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Triple suicide à Dalhem: la notion de "délire collectif" étonne

Un habitant de Dalhem, près de Visé, a retrouvé sa femme et ses deux filles pendues, lundi. Le médecin légiste a confirmé la thèse du suicide suite à un "délire collectif". Cependant, cette notion étonne le monde psychiatrique.

Un père de famille habitant Dalhem, près de Visé en province liégeoise, a retrouvé sa femme et ses deux filles mortes en rentrant chez lui. La mère, 56 ans, et ses deux filles, âgées de 29 et 30 ans, étaient toutes les trois pendues dans le vestibule. Elles portaient des colliers colson autour du cou. "Nous n'avons pas beaucoup d'informations si ce n'est celles de la police. Ils nous ont signalé qu'il y avait eu un triple suicide, ce qui a été confirmé ce matin par le médecin légiste. Ce sont des gens sans histoire. Mais un suicide collectif tel que celui-là, c'est le genre de chose qui interroge beaucoup la population. Peut-être que le parquet arrivera à trouver le motif de ce drame, mais ce sera très difficile", a expliqué Jean-Claude Dewez, bourgmestre de la commune.

La notion de délire collectif étonne le monde psychiatrique

L'homme a fait la macabre découverte en rentrant à son domicile, mardi soir. Le parquet a été prévenu. Il a envoyé sur place un médecin légiste, la police judiciaire fédérale et les délégués du laboratoire scientifique de la PJ. Après analyses, le médecin légiste a confirmé qu'il s'agissait d'un suicide consécutif à un "délire collectif". Or, cette notion étonne le monde psychiatrique. Contactés par l'agence Belga, trois psychiatres ne reconnaissent pas la valeur de cette appellation. Aucune définition précise n'a été avancée.

Un délire est normalement l'affaire d'une seule personne

Le docteur Pierre Lievens, président de l'Association professionnelle des neurologues et des psychiatres belges, précise son étonnement : "Un délire est normalement l'affaire d'une personne et éventuellement d'une deuxième qui suit la première. L'éventualité d'un troisième individu est étrange dans le sens où celui-ci représente une sorte de témoin de la société, de l'opinion publique", explique-t-il. Le triangle a peut-être pu mener à un délire mélancolique familial, mais la suite suicidaire lui semble exagérée. De plus, le terme "collectif" est utilisé, selon le docteur Lievens, pour désigner plusieurs personnes qui se réunissent autour d'un thème et non une famille.

Les délires sont suspects de psychose

Le docteur Beine, également psychiatre, ajoute ensuite que le délire à deux est un phénomène connu, mais pas spécialement à plusieurs. Il qualifie donc de curieux le terme "collectif". "Tout délire est suspect de psychose", affirme par ailleurs le psychiatre. En outre, le parquet avait annoncé mercredi matin que la mère (56 ans) souffrait de troubles psychologiques. Ses deux filles (29 et 30 ans) venaient, quant à elle, de divorcer. Le docteur Beine évoquait d'ailleurs le fait qu'un délire d'humeur ou mélancolique pouvait mener à un suicide.

Des délires collectifs dans les sectes

 
Enfin, selon Patrick Pierre, psychiatre à Bruxelles, le terme de "délire collectif" est assimilé à celui des sectes. Il estime cependant que l'on ne peut plus parler de délire à partir du moment où cela mène à un suicide, excepté s'il y a consommation de substances. Les conclusions sont assez semblables pour les trois experts en psychiatrie: le terme semble inconnu à la profession et il n'y a pas assez d'éléments à l'heure actuelle pour comprendre et expliquer cet acte. Le délire est une construction mentale de situations ou d'éléments qui ne tient pas compte de la réalité et à laquelle la personne, en plein délire, croît fermement.

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