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Bart De Wever évoque des "razzias" et des arrangements avec son ami Francken: l'enregistrement CHOC d'un journaliste infiltré à la N-VA

Le président de la N-VA et bourgmestre d'Anvers Bart De Wever a évoqué en 2016, lors d'une réunion interne à laquelle a assisté un journaliste indépendant infiltré, un arrangement avec le secrétaire d'État à l'Asile et la Migration de l'époque, Theo Francken (N-VA), pour faciliter les expulsions en avion sur base de "razzias" à Anvers. Ces "razzias" visaient de préférence des nationalités correspondant à ce qu'attendait Theo Francken.

L'enregistrement date de novembre 2016, lors d’une réunion interne à la salle "Extra Time" de Hoboken, district Sud d'Anvers. Bart De Wever annonce en primeur que Theo Francken compte faire construire un nouveau centre fermé pour ces criminels en situation irrégulière dans la région anversoise : "Nous pouvons éviter la frustration des services de police qui arrêtent des dealers de drogues, mais qui doivent les relâcher, car il n’y a pas assez de capacité."

L’idée est de racheter aux autorités néerlandaises des containers inutilisés à Tilburg qui faisaient office de prison pour augmenter la capacité de détention. Bart De Wever précise : "Il n’y a pas assez de capacité. Ne le criez pas sur tous les toits, mais ça va si loin que, quand nous planifions des interventions, nous devons réserver des places. C’est l’avantage d’avoir un secrétaire d’État comme ami. Quand nous allons par exemple faire une razzia dans le quartier rouge, nous lui demandons : combien de places avez-vous pour nous ? Combien pouvez-vous en éjecter ? Vers quel pays volent les prochains avions ?"


"Si tu peux remplir l'avion..."

La salle rigole avant que le leader de la N-VA n’enchaîne : "Vous pouvez rire, mais c’est vraiment comme ça ! Alors, vous continuez à les arrêter jusqu’à ce que la prison soit remplie. Et de préférence, les nationalités prévues pour Air Francken. Si tu peux remplir l’avion, ce serait fou de ne pas le faire !"

Ce faisant, le président de la N-VA affirme que des actions policières à Anvers ont été menées sur une base discriminatoire, en visant de préférence certaines nationalités en vue de leur expulsion rapide. En 2017, des associations avaient déjà évoqué l'existence de rafles et de quotas d'arrestations de migrants au Parc Maximilien à Bruxelles, mais le ministre de l'Intérieur de l'époque, Jan Jambon (N-VA), les avait réfutées.

Réactions indignées

Ces propos avaient déjà été publiés en 2016 dans l'hebdomadaire Knack, au coeur d'un article annonçant l'ouverture d'un nouveau centre fermé pour criminels en situation irrégulière en Belgique. Republiés mardi accompagnés d'un fragment sonore, à cinq jours des élections, ils ont suscité des réactions indignées. Le chef de groupe PS à la Chambre, Ahmed Laaouej, a qualifié cette vision politique d'"abjecte et intolérable". "La lutte contre la criminalité, qui est un objectif d'intérêt général, ne se fait pas en visant certaines nationalités ou origines, en stigmatisant certaines parties de la population". M. Laaouej y voit une preuve que la N-VA a dévoyé les institutions.

Kristof Calvo, chef de groupe Ecolo à la Chambre et tête de liste à Anvers, dénonce le langage utilisé. "Ca sent la déshumanisation, tout comme le 'tsunami de migrants' de Theo Francken le week-end dernier." Le leader écologiste fait aussi le lien avec les élections de ce dimanche. "Il y a une forte crainte que l'on assiste à un 'dimanche noir' (une référence aux bons sondages pour le Vlaams Belang, NDLR), mais il y a aussi une préoccupation envers la N-VA elle-même", a ajouté M. Calvo. "Bart De Wever avait l'habitude d'exclure le Vlaams Belang, mais maintenant ils se ressemblent de plus en plus."

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