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Procès Nemmouche - La compagne de Nacer Bendrer le décrit comme peu pratiquant et certainement pas radicalisé

Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer, deux Français âgés de 33 et 30 ans, sont actuellement jugés devant la cour d'assises de Bruxelles, accusés d'être auteur et co-auteur de l'attaque terroriste commise le 24 mai 2014 au Musée juif de Belgique, situé rue des Minimes à Bruxelles. L'attentat avait coûté la vie à quatre personnes. Mehdi Nemmouche avait été arrêté six jours après les faits à la gare routière de Marseille. Il était en possession de munitions et d'armes, dont une kalachnikov et un revolver, qui ont servi lors de l'attaque au Musée juif. Nacer Bendrer, arrêté le 9 décembre 2014 à Marseille, est soupçonné d'avoir fourni les armes à Mehdi Nemmouche.

Le procès a repris ce lundi avec la lecture de l'audition de Kamel Friga. Nacer Bendrer avait volé au frère de celui-ci, Mehdi, un sac rempli d'armes, estimant que la famille Friga avait une dette envers lui pour ne pas avoir chargé leur autre frère pour une agression. Mehdi Friga avait été assassiné à Marseille le 1er août 2014. Avant d'entendre la petite amie de Nacer Bendrer, la Cour procède en ce moment à l'audition de gardiens de prison qui ont côtoyé Mehdi Nemmouche. 

Mehdi Nemmouche a été détenu à Salon-de-Provence, en compagnie de Nacer Bendrer et Mounir Attallah, en 2009 et 2010. Sa radicalisation était visible, selon un témoin entendu lundi matin au procès de la tuerie au Musée juif de Belgique. Il portait une barbe importante, très souvent la djellaba et il faisait du prosélytisme, a-t-il précisé. 

Mehdi Nemmouche s'est montré très virulent lorsqu'il a été transféré de la prison de Salon-de-Provence, fin 2010. L'administration pénitentiaire française avait décidé de le déplacer pour désorganiser le réseau de détenus radicalisés dont il faisait partie, a rapporté lundi devant la cour d'assises de Bruxelles une responsable de la prison.


LE DIRECT - avec notre journaliste Dominique Demoulin

19h56 - La défense de Mehdi Nemmouche viole le secret professionnel, a dénoncé lundi en fin de journée Me Marchand, conseil du centre pour l'égalité des chances Unia. L'avocat dénonce des éléments apportés devant la cour d'assises de Bruxelles qui concernent Mohamed Bakkali, inculpé pour les attentats de Paris et également défendu par Me Courtoy.

L'avocat de Mehdi Nemmouche a fait une demande de devoir visant à vérifier l'occupation des cellules à la prison de Bruges. Cette démarche permettrait selon lui de montrer que c'est en fait Mohamed Bakkali, et non Mehdi Nemmouche, qui se trouvait dans une position lui ayant permis de donner des informations sur les attentats de Bruxelles à Salah Abdeslam.

L'arrêt concernant cette demande n'a pas encore été rendu."Si la cour constate une faute déontologique, un procès-verbal doit être dressé et envoyé au bâtonnier", a dénoncé Me Marchand."Je n'ai pas d'information sur Bakkali, je n'ai donc pas de base solide pour dresser un PV", a réagi la présidente de la cour.

C'est éventuellement aux avocats de saisir le bâtonnier, a-t-elle ajouté.Me Courtoy ne s'est pas montré impressionné par la remarque de son confrère. Il a fustigé la "délation" de Me Marchand et s'est dit certain que sa démarche n'aboutirait à rien. Son collègue Me Laquay a ajouté que c'était lui qui avait formulé la demande de devoir.

19h54 - Nacer Bendrer était radicalisé et faisait partie d'une branche de l'islam radical, connue sous le nom de Takfir (Takfirisme), a affirmé à plusieurs reprises Kamel Friga, dont les auditions ont été lues lundi en fin de journée devant la cour d'assises de Bruxelles. Le témoin, qui a porté plainte contre le co-accusé de la tuerie du Musée juif de Belgique pour menaces de mort réitérées, soutient que Nacer Bendrer, qui a écopé de cinq ans de prison pour ces faits, est "un malade mental" qui dispose d'une "équipe qui travaille pour lui" même lorsqu'il est incarcéré.

Le conflit entre Kamel Friga et Nacer Bendrer remonte à une condamnation du second et du frère du premier pour une agression sur un épicier. Pendant cette période à l'ombre, Bendrer applique la loi du silence et se voit récompensé par le clan Friga, connu dans la cité Air Bel de Marseille pour son trafic de stupéfiants. La récompense n'est pas à la hauteur des attentes de Bendrer, qui décide de se servir à sa sortie de prison, en 2011.

