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Procès Valentin: ce que l'on sait sur le rôle de Lisa-Marie, le 6e membre de la bande qui a assisté aux tortures

Les enquêteurs sont revenus, vendredi en fin de matinée devant la cour d'assises de Liège, sur le rôle de Lisa-Marie Mattuissi, dans les sévices infligés à Valentin Vermeesch, tué en mars 2017. Celle qui était à l'époque la petite amie de l'un des accusés, Loick Masson, avait assisté aux tortures, sans y participer. Si elle a qualifié les faits d'odieux à la juge d'instruction, elle a raconté ne pas avoir appelé la police parce qu'elle était "trop fatiguée".

Le 18 avril 2017, quelques jours après la découverte du corps de Valentin et l'arrestation des cinq accusés (Alexandre Hart, Dorian Daniels, Loick Masson, Belinda Donnay et Killian Wilmet), Lisa-Marie Mattuissi est privée de liberté. Elle est entendue et finalement libérée par la juge d'instruction, qui l'inculpe de participation aux faits de torture. Elle sera finalement renvoyée par la chambre du conseil devant le tribunal correctionnel pour non-assistance à personne en danger. Elle doit encore comparaître dans ce cadre.

Lisa-Marie habitait, avec Loick, dans un studio au rez-de-chaussée de l'immeuble du studio de Belinda Donnay, là où les sévices ont été infligés à Valentin, dans la nuit du 26 au 27 mars 2017. À l'époque, elle était âgée de 21 ans. Elle accuse un léger retard mental et un problème d'élocution, explique l'enquêtrice qui l'a entendue. "Elle ne semblait pas comprendre pourquoi, dans ce dossier, des gens avaient été arrêtés", témoigne-t-elle.


Elle admet avoir voulu rendre jaloux son compagnon

Lisa-Marie raconte que le soir des faits, vers 23h00, Alexandre Hart et Belinda Donnay sont venus les chercher, elle et Loick, en leur expliquant qu'ils étaient en train de frapper Valentin. Selon elle, Loick connaissait la victime car ils ont fréquenté la même école. Ils sont montés dans le studio de Belinda parce qu'ils "voulaient voir". Elle expose avoir assisté à plusieurs scènes de coups et d'humiliation de Valentin, qui pleurait et suppliait que tout cesse. Elle admet avoir voulu rendre jaloux son compagnon et lui avoir dit que Valentin lui avait touché les fesses, ce qui n'était pas vrai. Loick a alors giflé Valentin. Elle a accompagné les accusés sur le parking de la gare de Statte. Elle dit y avoir assisté à des scènes de coups avant de décider de rentrer car elle "ne voulait plus voir ça". Comme pour les accusés, ses versions changent au fil des auditions. Elle dit d'abord que lorsque Loick, qui a suivi le groupe jusqu'au bout, est rentré chez eux, il lui a expliqué qu'Alexandre et Belinda avaient tué Valentin. Elle affirme ensuite qu'Alexandre a tué Valentin seul avant de dire à la juge d'instruction, lors de son interrogatoire, que c'était Belinda.


Elle était "trop fatiguée"

Elle assure avoir demandé que les sévices cessent mais qu'Alexandre et Belinda "avaient un regard méchant". Dorian et Killian "n'écoutaient pas ou rigolaient". Une fois rentrée chez elle, elle n'a pas appelé la police car son téléphone se trouvait chez un voisin et était déchargé, explique-t-elle. Et de toute façon, elle était "trop fatiguée". L'enquêtrice souligne toutefois qu'à ce moment-là, Lisa-Marie est persuadée que Valentin va être ramené vivant. Loick Masson, interrogé par la présidente, confirme avoir donné les noms d'Alexandre et Belinda à Lisa-Marie lorsqu'il est rentré de l'expédition mortelle. "Elle m'a répondu 'oh je dors'." Enfin, Lisa-Marie a dit, lors de ses auditions, qu'après les faits, le studio a été repeint car il fallait couvrir des taches de sang.


RAPPEL DES FAITS

Valentin Vermeesch, un Hutois âgé de 18 ans souffrant de handicap mental, avait été tué la nuit du 26 au 27 mars 2017 à Wanze, lors d'une très longue scène de violences et de tortures avant d'être précipité dans la Meuse, où il s'était noyé. Son cadavre avait été retrouvé le 14 avril, les mains menottées dans le dos et un essuie de vaisselle noué autour du cou. L'enquête avait mené à plusieurs de ses connaissances à Huy.

La veille des faits, en soirée, il avait été invité dans un appartement du quartier de Statte, où il avait subi des gages et des moqueries. La scène avait ensuite dégénéré et, dans une dynamique de groupe, les cinq accusés lui avaient porté des coups et infligé des tortures. Le dossier évoque des scènes de sévices sexuels, des traitements inhumains et dégradants et des faits de coups puissants. Valentin Vermeesch avait aussi été menotté dans le dos. Après plusieurs heures de violences, les bourreaux de Valentin lui avaient fait croire qu'il pouvait s'échapper. Mais ils l'avaient rattrapé avant de l'attacher à une barrière et de lui imposer de nouvelles tortures. Finalement, il avait été jeté vivant à l'eau pour que les jeunes se débarrassent de lui et qu'il ne les dénonce pas. Les agresseurs avaient de plus filmé le calvaire subi par le jeune homme. La tablette numérique du plus jeune d'entre eux, âgé de 16 ans, contenait les images des sévices. Quatre accusés étaient majeurs au moment des faits. Un cinquième était mineur d'âge mais le juge de la jeunesse a prononcé un dessaisissement pour le renvoyer devant la cour d'assises de Liège.

L'avocate générale Pascale Schils soutiendra à l'encontre des cinq accusés des chefs d'assassinat, de torture, de traitements inhumains, de viol, d'attentat à la pudeur, de séquestration et de menaces de mort et de coups sur une personne dont la situation de vulnérabilité était connue des auteurs des faits.

 

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