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Procès d'un chef de la mafia italienne: pourquoi est-elle autant présente en Belgique?

Le Tribunal correctionnel de Tongres se penche à partir d'aujourd'hui sur le dossier du chef de la mafia italienne ’Ndrangheta Sebastiano Signati et de dix-neuf de ses complices jugés pour trafic de cocaïne à grande échelle dans notre pays. Un procès qui met en lumière la présence de la mafia italienne en Belgique. Elle y est installée depuis longtemps.

La présence de la mafia italienne en Belgique est très ancienne. Le commissaire divisionnaire François Farcy, patron de la police judiciaire fédérale à Liège et spécialiste des organisations criminelles, explique l'origine de cette présence. "Elle vient s'installer dans la diaspora italienne", dit-il. "Je pense notamment à la dorsale wallonne et à la communauté qui est arrivée pour travailler dans la sidérurgie et dans les mines. Et dans le Limbourg également. On a donc une présence de la mafia italienne en Belgique depuis de nombreuses années, à des niveaux divers."

"Ils se réorganisent très vite"

Comment expliquer alors la persistance de ces organisations depuis autant de temps? "Un de leurs points forts, c'est la pérennisation de leurs activités", explique François Farcy. "Les structures se régénèrent et on a affaire à des structures familiales claniques très structurées. Quand on donne un coup dans la fourmilière, ils se réorganisent très vite." Actuellement, le focus est mis sur le port d'Anvers "mais des filières sont détournées par d'autres ports ou d'autres voies de communication." Selon le patron de la police judiciaire fédérale à Liège, il faut investir dans la gestion de l'information et le traitement de toutes les données. "Pour les suivre et être au plus près possible de l'évolution", dit-il.

La Belgique est une plaque tournante européenne pour les organisations criminelles. Et Anvers joue donc un rôle particulier. "C'est un point attractif et une porte d'entrée à l'Europe", poursuit François Farcy. "La Belgique reste, malheureusement, le point d'entrée premier du trafic de cocaïne. Ça draine donc l'activité de toutes les organisations criminelles qui sont actives dans ce domaine là." Les mafias sont évidemment concernées mais, selon lui, les bandes criminelles de motards également et même les organisations sud-américaines.

Sebastiano Signati, déjà condamné en Italie

Sebastiano Signati, dont le procès ainsi que de 19 complices début ce mercredi, appartient à la ’Ndrangheta, un clan mafieux redouté de Calabre qui est impliqué, entre autres, dans le trafic mondial de cocaïne. Le patron de la mafia avait déjà été condamné en Italie à 26 ans de prison pour, entre autres, avoir importé trois tonnes de cocaïne. Il est en détention provisoire depuis près de six ans et pourrait écoper de 15 ans de prison. Il est le seul des 20 prévenus à se trouver en détention préventive dans cette affaire. Aussi longtemps qu’il restera en détention préventive en Belgique, il ne pourra pas être remis à l’Italie pour y purger sa peine d’emprisonnement.

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