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Accueil des réfugiés: Amnesty International juge "hallucinants" les propos du secrétaire d'Etat à l'Asile et la Migration

Le directeur d'Amnesty international, Philippe Hensmans, était l'invité politique de la rédaction de BEL RTL. Il répondait aux questions de Fabrice Grosfilley.

Au cours de cette interview qui a abordé le sujet de la guerre en Ukraine, Philippe Hensmans a réagi aux propos de Sammy Mahdi, secrétaire d’état à l’Asile et à la Migration, tenus le 3 mars dernier qui se réjouissait d'un accord passé par les Vingt-sept pour octroyer un statut inédit de protection temporaire quasi automatique aux personnes qui fuient la guerre en Ukraine, à quelques exceptions près.

Le secrétaire d'État belge à l'Asile et la Migration, Sammy Mahdi, détaillait alors la portée historique de cet accord conclu très rapidement: "Nous avons travaillé ces derniers jours à une vitesse jusqu'ici jugée impossible au niveau européen". Pour expliquer le traitement de faveur des réfugiés de la guerre en Ukraine par rapport à ceux ayant fui d'autres guerres, il soulignait la proximité géographique, puisque l'UE préconisait l'accueil des réfugiés dans les pays de la région du pays en guerre. "Tout comme la Turquie a créé à l'époque un statut spécial pour les Syriens, nous le faisons maintenant pour l'un des pays limitrophes de l'UE. A peine deux pays séparent la Belgique de l'Ukraine. Aujourd'hui, la région, c'est nous", justifiait alors le Secrétaire d'Etat belge.

Fabrice Grosfilley: Je voudrais vous entendre sur un dossier un peu connexe, de ce qu'il se passe chez nous en Belgique concernant l'accueil des réfugiés ukrainiens. On parle beaucoup de deux poids, deux mesures avec un climat plus favorable pour les Ukrainiens, qu'il ne l'était pour les Syriens, et pour les Afghans ou pour d'autres zones de conflit. Sammy Mahdi, secrétaire d’état à l’Asile et à la Migration, estime que c'est justifié par une proximité géographique avec l'Ukraine. Quel est le point de vue d'Amnesty International?

Philippe Hensmans: C'est hallucinant des déclarations comme celles-là parce qu'elles sont tout à fait contraires à la Convention de Genève. On ne peut en aucune manière dire ce genre de chose quand on est un secrétaire d'Etat qui doit respecter les conventions de Genève.

Fabrice Grosfilley: On aurait dû accueillir les Syriens et les Afghans et les civils des autres zones de conflits comme les Ukrainiens?

Philippe Hensmans: On doit le faire. C'est le droit international qui l'exige. Et on voit que lorsqu'il dit qu'il y a un plus grand accueil de la population, ce n'est pas vrai. Il y avait déjà 40.000 personnes qui faisaient partie de la plate-forme "Réfugiés" à Bruxelles et qui accueillaient tous les jours des migrants chez eux. On a même essayé d'avoir des visites domiciliaires pour les bloquer, parce qu'aujourd'hui, on leur demande de le faire.

Fabrice Grosfilley: Donc il y a bien deux poids, deux mesures?

Philippe Hensmans: Oui, il y a bien deux poids, deux mesures.

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