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Procès exorcisme: "C'est incroyable, on n'a jamais vu ça dans un procès"

Aux assises de Bruxelles, le procès des six personnes accusées d’avoir commis un exorcisme qui s’est soldé par la mort de Latifa Hachmi touche à sa fin.

Mercredi a eu lieu le réquisitoire de l’avocat général, un récit impitoyable de ce que les accusés ont fait subir à Latifa Hachmi pendant plusieurs jours en 2004. La jeune femme de 23 ans était prétendument possédée par un mauvais génie, comme le considère la foi islamiste, qui l’empêchait d’avoir un enfant. L’ensemble des accusés a participé à plusieurs séances de désenvoûtement, qui se sont soldées par son décès.

Les six accusés

Deux exorcistes, Abdelkrim Aznagui (60 ans) et Xavier Meert (34 ans) étaient intervenus, ainsi que son mari, Mourad Mazouj (34 ans) et trois "guérisseuses", Jamila Zian (44 ans), Fatima Zekhnini (41 ans) et Hayate Saif Nasr (30 ans). Tous les six doivent répondre de tortures infligées à Latifa Hachmi qui ont provoqué sa mort le 5 août 2004 sans intention de la donner.

Un tragique accident

La défense a quant à elle utilisé le registre de l’émotion, à l’image de la plaidoirie de l’avocate du mari de Latifa : "J’ai le sentiment que les accusés ne voulaient pas de mal à la victime. C’est incroyable, on n’a jamais vu ça dans un procès".

Dans le même ordre d’idée, le couple a été décrit comme "très amoureux" tandis que la jeune femme semblait littéralement obsédée par l’envie d’avoir un enfant. Au point de se soumettre à un exorcisme extrême, aux conséquences funestes.

"Elle n'allait pas bien"

Me Antoine Chomé a expliqué ne pas admettre qu'on considère que Latifa Hachmi n'avait aucun problème. "Elle n'allait pas bien et ça c'est une réalité", a-t-il soutenu. "Il est clair qu'elle n'avait plus la maîtrise de sa vie et qu'elle était un cas d'urgence psychiatrique. De plus, lorsqu'elle était à Bordeaux en juin 2004 avec son mari, après avoir déjà subi quelques séances de Roqya, elle a demandé à revenir. Pourquoi aurait-elle voulu revenir vers ses bourreaux? ", s'est encore interrogé l'avocat.

Meurtre par omission

Me Hirsch, avocate de la partie civile, avait estimé mardi que les personnes présentes auprès de Latifa Hachmi les 4 et 5 août 2004, c'est-à-dire cinq des six accusés, étaient coupables de meurtre par omission. "L'homicide vient du fait qu'ils ont choisi de ne pas appeler les secours alors que Latifa était inconsciente depuis des heures", a plaidé l'avocate. "Ils ont eu peur. Il y avait les bleus sur le corps de Latifa qui trahissaient les tortures qu'ils lui avaient fait subir", a-t-elle ajouté. 

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