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Demain, il y aura 25 ans que le roi Baudouin est mort: dans les coulisses de la réunion qui a décidé comment se feraient l'annonce et les funérailles

Demain, cela fera exactement 25 ans que le roi Baudouin est décédé. Il avait succombé à une crise cardiaque, alors qu'il était en vacances dans sa villa de Motril, en Espagne. Le décès du cinquième Roi des Belges avait suscité une très vive émotion dans la population.

Le 1er août 1993, la Belgique se réveille sous le choc d’une terrible annonce: le roi Baudouin est mort dans la nuit. En deuil, ils étaient déjà nombreux à se rassembler devant le palais royal pendant la nuit. "Je faisais la fête et je crois qu’il vaut mieux arrêter de faire la fête, maintenant", confiait à l’époque, en pleurs, un jeune homme.

25 ans plus tard, nous sommes retournés voir deux anciens membres du gouvernement de l’époque. Guy Coeme était vice-premier ministre de Jean-Luc Dehaene. Melchior Wathelet père, son ministre de la Justice. Avec eux, nous avons effectué un retour sur une semaine qui a marqué l’histoire de la Belgique.


Des coups de téléphone et le visage de la Belgique change

Tout commence par quelques coups de téléphone au beau milieu de la nuit. "Le téléphone a sonné, c’était M. Van Ypersele, chef de cabinet du Roi, et un peu après, il m’a retéléphoné pour me dire : ‘Ecoutez, c’est plus grave que ce qu’on a pu penser. Ne bougez pas, il faudra surement prendre des dispositions’", se souvient M. Coeme. "Il est 20h30-21h et je retéléphone à Jacques Van Ypersele, qui me dit : ‘Écoute, je tiens à t’informer de ce que le roi Baudouin vient d’avoir une attaque cardiaque plus que sérieuse, on craint le pire. Je te ré-informerai mais, est-ce que tu pourrais me dire où est Jean-Luc Dehaene ?’. Je savais qu’il était au match, je lui dis : ‘Il est probablement à la buvette, le match va se terminer, c’est là qu’on peut le toucher’", raconte, pour sa part, l’ancien ministre de la Justice.

Après cette première info, tous deux vont être mis au courant du décès. "Quelques minutes plus tard, Jean-Luc Dehaene, à la manière un peu bourrue que vous lui connaissiez, m’a téléphoné et m’a dit : ‘Guy, le Roi est mort, tu remontes à Bruxelles tout de suite", confie l’ancien vice-premier ministre. Melchior Wathelet reçoit le même appel et doit répondre au premier ministre: "‘Moi, je viens de Verviers’. Donc je prends la voiture avec les valises des vacances et je vais à Bruxelles, je crois que je n’y suis jamais allé aussi vite."


Aucun plan n'était prévu

La réunion entre ministres va durer jusqu’au petit matin. Il faut notamment prévenir le successeur, le futur roi Albert II, et surtout, organiser les funérailles. Aucun plan n’est prévu. "Il existe des archives, heureusement et, par conséquent, les funérailles d’Albert Ier, décédé accidentellement, ont pu servir de modèle", explique Guy Coeme. Même souvenir pour Melchior Wathelet : "On fait ressortir le moniteur belge du 18 février 1934 pour savoir comment cela a été annoncé, sous quelle forme, comment les funérailles ont été organisées, en sachant que 1993, c’est pas 2018, mais ce n’était déjà plus 1934."



"On se doutait qu’il y aurait beaucoup de monde, mais qu’il y ait eu ce monde-là, non"

Arrive ensuite le recueillement de toute un peuple. Des milliers et des milliers de Belges veulent rendre hommage au roi Baudouin dont la dépouille est exposée au palais royal. "On n’a pas pu compter, mais c’est des centaines de milliers, voire des millions de personnes qui se sont manifestées. On se doutait qu’il y aurait beaucoup de monde, mais qu’il y ait eu ce monde-là, non", insiste l’ancien ministre de la Justice. "Le pays s’est ressaisi de manière extraordinaire et je pense pouvoir dire que le roi Baudouin méritait vraiment cet hommage, notamment pour le soin avec lequel il veillait à ce que chacun soit bien. C’était vraiment ce sens de l’humain qui le caractérisait", fait remarquer l’ancien vice-premier ministre.

Les funérailles nationales se déroulent finalement le 7 août en la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule. Une foule immense est encore là pour y assister, tout comme des chefs d’état du monde entier. Baudouin reste un roi qui a marqué à jamais l’histoire de la Belgique.

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