été brisée. Selon Gaëlle, elle a été brisée la veille, les morceaux de verre ont été repoussés contre le mur de la cuisine.

Jeudi, les médecins légistes ont déclaré qu'ils avaient relevé des plaies sur la main droite de Steve, ce qui peut correspondre au bris d'une vitre. Les plaies sont récentes. Les policiers relèvent plusieurs traces de sang entre la porte d'entrée et la cuisine. Dehors, le frère de Gaëlle débarque et dit à un policier : "elle l'a fait!". Il raconte que sa soeur l'avait aussi menacé avec un couteau, précédemment. Les soupçons se portent alors sur Gaëlle Buisseret.

Les auditions des enfants diffusées au tribunal

La cour d'assises du Hainaut a pris la décision, jeudi après-midi, d'écouter les auditions vidéofilmées des enfants de Gaëlle Buisseret, à huis clos. Les deux mineurs étaient présents dans la maison quand une dispute a éclaté entre leur maman et Steve Depla, frappé d'un coup de couteau dans le thorax, le 29 janvier 2018, après 20h00.

Les enfants sont les principaux témoins des faits et leurs déclarations ont varié au cours de l'enquête. Au début, ils semblaient avoir récité la leçon apprise par leur maman, laquelle est finalement en aveux d'avoir porté le coup de couteau mortel, mais sans intention de donner la mort, dans la maison.

Le fils, âgé de dix ans était en ligne avec son papa qui vit à Bruges, au moment de la dispute. C'était avant 20h01 car c'est à cette heure-là que le père a appelé les secours en Flandre pour leur signaler qu'une dispute était en cours chez son ex-compagne.

Les services de secours flamands ont avisé leurs homologues francophones, dix minutes plus tard. Entretemps, Gaëlle Buisseret avait déjà contacté les secours. Le père des enfants a déclaré qu'il avait entendu que quelqu'un frappait fort à la porte d'entrée alors que, en matinée, jeudi, l'accusée a déclaré que Steve était entré chez elle sans frapper.

Le papa des enfants dit aussi avoir entendu son ex-compagne crier, à deux reprises, "tu vas sortir de chez moi". Et puis la communication a été coupée. Les enfants ont été auditionnés dans la foulée du crime par des policiers spécialisés dans l'audition des mineurs, à la demande du juge d'instruction.

Gaëlle Buisseret conteste avoir voulu tuer Steve Depla

Le président de la cour d'assises du Hainaut, Jean-François Jonckheere, a interrogé jeudi matin Gaëlle Buisseret. La jeune femme a porté un coup de couteau dans la poitrine de son compagnon, mort une heure plus tard à l'hôpital.

Plus tôt dans la journée, la défense avait annoncé la couleur, Gaëlle Buisseret recevait des coups "et ce n'était pas la première fois", quand elle a porté le coup de couteau fatal. Les questions de légitime défense et de provocation seront posées durant le procès. "Il y aura des choses à dire", a déclaré Me Guttadauria, avocat de la défense.

Interrogée par le président de la cour d'assises, l'accusée a déclaré qu'elle avait bien porté le coup de couteau qui a tué Steve Depla lors d'une dispute mais qu'elle n'avait pas eu l'intention de le tuer. "Steve m'a attrapé par les cheveux, il m'a poussée contre le chambranle, il m'a tirée vers le salon avec sa main droite. Il m'a giflé avec sa main gauche et j'ai porté des coups", dit celle qui avait 1,59 gramme d'alcool par litre de sang au moment des faits.

"Des coups", lui a demandé le président. Le fils de l'accusée, témoin des faits, a parlé de deux coups de couteau, dont le premier n'a pas pénétré la poitrine. Le second coup a été porté dans le torse, à gauche du sternum, dans la zone du cœur. "Je ne savais pas où je portais le coup", dit celle qui, selon les médecins légistes, a menti sur la trajectoire de la lame.

Alors que Steve quittait la maison, blessé, et qu'il s'est écroulé sur le trottoir, elle est allée jeter l'arme du crime dans un avaloir, à plus de trente mètres de son domicile. "C'était stupide", dit-elle. "C'était de la panique ou du sang-froid?", demande le président. Elle répond que c'était la panique.

Il m'insultait de pute, il disait que j'écartais mes jambes facilement

Plus tôt dans la soirée, le couple s'était disputé chez un ami. "Il m'insultait de pute, il disait que j'écartais mes jambes facilement. Je lui ai dit de se calmer, il m'a craché au visage et je lui ai donné une gifle". Elle est ensuite rentré chez elle où elle a fait manger ses enfants, témoins du crime. "J'étais en train de couper la pizza quand Steve est entré chez moi, sans frapper. Je lui ai dit de sortir de chez moi, plusieurs fois. Il s'est lancé vers moi et s'est mis à m'insulter. Il voulait sa carte d'identité et ses affaires contenues dans un sac en plastique. Il était énervé", dit celle qui prétend que Steve l'a tirée par les cheveux vers une autre pièce de la maison.

L'accusation doute de cette version car aucun cheveu n'aurait été retrouvé dans la main de la victime, si sur la scène de crime. Il y avait juste un poil, a déclaré l'avocat général. Le procès se poursuit avec l'audition du juge d'instruction et des enquêteurs. Les médecins légistes seront auditionnés en fin de journée.

L'avocat de l'accusée soutient la présence de violences

"Elle a été victime de violences conjugales notamment de la part de la victime. C'est arrivé une fois. En dehors de ça, il y avait de la violence verbale et surtout il y a eu de la violence le jour des faits et au moment où la scène se déroule. C'est ça qui est important de retenir", indique Fabrice Guttadauria, avocat de Gaëlle Buisseret. 

"Crève". Voici ce qu'elle a déjà dit à son compagnon devant des proches. "Ce ne sont que des mots", justifie-t-elle aujourd'hui. Pour les parties civiles, la violence allait dans les deux sens. Le couple était instable : une relation de six mois sur fond d'alcool et de cannabis.

Elle n'était pas une femme battue

"Aujourd'hui, à 11h, elle a dû confirmer qu'il n'y avait que des mensonges, qu'elle n'était pas victime, qu'elle n'était pas une femme battue et qu' elle a vraiment tué monsieur Steve Depla, le fils de ma cliente. Il n'y a pas d'excuse à donner", assure Dimitri Vantomme, avocat des parties civiles. 

Rappel des faits

Le 29 janvier 2018, peu après 20h, la police a été appelée à intervenir sur la place de la Chapelle-aux-Puits à Trivières où un homme était blessé après avoir reçu un coup de couteau. Steve Depla est mort, une heure plus tard, au sein de l'hôpital de Jolimont. Gaëlle Buisseret, sa compagne, a tenté de faire croire que le coup avait été porté par un inconnu mais un policier avait retrouvé une goutte de sang frais dans l'habitation.

Ils ont ensuite appris que, durant la soirée, une énième dispute avait éclaté dans ce couple qui consommait drogue et alcool. Gaëlle Buisseret a été inculpée de meurtre et placée sous mandat d'arrêt le 31 janvier 2018. Elle a bénéficié d'un bracelet électronique le 13 décembre 2018 et remise en liberté le 27 juin dernier.

Lundi, elle a été privée de liberté par le ministère public qui a ordonné la mise à exécution de la prise de corps. Mardi, la chambre des mises en accusation lui a octroyé un bracelet électronique. Cependant, Gaëlle Buisseret a comparu détenue, jeudi.

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