Il dérobe alors un sac d'armes appartenant à Mehdi Friga. Aîné du clan, et en liberté, Kamel sera alors la personne de contact pour Bendrer. Dans ses auditions, qui font pour la plupart suite à sa plainte pour menaces de mort de la part de Bendrer, Kamel Friga affirme qu'il est "formel" et absolument certain que celui-ci est venu le menacer à son domicile, armé d'une kalachnikov.

Il indique également que des sources l'ont désigné comme étant le commanditaire de l'assassinat de Mehdi Friga. "Il était archi radicalisé", avance-t-il encore. "Il faisait partie de la branche Takfir, m'a accusé de ne pas être un bon musulman alors que lui était prêt à aller à la guerre. J'ai entendu qu'il était allé en Syrie avec de faux papiers." Dans ses auditions, il décrit Bendrer comme quelqu'un "d'incontrôlable, de très dangereux".

"Tout le sud de Marseille a peur de lui. Les gens disent qu'il n'a pas de coeur, de sentiments." Lors d'une confrontation, Nacer Bendrer a démenti s'être jamais rendu chez Kamel Friga. Il a cependant été condamné pour ces faits. Enfin, le témoin a déclaré avoir appris l'existence de Mehdi Nemmouche par voie de presse et ne l'avoir jamais vu avec Bendrer. "Personne n'a jamais vu Nemmouche à Marseille", a-t-il déclaré.

17h30 - Nacer Bendrer est musulman mais peu pratiquant et certainement pas radicalisé, selon sa compagne, qui est venue témoigner lundi après-midi devant la cour d'assises de Bruxelles. Elle affirme qu'elle n'était pas informée du fait que des armes se trouvaient dans le pavillon où résidait le co-accusé de la tuerie au Musée juif au moment de son arrestation, en décembre 2014.

Le témoin est la compagne de Nacer Bendrer depuis 2012. Fin 2014, le couple passait régulièrement du temps dans un pavillon à Ceyreste, à l'est de Marseille. C'est là que le co-accusé sera interpellé le 9 décembre, en possession de plusieurs armes à feu. Ils y menaient une vie classique, faite de soirées cinéma et de moments sur la terrasse ou dans le jacuzzi.Devant la cour d'assises, la compagne de Nacer Bendrer l'a décrit comme quelqu'un "qui ne tient pas ses promesses, têtu, impatient, ambitieux", mais également "gentil et très protecteur". Après sa sortie de prison, il voulait se réinsérer et avait décroché un CDI en menuiserie, a-t-elle souligné.

"On s'est installé ensemble, on voulait se marier et fonder une famille comme tout le monde."Le témoin ne s'est pas vraiment étonné que son compagnon lui demande de s'allonger dans la voiture lorsqu'ils se rendaient à Ceyreste. Elle le soupçonnait seulement d'avoir une aventure et, pour cela, de vouloir la cacher, a-t-elle expliqué.

La jeune femme a aussi répondu qu'elle n'avait jamais entendu parler de Mehdi Nemmouche, et qu'elle ne connaissait que de nom la famille à laquelle Nacer Bendrer est soupçonné d'avoir volé des armes. Elle a enfin indiqué qu'elle ne s'était pas posé de question quant au motif du voyage de son compagnon à Bruxelles, début avril 2014.

16h30 - La petite amie de Bendrer vient témoigner. Elle a 28 ans et est comptable.

16h20 - Y a-t-il eu tentative d’attentat à la prison de Salon en 2010? Bien que ces faits ne soient pas en lien avec l'attentat du Musée juif, la Cour en débat actuellement.

15h27 -"Les agents entendus ce matin travaillent toujours dans des prisons du sud de la France... Donc leur parole n’est peut-être pas aussi libre"... dit l’ex directeur de la prison. Autrement dit, le milieu marseillais empêcherait les gardiens de "charger" Bendrer.

15h06 - L'avocat de Bendrer reproche à la présidente de répondre aux questions à la place des témoins. Cette dernière suspend l’audience.

15h05 - "Je pense que Mehdi Nemmouche a influencé Nacer Bendrer", indique l'ex-directeur de la prison. "Mehdi Nemmouche est un homme intelligent qui a du charisme. Et il l'exerçait dans le sens de ses convictions religieuses. Je pense qu'il a influencé Nacer Bendrer. En détention, son comportement (de Bendrer, NDLR) s'est sans doute calqué sur celui de Mehdi Nemmouche", a déclaré l'ancien directeur de la prison de Salon-de-Provence, lundi après-midi devant la cour d'assises de Bruxelles.

