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Procès de la filière djihadiste de Lunel: le parquet requiert jusqu'à neuf ans de prison

(Belga) Les plaidoiries ont débuté mardi après-midi, devant le tribunal correctionnel de Paris, pour le quatrième jour de procès de la filière djihadiste de Lunel, petite ville du sud de la France. Cette localité de 26.000 habitants, située entre Nimes et Montpellier, avait vu une vingtaine de ses jeunes partir faire le djihad en Syrie. Cinq hommes doivent répondre d'association de malfaiteurs terroriste. Le parquet a requis des peines allant de quatre à neuf ans d'emprisonnement.

Les cinq prévenus ont été interpellés à la fin janvier 2015, deux semaines après les attentats de Charlie Hebdo. Pour la procureure toutefois, "il n'existe pas de lien direct entre les deux, ni de conséquence", a-t-elle affirmé dans son réquisitoire mardi après-midi. Deux prévenus sont soupçonnés d'être partis en Syrie: Adil Barki (39 ans) et Ali Abdoumi (47 ans). Le premier a tenté de minimiser son séjour en Syrie, affirmant n'être parti qu'un mois et n'avoir jamais combattu. Les trois autres prévenus - Hamza Mosli, Jawad S. et Saad S. - sont eux restés en France. Mardi, l'audition de Hamza Mosli, qui a perdu ses deux frères en Syrie, a continué. Lundi, il avait admis pour la première fois avoir une responsabilité dans cette filière, lui qui avait toujours nié avoir fait le lien entre Lunel et la Syrie. Le parquet a sollicité une peine d'emprisonnement de neuf ans à son encontre. Un autre prévenu, Jawad S., a lui aussi reconnu son implication lundi. "J'ai tenu des propos proches du salafisme mais pas djihadistes", s'était-il défendu, rapporte France 3. En larmes, il a admis que son discours a peut-être provoqué un effet de groupe pour le départ en Syrie de jeunes de Lunel. Néanmoins, toute de suite après avoir avoué, il a répliqué que ses "propos n'(avaient) influencé personne", précise encore France 3. Ce déni sera souligné par la procureure, qui a ainsi demandé sept années de prison. Le ministère public a également pointé l'ambivalence de Saad S. et le "peu de crédibilité" des propos d'Adil Barki. Il a dès lors requis respectivement quatre ans (dont deux avec sursis) et six ans d'emprisonnement à leur encontre. Quant à Ali Abdoumi, qui niait toujours s'être rendu en Syrie, la procureure a estimé qu'il existait des preuves de son séjour et a plaidé pour huit années de détention. La petite ville de Lunel avait fait face à une vague de départs entre 2013 et 2014, l'une des plus importantes en France. Ils avaient d'abord rejoint le Jaysh Mohamed ("l'armée de Mahomet"), un groupe armé proche du Front Al-Nosra, alors allié à Al-Qaïda. Ils avaient ensuite intégré l'organisation Etat islamique (EI). La plupart de ces jeunes nourris de propagande étaient amis de longue date et fréquentaient ensemble la mosquée de la ville, des réunions sur la religion ou le snack "Le Bahut" tenu par Abdelkarim, le premier à avoir pris la route du djihad. Quinze d'entre eux ne sont jamais rentrés au pays et font l'objet de mandats d'arrêt. Huit sont présumés morts. Le dernier jour du procès se tiendra demain/mercredi. (Belga)

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