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"Ce sera aussi de la misère noire": pour le patron des patrons, il y a une menace plus grave que les prix des énergies

L'administrateur-délégué de la Fédération des entreprises de Belgique était l'invité de Pascal Vrebos ce dimanche sur RTL TVI. Pieter Timmermans, populairement présenté comme le "patron des patrons", a notamment été interrogé sur l'indexation des salaires et le risque qui pèse sur les entreprises vu la situation internationale.

Pascal Vrebos: Mardi, vous pourrez négocier un vrai accord? (ndlr: une réunion est prévue mardi au cabinet du Premier ministre avec le gouvernement, les entreprises et les syndicats).

Pieter Timmermans: Mardi, c'est une rencontre. J'espère qu'on pourra recommencer la discussion, mais alors sur le tout. Il faut parler de tous les dossiers qui sont sur la table. Est-ce qu'on a déjà parlé de la situation compliquée dans laquelle se trouve l'économie? Parce que ça, c'est la vraie menace pour notre pouvoir d'achat. Tout le monde pense à ses factures d'aujourd'hui. À juste titre. Le gouvernement a pris des mesures, à juste titre. J'attends encore des mesures complémentaires au niveau régional, à juste titre. Mais sur la compétitivité de nos entreprises… Et s'il y a un syndicat qui devrait rappeler ce qui s'est passé dans le passé, c'est la FGTB en Wallonie. Parce qu'on risque de perdre énormément d'emplois. Quand quelqu'un perd son emploi, il perd son pouvoir d'achat.

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Pascal Vrebos: Vous vous battez contre l'indexation salariale automatique. PS, Ecolo, syndicats disent en cœur "niet". Sans indexation, ce serait la misère noire?

Pieter Timmermans: Mais, avec l'indexation, à terme avec une indexation de plus de 10%, ce sera aussi de la misère noire. L'histoire nous l'a démontré. En 82, dévaluation. En 93, blocage des salaires. En 2008, crise financière. En 2018, saut d'index.

Pascal Vrebos: C'est pour ça que vous luttez?

Pieter Timmermans: Non, je dis simplement qu'il faut se préparer pour éviter cela. Je suis contre un saut d'index, je le dis clairement. Contre un saut d'index. Parce que c'est une mesure linéaire qui touche tout le monde de la même façon. Mais, et j'ajoute un "mais", si on ne fait rien, ce sera la seule solution à terme. Ceux qui disent aujourd'hui qu'il n'y a pas de problème, que les entreprises peuvent supporter ça, attendons, attendons. C'est la chose que j'entends le plus dans la rue de la Loi (ndlr: rue où se situe le cabinet du Premier ministre): "Attendons et ça va se résoudre soi-même". Ça, c'est dangereux.

Pascal Vrebos: Mais en janvier, vous vouliez, si je me souviens bien, geler les salaires?

Pieter Timmermans: Qui a dit ça? Non, j'ai dit simplement: négocions un bon accord, qui permet aux entreprises de survivre, qui permet aux gens qui ont le plus de problèmes de survivre. C'est une question qu'il faut se poser. Est-ce que l'enveloppe bien-être, est-ce qu'il faut donner 10 euros à tout le monde, ou est-ce qu'il faut donner 50 ou 100 euros à ceux qui ont vraiment besoin? C'est ce qu'on propose. Est-ce que dans cette crise aujourd'hui, il ne faut pas cibler davantage? J'ai entendu des gens qui, à juste titre, ont réagi. Ce sont ces gens qui ont témoigné dans l'émission qu'il faut aider. (ndlr: peu avant l'interview, une dame ancienne gilet jaune et un homme qui se dit forcé de squatter un logement par manque de moyens ont témoigné sur RTL TVI).

Pascal Vrebos: Certains veulent changer la loi de 96 pour augmenter les salaires. D'autant plus que certains disent que 18 entreprises du BEL 20 (les 20 plus grosses capitalisations à la bourse de Bruxelles) versent 8 milliards de dividendes cette année aux actionnaires. On ne pourrait pas augmenter les salaires?

Pieter Timmermans: Savez-vous combien d'entreprises il existe en Belgique? 250.000. On parle ici de 18. De ces 18 entreprises, il y en a deux qui ont annoncé augmenter leurs dividendes, parce que c'est basé sur les chiffres de 2021. Entre parenthèses, ça rapporte à l'Etat, car on paie 30% (d'impôt sur les dividendes). Je peux trouver encore d'autres exemples. Quand on discute des problèmes macro-économiques. Quand il y a une menace vis-à-vis de notre économie, c'est toujours très facile de venir avec un ou deux exemples.

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