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Liège: des centaines de policiers rendent hommage à leurs collègues assassinées

La Belgique a rendu mardi un ultime hommage empreint d'émotion et de gravité aux deux policières assassinées il y a une semaine dans l'attaque jihadiste de Liège (est), revendiquée par l'organisation Etat islamique (EI).

Plusieurs centaines de policiers venus de tout le pays se sont joints à cet hommage, sur le parcours des corbillards et dans ou devant le centre funéraire où étaient organisées les obsèques de Lucile Garcia, 54 ans, et Soraya Belkacemi, 44 ans, en présence du Premier ministre Charles Michel.

Au total un millier de personnes ont participé aux funérailles, selon l'agence de presse Belga.

"Nous sommes un corps de police, chaque fois qu'on en perd un c'est comme si on perdait un petit peu un membre de la famille", a déclaré à l'AFP Jean-Claude Bertrand, policier à la retraite. "La seule chose qu'on puisse faire c'est d'être là pour se soutenir".

Au passage des corbillards couverts de fleurs, les policiers se sont mis au garde-à-vous, formant une haie d'honneur. Certains avaient recouvert leur brassard orange d'un bandeau noir en signe de deuil.

Aux côtés de Charles Michel, de nombreuses personnalités dont les ministres Jan Jambon (Intérieur), Koen Geens (Justice) et un représentant du roi Philippe ont assisté à la cérémonie religieuse célébrée par l'évêque de Liège Mgr Jean-Pierre Delville. Celle-ci était aussi suivie dans un silence lourd sur un écran géant dressé à l'extérieur.

Le 29 mai, vers 10H30 (08H30 GMT), sur une grande artère du centre de Liège, Benjamin Herman, délinquant radicalisé de 31 ans qui bénéficiait d'un congé pénitentiaire, a tué par balles deux policières et un étudiant en criant plusieurs fois "Allah Akbar" ("Dieu est grand"). Il a ensuite été abattu par les forces de l'ordre.

- "Assassinats terroristes" -

Les faits ont été qualifiés d'"assassinats terroristes" par la justice belge, et revendiqués le 30 mai par l'EI.

Selon les premiers éléments, l'assaillant voulait "clairement" s'en prendre à la police. Et son mode opératoire --agresser d'abord au couteau les fonctionnaires pour dérober leurs armes-- rappelle celui que vante régulièrement l'EI dans sa propagande sur internet, a souligné le parquet fédéral.

Des violences de ce type ont déjà été perpétrées en France ou au Royaume-Uni ces dernières années.

En Belgique, le souvenir de l'attaque survenue le 6 août 2016 à Charleroi (sud) a immédiatement resurgi. Ce jour-là un Algérien s'en était pris avec une machette à deux policières devant le commissariat aux cris de "Allah Akbar". Elles avaient été blessées au visage et au cou, et l'assaillant abattu. L'EI avait revendiqué l'acte.

Cette double agression avait suscité une vive émotion dans le pays, quelques mois après les attentats de Bruxelles également revendiqués par l'organisation jihadiste (32 morts le 22 mars 2016).

"Horreur", "barbarie", "tragédie": les mêmes mots qu'il y a deux ans sont revenus la semaine dernière dans tous les commentaires, le profil de Lucile Garcia et Soraya Belkacemi, décrites comme "femmes, mères et policières merveilleuses", venant accentuer les sentiments de peine et d'injustice.

- "Nous ne romprons pas" -

La première était mère d'un fils de 25 ans, et la seconde de deux jumelles adolescentes qui avaient déjà perdu leur père en 2005, selon les médias.

Mardi, elles ont été décorées à titre posthume par Jan Jambon de la Croix civique de première classe, la plus haute distinction civile en Belgique, remise "pour acte de courage, de dévouement et d'humanité".

Le chef de la police de Liège Christian Beaupère a rappelé que leur mort était due à "une attaque contre l'Etat belge".

"Nous plions mais nous ne romprons pas. Si notre genou est à terre, nous ne sommes pas tombés et nous continuerons à servir, debout, avec une certaine crainte mais sans peur", a-t-il ajouté, cité par Belga.

Par ailleurs, Benjamin Herman, qui s'était converti à l'islam en prison, a été enterré dans l'intimité mardi à Marche-en-Famenne (sud), après une cérémonie dans une paroisse catholique de la commune, conformément au souhait exprimé par sa famille.

"La famille n'a pas décelé de signe de radicalisation dans les contacts réguliers qu'elle entretenait avec Benjamin", a précisé l'abbé François Barbieux, qui a célébré les funérailles, placées sous surveillance policière. "Ils sont dans l'incompréhension la plus totale", a-t-il expliqué.

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