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Charles Michel met la pression: "La balle est dans le camp de la N-VA" (vidéo)

Le gouvernement de Charles Michel ne tient plus qu'à un fil. Hier soir, le Premier ministre a pris tout le monde de court. Il a décidé de laisser le parlement se prononcer sur le pacte migratoire de l'ONU. Plus question de longues négociations pour tomber d'accord avec la N-VA. C'est aux députés de décider de la position de la Belgique au sommet de Marrakech, lundi et mardi prochains. En provoquant ce vote, Charles Michel sait qu'il risque de faire éclater le gouvernement en mille morceaux mais les désaccords sont trop importants pour parvenir à un consensus.

"La balle est dans le camp de ce parti qui devra s'exprimer sur ce pacte (ndlr: au Parlement, voir plus loin)", a déclaré le Premier ministre Charles Michel, ce matin sur Bel RTL, dans le cadre de la crise du gouvernement liée à la signature du Pacte de Migration des Nations unies qui doit survenir début de semaine prochaine et à laquelle est opposée la N-VA. Il a rappelé qu'un important conseil des ministres se tenait vendredi. Au cours de celui-ci, devront se prendre des décisions importantes relatives au budget 2019 et à des diminutions d'impôts, a-t-il dit, ajoutant qu'il comptait sur le sens des responsabilités de la N-VA. "Il y a des enjeux essentiels devant nous, a-t-il argumenté. Je pense que celui qui retire la prise dans un moment tel que celui-ci est irresponsable".


Dans tous les cas, Michel n'aura pas causé la chute éventuelle du gouvernement

Poussé au fond de l'impasse par la N-VA, Charles Michel est donc parvenu à se créer une porte de sortie politique. S'il doit y avoir un responsable de la chute du gouvernement, ce ne sera pas lui mais la N-VA, seule contre tous. Le Premier ministre a décidé de remettre la question dans les mains du Parlement. "J’ai donc l’intention de demander au président du Parlement de définir l’agenda, qu’un avis puisse être communiqué par le Parlement à ce sujet. J’ai donc l’intention d’aller à Marrakech pour communiquer la position qui sera approuvée par le parlement belge", a-t-il déclaré ce mardi en début de soirée. Au préalable, le Premier ministre avait méthodiquement démonté les arguments de la N-VA, rappelant au passage qui était à l'origine de cette situation.

Plus qu'un simple avis, le vote du parlement constituera la position officielle de la Belgique dans ce dossier. Ce mercredi matin aura lieu un premier vote en commission de la Chambre. Une majorité devrait se dégager, sans la N-VA et le Vlaams Belang, parti d'extrême droite flamand. En théorie, une majorité de rechange existe pour les soutenir. Mais la N-VA a averti qu'une majorité de rechange signifierait la fin de la confiance au gouvernement...

Après ce vote en commission, le Parlement devra se prononcer en séance plénière ce jeudi (avec, à ce moment-là, l'entièreté des députés). Ensuite, le Premier Ministre se rendra à Marrakech, lundi prochain, pour communiquer la position de la Belgique.


Un triple enjeu pour Charles Michel

Que penser de la stratégie du Premier ministre? "C'est un coup bien posé parce qu'il y a pour Charles Michel un triple enjeu, a analysé le politologue Pierre Vercauteren sur Bel RTL, juste après l'intervention de Charles Michel. Un enjeu de conviction, de crédibilité et de stabilité. Conviction d'abord parce qu'il est convaincu du bien-fondé de ce pacte. De crédibilité parce qu'il est obligé de montrer qu'il y a une stabilité gouvernementale encore possible malgré la tempête. D'autant que depuis le début de la législature, Charles Michel et son parti ont été pilonnés par l'opposition pour avoir rompu un engagement de ne pas gouverner avec la N-VA. Et puis il y a un enjeu de stabilité, il a bien déclaré son intention de rester jusqu'en fin de législature. Mais il est soumis à une très forte pression de la N-VA qui est en campagne électorale".


Une campagne N-VA qui dérape 

Plus tôt dans la journée, la réunion du Comité ministériel restreint qui devait débuter mardi à 15h30 a été reportée à un moment indéterminé dans un contexte de crise gouvernementale aigüe au sujet du pacte de l'ONU sur les migrations.

En cause: la N-VA a débuté sur Twitter une campagne controversée sur la migration et le pacte. Charles Michel a évoqué mardi soir une campagne "inacceptable", "scandaleuse" et "indigne" qui a cessé après qu'il a annoncé le report du comité restreint.

Cette campagne a été condamnée avec force de toutes parts. "La situation n'est pas bonne et la responsabilité est à imputer à ceux qui organisent des campagnes qui ne sont absolument pas conformes au pacte global", a indiqué mardi le vice-Premier ministre CD&V Kris Peeters. "Il y a quand même des doutes, à un moment où on est en train de chercher une solution, la N-VA semble avoir lancé sa campagne, il faut clarifier", a indiqué mardi le vice-premier ministre Open Vld Alexander De Croo en quittant le Lambermont après un entretien bilatéral avec le Premier ministre Charles Michel.


La N-VA reconnaît avoir commis "une faute"

"Le service de communication du parti a commis une faute dans le choix des images et du moment. Les gens commettent des fautes, cela arrive également dans notre parti", a commenté mardi à son arrivée au Lambermont le vice-premier ministre N-VA Jan Jambon.

Le président de la N-VA, Bart De Wever, a également reconnu que son parti avait commis une erreur en lançant une campagne sur les réseaux sociaux à propos du Pacte de l'ONU sur les migrations. Cela "a semé de la confusion et on aurait pu s'en passer, comme d'une rage de dents", a-t-il expliqué sur les ondes de Radio 1.

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