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Alain Destexhe quitte le MR et lance un nouveau parti: une sorte de "N-VA francophone"

Le député bruxellois et sénateur MR Alain Destexhe annonce officiellement son départ de la maison libérale. Il lance un nouveau parti baptisé provisoirement "Liste Destexhe" en vue des élections du 26 mai prochain. Une sorte de "N-VA francophone".

"Les citoyens wallons et bruxellois ne se reconnaissent plus dans l'offre politique actuelle sur l'immigration, la bonne gouvernance, le nucléaire, les dépenses publiques... J'estime que les prises de position récentes du MR ne permettent plus au courant de centre droit et de droite classique d'être représenté en Belgique francophone. Voilà tout le sens de ma démarche", détaille l'élu. Alain Destexhe lance un appel à "tous les Bruxellois et Wallons" à le rejoindre, lui et un "petit nombre de personnes" que son projet a jusqu'ici convaincus.

Le point de rupture définitif avec le MR s'est produit lors du vote sur le pacte de l'Onu sur les migrations, explique encore M. Destexhe, qui regrette d'avoir été le seul parlementaire francophone à voter contre.

L'immigration, que l'outsider souhaite "freiner", constitue vraisemblablement un des éléments phares de son programme. "J'assume le fait que nous serons une N-VA francophone, sans le confédéralisme évidemment." Des listes sous le nom "Liste Destexhe" seront présentées pour les scrutins bruxellois, wallon et européen.


Alaind Destexhe ne fait plus partie du MR

"Nous avons appris la nouvelle via la presse ce matin", a indiqué Christophe Cordier, le porte-parole du MR, avant de préciser: "les statuts du MR sont clairs, le fait de se présenter sur une liste concurrente, signifie l'auto-exclusion". Selon le porte-parole des libéraux francophones, les discussions échangées ces dernières semaines entre Didier Reynders (vice-Premier ministre et président de la fédération bruxelloise du MR), Olivier Chastel (président du parti jusqu'il y a une dizaine de jours) et Alain Destexhe n'ont porté que sur la place que pourrait occuper le député-sénateur, et non sur le programme. "La place qu'on lui proposait ne lui convenait-elle pas? ", s'est interrogé M. Cordier.


Alain Destexhe, l'humanitaire devenu polémiste

L'ancien secrétaire général de Médecins sans frontières (MSF) a commencé sa carrière politique en 1995 au Sénat où il a siégé sans discontinuer jusqu'à ce jour, hormis entre 2010 et 2014. Il est aussi député bruxellois et de la Communauté française.

Arrivé en politique au PRL sous la présidence de Jean Gol, Alain Destexhe a toujours été un électron libre au sein de la famille libérale, irritant parfois ses présidents de parti, Louis Michel ou Didier Reynders. Ce dernier dira un jour de lui que Médecin sans frontières il s'est mué en sénateur sans limites.

Devenu faiseur de voix, Alain Destexhe ne sera cependant jamais sanctionné par son parti, tout juste parfois rappelé à l'ordre. Se fâchant aussi avec ses collègues communaux, Alain Destexhe peine à s'implanter localement. Liégeois d'origine, il est successivement conseiller communal à la ville de Bruxelles, à Auderghem puis à Ixelles. Peu avant les élections communales du 14 octobre 2018, il annonce toutefois son retrait de la liste pour des raisons médicales.

En 2000, Alain Destexhe accroît sa notoriété publique en participant à une mission parlementaire en Corée du Nord qui fit grand bruit après avoir fait l'objet du documentaire "Une délégation de très haut niveau" diffusé dans l'émission satirique Strip-Tease sur la RTBF.

Impliqué dans les enjeux humanitaires ou de santé publique - il a été un des parlementaires à l'origine de la commission d'enquête parlementaire sur le Rwanda -, il a évolué en libéral à l'américaine faisant du système son coeur de cible. Dans sa ligne de mire, les partis de gauche et les syndicats, la gestion wallonne, la politique criminelle, les médias et surtout ces dernières années, l'immigration et l'islam.

Devenu polémiste, Alain Destexhe écrit des pamphlets et alimente des blogs ainsi que le site français Figarovox. Alors que la politique ferme et le ton du secrétaire d'Etat à l'Asile et la Migration Theo Francken suscite quelque frémissement auprès de mandataires MR, Alain Destexhe déclaré au Vif: "Moi, je suis de droite. Comme nos électeurs".

Provocateur, il participe en 2017 à une mission parlementaire européenne controversée auprès du président syrien Bachar el-Assad, mission opérée grâce au concours d'un avion gouvernemental russe. L'organisation de ce déplacement fera l'objet d'une enquête interne au sein de l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE).La même année, on apprend qu'Alain Destexhe fait aussi l'objet d'une enquête anti-corruption au sein de l'APCE. Dans le viseur des enquêteurs, son rôle comme co-fondateur d'une asbl, financée par des fonds azéris, chargée de surveiller l'organisation d'élections. M. Destexhe n'avait pas mentionné l'existence de cette asbl - un acte obligatoire - alors qu'il avait rédigé un rapport sur la situation des droits de l'Homme en Azerbaïdjan. Entre-temps, M. Destexhe a quitté l'assemblée du Conseil de l'Europe. Fin novembre, le Parquet de Bruxelles ouvrait une information judiciaire dans ce dossier.

Récemment, il avait présenté sa candidature pour tirer la liste régionale du MR au prochain scrutin à Bruxelles. Son parti a finalement attribué cette place à Françoise Schepmans.Ce mercredi, Alain Destexhe a annoncé officiellement son départ de la maison libérale pour lancer un nouveau parti baptisé provisoirement "Liste Destexhe", qu'il décrit comme une sorte de "N-VA francophone", en vue des élections du 26 mai prochain.

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