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Georges-Louis Bouchez veut "les mêmes réactions outrées" pour les deux extrêmes politiques: "On manque de parler-vrai"

Georges-Louis Bouchez était l'invité de Fabrice Grosfilley ce mercredi matin. Il est revenu sur le fait que la parole extrémiste se libère, notamment sur les réseaux sociaux. 50.000 personnes qui manifestent leur soutien à Jürgen Conings sur Facebook, "c'est bien sûr un phénomène inquiétant", a-t-il déclaré. "Mais ça n'est pas limité à Jürgen Conings. Je pense que c'est le symptôme de difficultés qu'on rencontre depuis de nombreuses années dans notre société. Il y a un décrochage progressif d'une partie de la population, par rapport à l'autorité politique, par rapport à l'autorité médiatique ou aux médias en général. Ce n'est pas un phénomène qu'on découvre: Jean-Marie Lepen s'était hissé au deuxième tour des élections présidentielles en 2002", ajoute le président du MR.

"Le problème, c'est que depuis lors, les partis politiques et la manière dont on traite l'information n'ont pas beaucoup changé. On manque peut-être parfois d'un certain sens du 'parler vrai', d'oser certains types de réformes, et donc le décrochage dont on parle ne cesse de s'accentuer. Je pense que la pente est inquiétante et qu'on doit réagir".

Parler-vrai, c'est caresser certains électeurs dans le sens du poil ?

"Non, c'est dire les choses telles qu'elles sont. Les citoyens et les électeurs n'en peuvent plus d'entendre des politiques qui se réjouissent de choses dont on ne doit pas forcément se réjouir ou qui annoncent de grandes intentions sans y arriver".

Hier, vous avez publié un message sur Twitter qui a fait beaucoup de bruit. Vous renvoyez l'extrême droite et le communautarisme de la gauche francophone dos-à-dos. Ce sont vraiment les mêmes choses, selon vous ?

"Le communautarisme, c'est ce qui vise à réduire un individu à un élément de sa personnalité ou de son identité: sa religion, son origine nationale. Et ça divise la société. On voit aujourd'hui Bruxelles, divisée en 15 ou 20 catégories. Et ça nie l'individu, c'est l'inverse du libéralisme. Si je les mets dos-à-dos, c'est parce que je suis un militant de la démocratie libérale. Et aujourd'hui, elle est menacée par l'extrême droite, par l'extrême gauche, par le communautarisme, par le populisme. L'ensemble de ces combats sont nos combats".

"Je vais vous dire à quoi je réagissais: au tweet du recteur de l'université de Gand qui avait indiqué à Tom Van Grieken (leader du Vlaams Belang) que ce qu'il avait dit à la télévision n'était pas si mal. Et j'ai vu beaucoup de réactions outrées. Et j'aimerais les mêmes réactions outrées quand des gens qui sont 'bien-pensants', exempts de tout reproche dans le monde francophone, battent en brèche la neutralité de l'Etat en portant des signes politiques ou convictionnels. Car ça me choque tout autant. Or, on n'en parle pas".  

N'êtes-vous pas en train de faire glisser le MR, sous votre présidence, de la droite vers l'extrême-droite ?

"Non, je suis en train de faire glisser le MR vers la droite libérale, philosophique. C'est revenir aux racines, et les racines du libéralisme politique, c'est la neutralité de l'Etat, l'impartialité de ses agents, mais aussi l'apparence de cette neutralité. Je veux une expression claire et directe, ce sont des choix que j'assume totalement". 

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