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Procès à Nivelles: une enseignante jugée pour la noyade d'un enfant de 4 ans à la piscine d'Ottignies

Le tribunal correctionnel du Brabant wallon a examiné durant une audience entière, mardi, le dossier de la noyade d'un enfant de quatre ans et demi survenue dans une piscine d'Ottignies le 23 octobre 2019. Il était présent avec sa classe de 2e maternelle de l'école communale de Grez-Doiceau, pour des cours de natation. La victime a survécu, grâce aux gestes de premiers secours posés par un maître-nageur, après s'être retrouvée en détresse dans l'eau durant six minutes sans qu'aucun adulte ne le remarque.

Une peine de six mois de prison avec sursis a été requise à l'encontre d'une enseignante chargée de surveiller les élèves depuis le bord du bassin, mais qui s'était absentée pour téléphoner. Il s'agit de la peine maximale prévue pour la prévention retenue, à savoir coups et blessures involontaires par défaut de prévoyance ou de précaution. Deux autres adultes, des accompagnantes de l'école communale, se trouvaient au bord du bassin au moment du drame mais elles étaient en conversation entre elles puis avec l'enseignante, et n'ont rien remarqué non plus. Contre elle, des peines de quatre mois de prison avec sursis ont été requises.

Le tribunal, en début d'audience, a visionné les images de vidéosurveillance de la piscine. On y voit le déroulement complet de cet accident. Le maître-nageur organise un exercice au cours duquel les enfants, par deux, doivent traverser la largeur de la piscine sur le dos avec l'assistance d'une "frite" flottante. Il les accompagne jusqu'au milieu du parcours puis, lorsque les deux enfants en action arrivent à proximité du bord, il lance les deux suivants. Le maître-nageur avait le dos tourné lorsque la jeune victime, arrivant au bord, a été déséquilibrée et a laissé échapper sa frite, se retrouvant alors en difficulté dans l'eau. Poursuivant l'exercice avec les autres enfants puis raccompagnant le groupe jusqu'à la douche, le maître nageur n'a pas vu l'enfant qui se noyait.

La situation n'a été découverte qu'à l'arrivée d'un nouveau groupe, six minutes plus tard. C'est le maître-nageur qui a posé les gestes de réanimation qui ont permis à l'enfant de survivre.

"6 minutes et demi, c'est très long..."

Le ministère public estime que la responsabilité de ce professionnel, qui travaillait dans l'eau avec les enfants et ne disposait pas d'une vue globale sur le bassin, est moindre. Il pourrait bénéficier d'une suspension du prononcé. La directrice de l'école communale était également poursuivie pour n'avoir pas respecté une circulaire exigeant qu'une personne accompagnant le groupe soit titulaire d'un brevet de sauvetage. Trois mois avec sursis ont été requis à son encontre. L'ensemble des prévenus, émus au moment de s'expliquer, se sont dits désolés de ce qui s'est passé. La victime a survécu après avoir passé plusieurs jours en soins intensifs, mais reste psychologiquement très marquée, comme en témoigne Vanessa, la maman du petit Axel, qui a accepté de s'exprimer au micro de RTL INFO, pour que ce genre de faits ne se reproduisent plus.

"6 minutes et demi, c'est très long... Alors on imagine 6 minutes et demi pendant lesquelles mon fils a surement voulu de l'aide et pendant lesquelles il n'a vu personne. Il a eu peur, il a angoissé, suffoqué et personne ne l'a aidé. Des regrets, c'est trop tard. C'est à ce moment-là qu'il fallait agir, c'est à ce moment-là qu'il fallait tout simplement faire ce pourquoi ils étaient payés, tout simplement. Je trouve que c'est un peu trop facile en fait d'émettre des regrets, surtout que bon ben OK, elles sont suivies, médicamentées. Mais moi j'ai un petit garçon qui se bat tout seul, sans médicament, et qui doit essayer de se débrouiller comme un grand alors que les grands se défilent". 

Le jugement sera rendu le 27 octobre.

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