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Coupable de meurtre, Sandrine De Hollander écope de 20 ans de prison: "Sa jeunesse a forgé une personnalité déstructurée, fissurée et fragile"

La cour d'assises du Hainaut a prononcé, jeudi, une peine de 20 ans de réclusion criminelle contre Sandrine De Hollander (42 ans), coupable d'avoir commis un meurtre à Tournai le 21 août 2016, dans le but de faciliter un vol ou d'en assurer l'impunité. La cour a retenu plusieurs circonstances atténuantes mais aussi l'extrême gravité des faits et un début d'amendement chez la Mouscronnoise, qui avait des antécédents judiciaires.

Dans son arrêt, la cour a retenu des circonstances atténuantes en faveur de la condamnée. Son enfance d'abord. Sandrine De Hollander fut confinée dans un rôle de substitution de sa soeur tragiquement décédée à l'âge de 6 ans, neuf mois avant sa naissance. La cour a aussi pris en compte les carences affectives dont a souffert Sandrine, fille d'un papa alcoolique et violent et d'une mère qui s'intéressait peu à elle. Quant à son beau-père, il a abusé d'elle lorsqu'elle a eu 15 ans et l'a mise enceinte. Sandrine a été obligée d'avorter dans un hôpital néerlandais. "Sa jeunesse a forgé une personnalité déstructurée, fissurée et fragile", soulignent les juges.

"L'enquête de moralité révèle que son enfance et son adolescence n'ont pas été la mélodie du bonheur. Elle a toujours été identifiée à sa petite soeur décédée, ce qui n'est pas optimal pour son épanouissement, d'autant que son papa était alcoolique", a lancé  Ingrid Godart, avocat général.

Dans la balance, les juges ont aussi mis l'extrême gravité des faits, la motivation vénale de la condamnée, sa détermination pour obtenir de maigres moyens afin d'assouvir sa consommation de drogues, la souffrance infligée à la victime et à ses proches mais aussi un début d'amendement dans son chef.


Quelques années d'éclaircies avant de plonger

Entre 1996 et 2003, Sandrine De Hollander avait rencontré un peu de bonheur dans sa vie. Elle s'était mariée, a eu deux enfants et tenait un commerce. Enceinte d'un troisième enfant, son mari lui a demandé d'avorter car il avait déjà eu deux autres enfants avant ceux qu'il a eus avec Sandrine. Son passé a ressurgi. "Quand on entend son ex-mari et sa fille, laquelle est d'une maturité extraordinaire à 20 ans, on se dit que c'est un incroyable gâchis. Néanmoins, il faudra lui reconnaître des circonstances atténuantes", a admis l'avocate générale.

A partir de ce moment-là, elle a basculé dans la délinquance et la toxicomanie, partageant sa vie avec des gens peu recommandables, violents et toxicomanes. Au moment des faits, elle vivait à Tournai avec Steve S. Le couple consommait de la cocaïne à outrance, qu'il finançait par des vols.


Elle poignarde à onze reprises un homme

Le 21 août 2016, Sandrine s'est rendue chez Alain Broutin à la rue des Augustins à Tournai. Elle lui a proposé une relation sexuelle tarifée mais il n'avait pas les moyens de la payer. Sandrine De Hollander s'est alors saisie de la tablette "en dédommagement". Alain a alors tenté de conserver son bien mais elle l'a frappé avec avec un couteau, pris dans un tiroir, à onze reprises au moins. Un coup porté au coeur fut fatal.

L'ADN de l'accusée a été retrouvé sur la lame et le manche du couteau retrouvé sur le carrelage ensanglanté de l'appartement. Elle avait laissé trop d'indices. Elle a été interpellée et placée sous mandat d'arrêt en octobre 2016. Outre la tablette, elle avait aussi emporté une télévision que son compagnon a échangé contre trois grammes de cocaïne.

Steve S. est inculpé de recel, il sera jugé par le tribunal correctionnel de Tournai.

Le mensonge a toujours accompagné la meurtrière

Sandrine De Hollander a des traits antisociaux mais n'est pas psychopathe, a-t-elle ajouté. "Selon l'expert psychiatre, elle peut présenter un risque de passage à l'acte limité, vu sa personnalité fragile et influençable." L'avocate générale a vu une amorce d'amendement lors du procès, ce qui constitue aussi une circonstance atténuante à son estime. Elle a toutefois demandé aux jurés de ne pas descendre sous une peine de 22 ans de réclusion criminelle. La défense a plaidé une peine inférieure à celle demandée par l'avocat général.

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