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Déconfinement: le Comité de concertation se basera sur 4 scénarios présentés ce lundi par un mathématicien

Alors qu'un comité de concertation est prévu ce vendredi (pour lequel les ministres de la culture demandent une reprise du secteur culturel), dès ce lundi le Premier ministre, entouré notamment d'Yves Van Laethem et Steven Van Gucht, les porte-paroles du centre de crise, a tenu une conférence de presse extraordinaire. L'objectif était de présenter la situation actuelle et la manière dont les autorités envisagent le déconfinement dans les prochaines semaines et mois. "C'est le bon moment d’apporter un peu de sérénité et de faire une analyse scientifique", a déclaré Alexander De Croo. "On a demandé à nos experts de donner une analyse honnête de la situation dans laquelle on se trouve et de donner des scénarios pour les prochaines semaines."

Yves Van Laethem s'est, de son côté, exprimé sur les chiffres de la pandémie à l'aide de différents graphiques. "On a voulu vous présenter aujourd'hui un point de vue scientifique de la situation. Nous avons besoin de garder un équilibre. Nous nous rendons compte que nous sommes depuis 12 semaines à des taux assez stables"

L'expert souligne que les hôpitaux ne sont plus sous la pression intense. "Mais avec 100/150 admissions par jour nous sommes encore plus proche du sommet de la montagne que du creux de la vallée. Et nous sommes encore très loin des 10 à 50 admissions que nous avions lorsque l'été était là".

Et d'ajouter: "Nous avons tendance à assimiler cette période à la période juin-juillet, or nous n'y sommes pas du tout, non seulement en ce qui concerne les conditions climatiques mais aussi du point de vue des données épidémiologiques". La Belgique en est encore à une moyenne de 40 décès par jour.

L'arrivée du printemps

La Belgique a connu un pic intense lors de la deuxième vague, mais a jusqu'à présent pu éviter une 3e vague.

Comment mesurer l'impact des mesures? "Il y a des données internationales qui permettent d'évaluer nos mesures", explique Yves Van Laethem. "Nous n'avons donc pas les mesures les plus sévères quand on se compare avec la France, l'Allemagne ou les Pays-Bas. Or plus les choses dérapent, plus les mesures vont devoir être sévères, ce que nous voulons éviter. Nous avons donc réussi à garder un certain équilibre".

"Le futur n'est plus un futur lointain mais à quelques semaines de nous", indique Yves Van Laethem. "Le printemps arrive et la vaccination va s'accélérer. La campagne de vaccination va couvrir les + de 65 ans et 80% de gens à risques."

4 scénarios 

Le mathématicien Nicolas Franco a ensuite présenté des modèles mathématiques qui se basent le nombre d'admissions hospitalières selon les catégories d'âge, tout en prenant compte également le nombre de décès, le nombre d'anticorps dans le sang lors de tests ainsi que les données de contacts sociaux. Ce sont des modèles sur lesquels se basent les autorités pour prendre des décisions.

"On peut vérifier selon plusieurs enquêtes que l'évolution des contacts sociaux est en complète corrélation avec l'évolution de la pandémie dans plusieurs pays", a souligné Nicolas Franco.

Le modèle a été utilisé pour tenter d'estimer l'évolution de 2 éléments importants: l'impact du variant britannique et l'influence de la vaccination. Le modèle indique ainsi que le variant britannique va devenir dominant en Belgique. "Grâce à nos efforts, nous avons pu contrôler jusqu'à présent la transmission de ce variant", a ajouté le chercheur en mathématique à l'UNamur.

L'une des conclusions est qu'il faudra surveiller l'évolution des variants dans les trois à quatre prochaines semaines. Selon les estimations actuelles, la contagiosité du variant britannique serait supérieure de 50% par rapport aux souches traditionnelles du coronavirus, a souligné le professeur Nicolas Franco. Cependant, cette estimation comporte encore "une grosse marge d'erreur". C'est pourquoi pour chaque scénario présenté, trois options sont retenues: une contagiosité supérieure de 30%, de 50% et de 70% dans le pire des cas.

4 scénarios ont ainsi été présentés. "Il s'agit évidemment de situations hypothétiques étant donné qu'il y a d'autres solutions que tout relâcher en même temps", a poursuivi le mathématicien.

1er scénario: pas de changement 

Il pourrait y avoir une 3e petite vague en fonction de l'impact du variant britannique.

2e scénario: relâchement au 1er mars

Le plus probable est une augmentation assez forte et un nombre d'hospitalisations qui serait plus ou moins comparable à celui que l'on a connu lors des 1ère et 2e vagues.

3e scénario: relâchement au 1er avril

Les courbes sont beaucoup plus sous contrôle car la vaccination est beaucoup plus avancée et ce modèle permet de contrer les effets cumulés du variant.

4e scénario: relâchement au 1er mai


Ces modèles mathématiques, qui se basent notamment sur les informations concernant les contacts sociaux, comportent cependant des incertitudes, insiste Nicolas Franco. Différents facteurs pourraient encore influencer les choses, dont une plus grande proportion des hospitalisations et des décès qui seraient liés au variant britannique, ou encore l'impact de la saison, qui pourrait lui avoir un effet bénéfique. Pour le scientifique, il faut donc "surveiller dans les trois à quatre semaines à venir l'évolution" des variants dans le pays.

La situation est totalement sous contrôle.

Le moment où le risque d'une 3e vague diminue fortement n'est "plus très loin "

Le moment où le risque d'une troisième vague diminuera fortement en Belgique n'est pas "demain ou la semaine prochaine" mais "il n'est plus très loin", a poursuivi le Premier ministre Alexander De Croo. "Rester prudent en mars ne veut pas dire que rien n'est possible", a-t-il toutefois indiqué, sans donner davantage d'informations sur les décisions attendues à l'issue du Comité de concertation prévu vendredi.

Le ministre président-flamand: "On pourrait discuter de l'ouverture des terrasses raisonnablement vite"

Si les chiffres du coronavirus en Belgique incitent encore à la prudence, certains assouplissements doivent quand même pouvoir être discutés vendredi, lors du Comité de concertation, a affirmé lundi le ministre-président flamand Jan Jambon. "La prudence reste absolument à l'ordre du jour", a-t-il déclaré en marge d'une conférence de presse à Anvers. Mais néanmoins, certains assouplissements doivent pouvoir être discutés, a poursuivi Jan Jambon en évoquant notamment l'appel des organisations de jeunes. "Les jeunes sont un groupe cible important. Nous savons tous à quel point c'est difficile pour eux en cette période", a-t-il dit. Par contre, une réouverture de l'horeca semble prématurée. "J'espère du fond du coeur qu'on pourra rouvrir rapidement ce secteur mais avec les chiffres actuels qui ne vont pas dans la bonne direction, ce serait imprudent. On pourrait toutefois discuter de l'ouverture des terrasses raisonnablement vite", a conclu le ministre-président flamand.

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