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Procès Charlie Hebdo: mais où est Hayat Boumeddiene, l'épouse d'Amédy Coulibaly?

"Où est" Hayat Boumeddiene ? La question a resurgi avec insistance vendredi au procès des attentats de janvier 2015, les proches de la compagne d'Amédy Coulibaly ayant assuré avoir eu des contacts téléphoniques avec la jeune femme il y a moins d'un an.

Sa sœur aînée, puis une amie d'enfance ont tour à tour affirmé devant la cour d'assises spéciale de Paris avoir chacune eu un signe de vie récent d'Hayat Boumeddiene, en "octobre 2019" pour la première, "octobre ou novembre 2019" pour la seconde.

Ces déclarations viennent accréditer le témoignage d'une Française rentrée de Syrie, Sonia M., qui a affirmé à la justice française l'avoir vue en octobre 2019 dans l'immense camp de réfugiés syrien d'Al-Hol, dont elle se serait échappée.

Elle est où votre sœur au jour d'aujourd'hui?

Hayat Boumeddiene, qui avait quitté la France quelques jours avant les attaques contre Charlie Hebdo, une policière à Montrouge et l'Hyper Cacher, avait été donné pour morte en mars 2019 par l'épouse du jihadiste Jean-Michel Clain.

Depuis janvier 2015, sa sœur aînée l'a eue "à peu près sept fois" au téléphone. "Les deux premières années, elle m'a contactée deux fois par an. Ensuite, c'était une fois par an. La dernière fois remonte à octobre 2019", a déclaré cette femme de 40 ans, entendue comme témoin.

A chaque fois, "c'est une discussion pour prendre des nouvelles, donner des nouvelles. Ça reste des discussions simples, cordiales", assure la sœur de l'accusée, cheveux au carré dénoués sur les épaules et tunique rouge, disant ne pas disposer de plus amples informations.

"Je vous sens un peu contrainte, un peu limitée dans vos déclarations (...) Est-ce que vous nous dites tout ce que vous avez à nous dire?", la presse l'avocate générale, Julie Holveck. "Elle est où votre sœur au jour d'aujourd'hui?", rebondit la cour. "Je ne sais pas. Elle ne me l'a pas dit", répète l'aînée des Boumeddiene, qui dit faire "le maximum pour éclairer la justice".

Ces attentats ont été des actes barbares, douloureux

Figure clé du jihadisme féminin et grande absente de ce procès historique, Hayat Boumeddiene, est jugée, aux côtés de 13 autres accusés, depuis mercredi pour son rôle dans les attentats qui avaient fait 17 morts en janvier 2015 et semé l'effroi dans le monde.

Suspectée notamment d'avoir participé à des escroqueries aux véhicules afin de financer les projets terroristes d'Amédy Coulibaly, qu'elle a épousé religieusement en 2008, elle encourt 20 ans de réclusion criminelle et est visée par un mandat d'arrêt international.

"Pour moi comme pour ma famille, ces attentats ont été des actes barbares, douloureux", raconte sa sœur face à la cour, évoquant leur "incompréhension totale" après les événements. "Je n'ai pas vu la menace. Je n'ai pas vu cette radicalisation".

Des discussions souvent hachées

Amie d'enfance d'Hayat Boumeddiene, qu'elle décrit comme sa "sœur adoptive", la témoin qui s'avance à sa suite raconte également sa stupéfaction, assurant que l'accusée n'était à ses yeux pas "radicale". "C'était quelqu'un qui pratiquait sa religion rigoureusement".

Elle aussi a gardé contact avec la jeune femme, qui l'a appelée à plusieurs reprises depuis sa fuite vers la Syrie, juste avant les attentats. Des discussions souvent hachées, où Hayat Boumeddiene semble parfois dans un état d'"euphorie", précise cette amie, vêtue d'un voile noir intégral.

"La dernière fois que vous avez eu de ses nouvelles, c'était quand?", l'interroge le président, tentant d'en savoir plus sur la localisation d'Hayat Boumeddiene.

"Fin 2019", semble hésiter son amie d'enfance, avant de se montrer plus précise: "octobre novembre 2019". "Je lui ai dit, 'tu te rends compte Hayat, il y a des rumeurs qui disent que tu es morte'. Elle m'a dit: 'mais non, tu vois bien'!", explique-t-elle.

Un appel qu'elle confie ne pas avoir rapporté à la police, estimant n'avoir pas à le faire: "Je sais que je suis sur écoute. Donc si elle appelle, eux ils savent".

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