"Nacer Bendrer, au départ, me semblait être davantage un détenu classique. Par contre, par la suite... Mehdi Nemmouche, lui, dès son arrivée nous le suivions", a déclaré le témoin qui était directeur de la prison de Salon-de-Provence entre 2008 et 2011, lorsque Nacer Bendrer et Mehdi Nemmouche y étaient incarcérés. "Nous savions dès le début que Mehdi Nemmouche avait une propension à imposer une vision rigoriste de sa religion. Cela se traduisait par les comportements vestimentaires, physiques, mais aussi les prières dans les salles d'activité alors que c'est interdit. Il sortait en djellaba, avec tapis de prière... Mehdi Nemmouche est un homme intelligent qui a du charisme. Et il l'exerçait dans le sens de ses convictions religieuses. Je pense qu'il a influencé Nacer Bendrer. En détention, son comportement s'est sans doute calqué sur celui de Mehdi Nemmouche", a poursuivi le témoin.


11h35 - L'audience est suspendue. 

10h49
 - La présidente de la Cour d’assises de Bruxelles annonce que les membres de la famille Nemmouche appelés à témoigner vendredi sont malades. Le calendrier des audiences doit être à nouveau adapté.

10h43 - "Vous manquez furieusement d’objectivité.Qu’on arrête de raconter n’importe quoi!", s’énerve l’un des avocats de Bendrer à l’égard du parquet. Le ton monte. 

Maître Gilles Vanderbeck et Me Julien Blot, les conseils de Nacer Bendrer, ont vivement critiqué le procès-verbal rédigé par trois enquêteurs belges, qui résume le dossier pénitentiaire de leur client. "Ils ont fait un 'best of' du dossier" en donnant une "connotation, une coloration au procès-verbal", a dénoncé Me Vanderbeck.

"On se demande comment les enquêteurs belges ont pu conclure dans leur procès-verbal que monsieur Bendrer 's'enfonçait dans la délinquance'", a commenté Me Julien Blot, lundi matin, devant la cour d'assises de Bruxelles."Le procureur a parlé de faits concernant 2008. Or, en 2009, 2010 et 2011, il n'y a rien à signaler. Il a un bon comportement en détention, il a des avis favorables à la réduction de peine et a obtenu des permissions de sortie", a précisé l'avocat.

10h30 - Les conclusions d’un PV cité par le parquet parlent au contraire de Bendrer, comme "d’un détenu immature qui s’enfonce toujours plus loin dans la violence". "Pourquoi ce PV a-t-il été rédigé par l’enquêteur belge?", demande l’avocat de Bendrer qui s’en émeut et considère que ce document ne reflète pas la vérité.

10h - Contrairement à Mehdi Nemmouche qui a marqué les esprits des membres du personnel de la prison de Salon-de-Provence, Nacer Bendrer n'a pas laissé de souvenirs particuliers, ont déclaré des témoins devant la cour d'assises de Bruxelles.

"Nacer Bendrer était un détenu standard", a souligné le chef de détention de l'époque. "Il recevait des visites, était assisté. Il n'était pas autant ciblé par notre surveillance que Mehdi Nemmouche." Le schéma censé illustrer le réseau radical et prosélyte au sein de la prison, sur lequel apparaissaient les deux accusés, était basé sur des suppositions, a reconnu le témoin.

Mounir Attalah, qui était détenu avec Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer en 2009 et 2010, a lui été qualifié de "délinquant marseillais bien implanté" mais qui "ne posait pas difficultés" particulières dans l'établissement pénitentiaire.

Le chef de détention de Salon-de-Provence est revenu sur "un bruit de couloir" remonté d'un détenu et faisant état "d'un projet de projection" d'objets interdits dans la prison. En réponse à une question de Me Laquay, qui défend Mehdi Nemmouche, il a indiqué qu'il n'était pas en mesure d'établir un lien entre l'accusé et l'éventuel projet d'attentat. Les autres témoins amenés à s'exprimer lundi matin ont dit ne pas avoir eu connaissance d'un tel projet.

09h43 - 
On revient sur la tentative d’auto-circoncision d’un détenu proche de Mehdi Nemmouche. "Un événement peu commun", raconte un gardien de prison qui évoque la mare de sang et le transfert à l’hôpital du détenu.

L'administration pénitentiaire était consciente de l'existence du groupe radicalisé. La tentative d'auto-circoncision de l'un d'eux a particulièrement mis en évidence la contagion du phénomène entre détenus, qui devenaient plus distants avec le personnel. Il a dès lors été décidé de transférer Mehdi Nemmouche à Avignon pour faire éclater ce groupe. "Il s'est montré assez virulent alors qu'il était très calme d'habitude. Il a crié Allahu Akbar", s'est rappelé le témoin. Quant à Nacer Bendrer, la responsable au sein de la prison n'en ayant pas de souvenir, elle affirme qu'il n'était pas turbulent. Mounir Attallah était lui plutôt affable avec le personnel, selon elle.

09h41 - D'après un gardien entendu par la Cour, il y avait des rumeurs relatives à la préparation d’un attentat à l’intérieur de la prison de Salon-de-Provence. Peu de temps après, Mehdi Nemmouche était transféré vers un établissement d'Avignon. 

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