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Proximedia, une société publicitaire, propose à des indépendants de booster leur image sur internet: "Avec des pratiques déloyales", dénoncent des anciens employés

Le Tribunal correctionnel de Bruxelles se penche cette semaine sur les pratiques d'une société publicitaire. Elle propose à ses clients d'améliorer leur image sur internet. Près d'une centaine d'entre eux estiment avoir été arnaqués. Deux anciens délégués commerciaux de cette société confirment des pratiques déloyales.

"C'est vraiment repartir avec la signature du client, peu importe comment, peu importe où, il faut le signer". Antoine (prénom d'emprunt) a travaillé comme délégué commercial pour cette société pendant 6 mois l'année dernière.

"Durant cette période, j'ai pu rencontrer et faire tomber cinquante personnes, moi dans le piège", confie-t-il.

Le "piège" est selon cet ancien employé de Proximedia, un démarchage commercial agressif, avec des rendez-vous très courts et peu de délai de réflexion.

"Des rendez-vous avec des indépendants qui sont situés soit dans leur véhicule ou directement sur chantier. L'indépendant qui avait peut-être un souci sur le chantier le matin où on l'a reçu, n'avait peut-être pas toute sa tête pour réfléchir, peser le pour et le contre et il a pris une décision de probablement hâtive", explique Antoine.

Une pratique dont Corine a été victime. "On nous dit qu'en prenant ça, on aura l'exclusivité dans la région, et que si c'est pas nous qui le faisons, ce sera quelqu'un d'autre. Donc oui, du coup, ça met un peu la pression. On n'a presque pas envie de laisser la personne partir."

Claire (un autre prénom d'emprunt) a également travaillé pour cette société en 2018. D'après elle, certains clients auraient été ciblés. "On devait aller voir les jeunes indépendants, qui ont moins de 3 mois d'activité, car ils n'étaient pas au courant des techniques commerciales de Proximedia. Du coup, ils allaient signer beaucoup plus facilement."

Cette ancienne déléguée commerciale aurait aussi dû apprendre des techniques pour influencer les potentiels clients. "Lorsqu'on va leur présenter le contrat, c'est un contrat double page A4. A l'intérieur, on a tous les petits caractères spéciaux, qui sont les termes du contrat, que n'importe qui devrait lire et on doit vraiment les cacher, ne jamais montrer qu'ils sont là. On apprend à manipuler ce contrat d'une certaine façon pour ne jamais leur montrer ça. Ne jamais parler de la TVA, c'est hyper important."

Une aide à la conception d'un site internet ou un meilleur référencement ligne faisaient partie des services proposés.

"Vous vendez soi-disant du rêve. Je leur vendrais énormément de clients, beaucoup de contacts...", ajoute Claire.

"On me vendait des clients à la pelle. On me disait, comme tu prends le référencement, tu auras plein de clients. Quand ils taperont des mots-clés sur internet, ils aboutiront directement sur ton site. Réellement, en deux ans et demi, j'ai eu six appels". Corine a aujourd'hui résilié son contrat. Pour cela, elle a dû payer 60% du solde restant dû. 94 travailleurs indépendants se sont constitués partie civile devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Le procureur a déjà requis des amendes pénales de 10.000 euros à l'encontre de Proximedia. Nous avons contacté la société qui n'a pas accepté aujourd'hui de répondre à nos questions. Le procès reprend lundi.

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