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Ihsane Haouach démissionne du poste de commissaire du gouvernement

La commissaire du gouvernement auprès de l'Institut pour l'égalité entre les femmes et les hommes (IEFH), Ihsane Haouach, a annoncé vendredi soir sa démission, en invoquant les "attaques personnelles incessantes" et le cyberharcèlement dont elle affirme faire l'objet.

"Depuis ma nomination, je fais l'objet de violentes attaques personnelles qui n'ont été qu'en s'amplifiant. Indépendamment de ma nomination, le débat sur la neutralité est légitime, mais il ne peut se faire dans une volonté de nuire", a-t-elle indiqué dans une lettre adressée à la secrétaire d'État à l'Égalité des chances, Sarah Schlitz (Ecolo), et rendue publique par le cabinet de Mme Schlitz. "Aucun débat constructif ne peut émerger de pareils actes. Ce contexte de défiance et de violence à mon égard rend impossible l'exercice de ma fonction de manière efficiente", a ajouté l'éphémère commissaire du gouvernement, qui porte le voile.

Mme Haouach se dit "trop attachée au rôle essentiel de l'IEFH pour accepter que son action soit affaiblie par des mises en cause et des attaques personnelles incessantes".  "Dès lors, j'ai décidé de présenter ma démission pour me préserver du cyberharcèlement que je subis, préserver mes proches ainsi que l'institution et le combat qu'elle porte", poursuit-elle. "Cette démission ne signe pas la fin de mon engagement pour l'égalité et les droits fondamentaux que je continuerai à défendre sous d'autres formes. En attendant, je veux prendre le recul nécessaire", écrit-elle encore.

Elle conclut en remerciant toutes celles et ceux qui lui ont accordé leur soutien dans cette période difficile et pour la confiance témoignée.

Un CV en béton, mais un problème de neutralité pour le MR

Ihsane Haouach, diplômée de la Solvay Business School, a commencé sa carrière dans le secteur énergétique et est notamment administratrice du Brugel, l'autorité de régulation pour les marchés de l'électricité, du gaz et de l'eau à Bruxelles. Elle est également à l'origine de plusieurs initiatives en faveur des jeunes et des femmes.

Sa nomination par Mme Schlitz avait été rapidement contestée par le MR, dont le président, Georges-Louis Bouchez, avait déclaré que cette désignation découlait d'une "prérogative de la secrétaire d'État sans que nous ayons été consultés". "La désignation d'une femme portant un signe convictionnel comme commissaire du gouvernement de l'institut de l'égalité des femmes et des hommes est totalement contraire au principe de neutralité de l'Etat", avait-il ajouté sur Twitter.

Mais c'est une interview publiée samedi par le journal 'Le Soir' qui a fait enfler la polémique. Mme Haouach y défendait sa conception de la neutralité en expliquant que le principe de la séparation de l'Église et de l'État pouvait se décliner en fonction du changement démographique. Estimant qu'interdire le port de signes convictionnels, dans le débat sur la neutralité de la fonction publique, était "discriminatoire", Ihsane Haouach considérait que les principes fondateurs de l'État n'étaient pas mis en danger par l'apparence mais par la montée des réactions d'extrême droite. "La discussion n'est pas: est-ce qu'on remet en cause la séparation de l'Église et de l'État?, c'est: comment la décline-t-on avec un changement démographique?", avait-elle dit.

Jeudi, en séance plénière de la Chambre, le Premier ministre Alexander De Croo avait prévenu la commissaire du gouvernement qu'"il n'y a pas de marge pour de nouveaux incidents".

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