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Confier le développement d'une app' à une société belge, plaide la Sûreté de l'Etat

(Belga) Il faut confier à une entreprise belge le développement d'une application numérique de lutte contre la propagation du covid-19, a plaidé mardi l'administrateur-général de la Sûreté de l'Etat, Jaak Raes, devant la commission de l'Economie de la Chambre. La Belgique pourra de la sorte mieux se prémunir contre l'utilisation des données par des entités extérieures, qu'il s'agisse d'autres Etats ou d'organisations malveillantes.

"On ne peut pas être aveugle à la politique agressive de certains pays et d'espionnage à grande échelle", a-t-il expliqué. Aux yeux du service de renseignement civil, le choix d'un opérateur belge pour mettre au point cette application de "contact tracing" permettra de lui imposer des critères stricts à respecter. "Nous devons dans un premier temps nous concentrer sur la limitation au maximum de notre vulnérabilité", a-t-il ajouté. Autre exigence: l'élaboration d'un cadre légal. La commission a entamé la discussion d'une proposition de résolution déposée par les écologistes pour encadrer l'usage éventuel d'une application sur smartphone. Mais le recours à cette pratique impliquera une loi qui l'encadre strictement, ont fait remarquer tant M. Raes que le président de l'Autorité de protection des données, David Stevens, ou la présidente de la Ligue des droits de l'homme, Olivia Venet. "Ce n'est pas le cadre légal qui doit s'adapter à ce que la technologie propose. Il est temps que le parlement reprenne la main", a exhorté Mme Venet. Or, la technologie s'avère complexe. La KULeuven participe au projet d'un consortium européen DP3T qui repose sur l'échange de codes anonymisés à partir du moment où un patient est testé positif, sans centralisation de données et avec destruction de celles-ci après un délai de 15 jours ou 3 semaines. Il peut supporter une dizaine de millions d'utilisateurs et être mis en place en quelques semaines, selon le professeur Bart Preneel. La proportion du nombre d'adhérents au système pour qu'il soit efficace est difficile à déterminer mais, à entendre M. Preneel, cette efficacité pourrait être garantie à partir de 15 à 20%. Et ce d'autant plus que ce traçage numérique du malade et des personnes qu'il a fréquentées est complémentaire au traçage manuel qui sera mis en place les autorités publiques et qui reposera sur des call centers confiés aux Régions. Le projet DP3T est soutenu par Google et Apple, une deux des entités les plus connues des "GAFA". Il faut y prendre garde, a averti Elise Degrave, professeur à l'UNamur. Ces géants de l'économie numérique ont d'énormes capacités de stockage de données. Or, selon elle, ce stockage et la protection des données est l'une des questions qui se posera. "Je n'ai pas une grande confiance dans la philanthropie des GAFA", a-t-elle souligné. (Belga)

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