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Di Rupo opposé à de nouvelles élections

Le PS reste ouvert aux négociations avec la N-VA mais rejette la note du clarificateur De Wever.

Le président du PS a longuement expliqué pourquoi le PS rejetait la note du clarificateur Bart De Wever ce lundi après-midi en conférence de presse. Cinq points sont inacceptables pour les socialistes francophones: la loi de financement, la région bruxelloise, BHV, la responsabilisation sur l’emploi et les allocations familiales. Ces propositions « auraient des conséquences désastreuses », selon M. Di Rupo, qui refuse toutefois l’idée de retourner aux urnes. Il rappelle que si Bart De Wever veut une réforme de l’Etat, il lui faut une majorité des deux tiers et que toute tentative de passage en force n’aboutira pas, contrairement à la négociation. Il plaide donc pour que le Roi reprenne en main la situation et va organiser une réunion entre tous les partis francophones.

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Elio Di Rupo, répondant ensuite à une question d'un journaliste dans la salle, a plaidé pour qu'on prenne le temps de faire analyser chaque proposition de réforme par la Banque Nationale Belge et le Bureau du Plan. Ce qui, selon M. Di Rupo, prouverait à la population flamande que l’actuel refus de la note De Wever est justifié car celle-ci appauvrirait structurellement les francophones.

 

Déçus

« Nous sommes déçus. On nous annonçait une note de compromis. Malheureusement nous avons dû constater que le texte de M. De Wever contenait une série de propositions qui auraient des conséquences désastreuses. Pour l’Etat fédéral et donc la sécurité sociale, pour l’équilibre des Régions, et désastreuses pour les Wallons et les Bruxellois en particulier », a dès l’entame de la conférence de presse déclaré le président du PS.

Semblant de compromis pour l’opinion flamande

« J’aurais préféré une autre méthode de travail », a poursuivi M. Di Rupo. « Avant de déposer une note unilatéralement, une discussion à 7 aurait été très utile. Sur base d’un avant projet, il (M. De Wever, ndlr) aurait pu mesurer les difficultés et formuler une proposition qui aurait été certainement plus équilibrée et donc plus acceptable. » Mais le président du PS retient surtout l’image que la proposition du clarificateur voulait faire passer auprès de son électorat. Ses mesures « sont pour le moment bien accueillies en Flandre, car elles donnent l’apparence d’un compromis. En réalité, on verra que c’est une attaque frontale contre l’Etat fédéral et les francophones. »

Des intentions cachées ?

« Tout accord, que ce soit aujourd’hui ou demain, nécessite qu’il y ait des points de vue partagés entre les partis francophones et les partis néerlandophones. Toute réforme institutionnelle nécessite une majorité des 2/3 au parlement et dans chaque groupe linguistique des parlementaires », a rappelé ensuite Elio Di Rupo, avant de se demander ouvertement « si l’objectif de la note n’est pas de mener le pays dans l’impasse et de forcer de nouvelles élections dans un climat de conflit communautaire. »

Pas de retour aux urnes

Il enchaînait en déclarant que « le PS est totalement opposé à l’organisation de nouvelles élections. » Pour les socialistes, « le citoyen s’est exprimé » et c’est maintenant « aux hommes et femmes politiques » de le faire. D’autant plus que « l’architecture de la note s’est inscrite dans le périmètre de la préformation. Donc nous devons continuer à négocier. »

Les autres partis flamands écoutés, les francophones niés

« J’ai trouvé dans la note qu’il y avait ça et là des propositions mises sur la table par les autres partis néerlandophones », concédait encore le président socialiste, mais « on attendait un compromis non pas entre les familles politiques néerlandophones, mais entre les positions des partis néerlandophones et francophones. Ce n’est malheureusement pas le cas », déplorait-il. Concernant la note, elle « ne reprend quasiment aucune de demandes francophones. Même pas ce qui avait été acquis dans le rapport de la médiation », considérait-il encore. Conclusion d’Elio Di Rupo sur cette note : « Les propositions du clarificateur nient les Wallons et les Bruxellois. On a le sentiment que c’est comme si les Francophones n’avaient pas d’importance. »

Les points inacceptables de la note De Wever

Lors de sa conférence de presse ce lundi après-midi, Elio Di Rupo a listé 5 problèmes majeurs dans la note remise par le clarificateur Bart De Wever. Cinq points qui sont autant de raisons pour le Parti Socialiste de refuser cette note.

Si on suit la note de Bart De Wever, la loi de financement n’assurerait pas, à terme, la viabilité de l’Etat fédéral et des institutions francophones. D’autant plus que la concurrence fiscale entre Régions existerait, ce qui finalement asphyxierait la Wallonie et Bruxelles. Deuxièmement, la Région de Bruxelles-capitale serait cogérée et non pas sur un pied d’égalité avec les autres Régions. Troisièmement, l’arrondissement électoral et administratif, mais aussi judiciaire de BHV serait scindé, sans contrepartie pour les francophones. Quatrièmement, la responsabilisation de l’emploi ne serait plus liée à une forme de bonus/malus en fonction de la création ou de la perte d’emplois dans chaque Région, mais bien liée à l’IPP. Etant donné que les francophones sont plus touchés par le chômage et les bas salaires, l’argent manquerait trop rapidement en Wallonie et surtout à Bruxelles. Et dernièrement, les allocations familiales scindées selon la note feraient perdre 70€ par an aux familles wallonnes et 150€ par an aux familles bruxelloises.

> CES POINTS DETAILLES PAR ELIO DI RUPO 

Le Roi récupère la main, les partis francophones vont se consulter

Elio Di Rupo terminait la conférence sur une note d’espoir : « La situation est complexe mais il ne faut pas l’exagérer. Nous avons la capacité en Belgique de dépasser » les clivages. Pour y parvenir, « le PS répondra à toute invitation à négocier selon les modalités qu’il convient au roi de décider. Afin d’évaluer cette situation, je vais inviter les formations politiques démocratiques à évaluer la situation dans les tout prochains jours. »

« Le pays n’est pas en danger » immédiat

« Il faut une 6ème réforme de l’Etat, mais il faut que chacun comprenne l’autre et que ce n’est pas par le rapport de force que nous aboutirons. Je reste convaincu que la population de Flandre comme de Wallonie et de Bruxelles n’aspire qu’a vivre dans la paix avec des responsables politiques qui tentent de trouver des solutions. Heureusement, le pays n’est pas en danger », a poursuivi le président socialiste en soulignant que la rentrée parlementaire avait eu lieu, que les gouvernements régionaux et communautaires n’avaient jamais cessé de fonctionner et que le gouvernement fédéral en affaires courantes se chargeait très bien de faire tourner la maison Belgique en attendant une solution.

Faire calculer les modèles de réforme par la BNB

« Ces dernières semaines, on a le sentiment qu’on doit répondre à une espèce de volonté de forcer le destin. Ce n’est pas la solution. On doit, en démocrates, accepter une négociation, trouver des compromis équilibrés. (…) Je plaide pour rester calme. Ce ne sont pas les coups de force qui vont faire avancer les choses », a encore prévenu M. Di Rupo en réponse à un journaliste après sa conférence de presse. Révélant ensuite sa vision d'une solution équilibrée. Pour lui, elle passera par l'analyse économique des modèles de réforme proposés. « On veut qu’on puisse faire calculer les différents modèles et leurs conséquences par la Banque Nationales et le Bureau du Plan. Quand on aura ces conséquences, beaucoup de gens en Flandre vont se rendre compte du pourquoi de nos réticences. On ne peut pas se trouver dans un affaiblissement structurel. »

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