Accueil Actu

Catastrophe ferroviaire Buizingen: une peine de 3 ans de prison avec sursis requise à l'encontre du conducteur

Près de 10 ans après le drame, des réponses sont enfin attendues au procès de la catastrophe de Buizingen. C'est du moins ce que les familles espèrent. La phase des plaidoiries débute ce matin devant le tribunal de police de Bruxelles. Après des années de procédure et autant d'années d'attentes pour les victimes qui ont survécu et qui doivent vivre avec leur traumatisme.

Le 15 février 2010, l'accident de trains fait 19 morts et 79 blessés. Parmi les personnes blessées, il y a Anita, qui tente, comme elle peut, d'affronter ses angoisses.

"J'ai repris le train le jour-même. Quand on tombe d'un cheval, on doit remonter tout de suite, ou bien on ne remonte plus jamais, explique Anita. Grâce à ça, je reprends le train, je ne sais prendre qu'en contresens parce que c'est ça qui a été ma chance : il y a eu une personne qui a survécu en première classe de notre train, elle était en contresens. Toutes les personnes décédées étaient dans le sens de la conduite. S'il y a des secousses vers l'avant vers l'arrière, j'hurle encore dans le train, c'est plus fort que moi". 


Phase finale au procès : les plaidoiries - suivez notre DIRECT avec notre journaliste Antoine Schuurwegen

Le procès de la catastrophe ferroviaire de Buizingen entame sa phase finale ce lundi matin. Six mois après l'audition des experts, les avocats vont prendre la parole pour leurs demandes devant le tribunal de police de Bruxelles, siégeant spécialement dans la salle des audiences solennelles de la cour d'appel de Bruxelles. La SNCB, Infrabel et un conducteur de train sont poursuivis pour d'éventuelles responsabilités dans cet accident qui a causé la mort de 19 personnes, le 15 février 2010.

15h00 - Les parties civiles avancent que l’expert judiciaire, arrivé sur les lieux de la catastrophe, a constaté que le feu était au rouge.

11h50 - La procureure Catherine Ramaekers a requis, lundi matin devant le tribunal de police de Bruxelles, la peine maximale à l'encontre de la SNCB, soit une amende pénale de 120.000 euros, portée à environ 700.000 euros avec les décimes additionnels. La procureure a insisté pour qu'aucune mesure de sursis ne soit accordée pour cette peine. Elle a ensuite requis une amende pénale de 100.000 euros à l'encontre d'Infrabel, portée à environ 650.000 euros avec les décimes additionnels. Elle a également demandé que cette peine ne soit pas assortie d'un sursis.

11h20 - Contre le conducteur, le ministère public demande 3 ans avec sursis total. Il est le dernier responsable de la chaîne. La procureure Catherine Ramaekers a requis, lundi matin devant le tribunal de police de Bruxelles, une peine de trois ans de prison avec sursis à l'encontre du conducteur de train prévenu. Elle a estimé que ce dernier avait effectivement outrepassé un feu rouge et ainsi engagé sa responsabilité dans l'accident ferroviaire de Buizingen le 15 février 2010, causant la mort de plusieurs personnes.

10h30 - Le ministère public charge la SNCB pour avoir manqué à ses plus élémentaires devoirs de prévoyance. L’automotrice de tête était la moins performante du convoi. "Mettre en tête l’automotrice la plus faible est tout simplement inouï", lance le ministère public.

10h10 - Pour le ministère public, une série d’éléments du dossier prouve que le conducteur (prévenu) a franchi un feu rouge. Pas volontairement, mais par manque de vigilance.

10h - Selon le ministère public, le conducteur a eu des "déclarations à géométrie variable" par rapport au franchissement du feu rouge

9h30 - Le ministère public donne lecture de ses réquisitions


Rappel des faits

Ce jour-là à 08h28, un train L Louvain-Braine-le-Comte a percuté un train IC Quiévrain-Liège-Guillemains. L'accident a fait dix-neuf morts, une trentaine de blessés graves et une centaine de blessés légers.

Y a-t-il eu une défaillance technique au niveau des feux de signalisation sur les voies ou pas du tout? C'est la question centrale de ce procès, à laquelle devra répondre le tribunal pour déterminer les responsabilités éventuelles des personnes poursuivies. Pour forger sa conviction, le tribunal peut s'appuyer sur les rapports rendus par les experts, dont les différentes parties au procès vont chacune livrer leur lecture dès lundi.

Lors des audiences de février dernier, les experts ont certifiés que le conducteur du train n'a pas franchi un signal vert. L'hypothèse qu'ils retiennent est donc que le conducteur a franchi un feu qui était rouge. Néanmoins, les experts ont admis que d'autres hypothèses étaient possibles, bien que beaucoup moins probables et surtout invérifiables.


La SNCB et Infrabel suspectées de négligence en matière de sécurité

L'hypothèse d'un court-circuit a également été évoquée, mais l'expert qui a vérifié le fonctionnement électrique a affirmé n'avoir constaté aucune défaillance. Malgré cela, pour les avocats du conducteur du train, le défaut de signalisation reste la cause la plus probable au vu du nombre d'incidents liés à la signalisation constatés après l'accident de Buizingen, mais aussi au vu du comportement du conducteur.

Les experts eux-mêmes ont affirmé que tout indiquait que le conducteur avait vu un signal vert, puisqu'il a enclenché une série de gestes professionnels caractéristiques, comme une légère accélération lors du passage au feu de signalisation. La SNCB et Infrabel sont, elles, suspectées de négligence en matière de sécurité.

Le rapport du collège d'experts relève un défaut d'équipement de sécurité de la locomotive du train L qui n'était pas équipée du système de freinage automatique TBL1+, qui aurait pu permettre d'éviter l'accident. Aujourd'hui, l'ensemble du réseau ferroviaire belge est équipé de ce système.

À lire aussi

Sélectionné pour vous