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Le PTB négocie-t-il pour de vrai, ou est-ce un jeu de rôle entre dupes consentants?

Raoul Hedebouw, porte-parole du PTB, était l'Invité de Pascal Vrebos ce dimanche après le RTL INFO 13H.

S'il y avait une commune communiste en 2018, Charleroi par exemple, quel serait un élément de rêve ?

"Je pense qu’au niveau du logement social, on pourrait rêver d’une toute autre ville qui est construite avec un tiers de logements sociaux dans les grands projets, je crois que ce serait hyper important, pour rendre le social aux gens. Ils en demandent, ils ont le droit d’en recevoir".

Vous négociez avec le PS, notamment, peut-être avec Ecolo. Franchement, est-ce que vous négociez pour de vrai, ou c’est un jeu de rôle entre dupes consentants ?

"Je vais vous répondre honnêtement, pour moi, c’est la première fois que je vais participer aux négociations à Liège, c’est la première fois qu’il y a vraiment des négociations constructives autour de la table. C’est une première pour le PTB, c’est la première fois qu’on nous accueille dans les négociations, c’est quand même un changement, les dix dernières années, on nous avait niés, on ne nous voyait même pas, maintenant, au moins, on est là. Après, sur ce qu’est la phase stratégique, moi j’ai l’impression".

C’est un jeu de dupes ou pas ?

"Non, parce qu’on négocie, sur des programmes, il faut aborder le fond".

Je lis le contraire, Magnette, justement, dans le Soir, ce weekend, il vous propose justement le logement à Charleroi, votre rêve, et lui il dit, mon sentiment, c’est qu’ils ne veulent pas y aller, ils sont arrivés avec rien de concret, dit-il.

"C’est faux. La première chose, on n’est pas venus avec tout notre programme pour dire, "on veut tout".

Vous dites que Paul Magnette ment ?

"Bien sûr, il le sait. On est venus avec des projets concrets, par exemple, nous sommes venus sur la proposition d’avoir un tiers de logements sociaux dans les grands projets à venir au niveau immobilier, c’est une proposition qui ne coûterait même pas un euro à la commune, et qui met la priorité sur le logement social. Qu’est-ce qu’on nous dit, "ce n’est pas possible, faut tenir compte des promoteurs immobiliers, on ne veut rien leur demander". Une sorte de "There is no alternative", le fameux TINA, qui pendant 20-25 ans, nous a été ressassé, ce n’est pas pour ça qu’on va négocier. On veut une rupture. Un autre exemple, pour rendre ça concret, parce qu’un débat, ce n’est pas que des grandes envolées lyriques, c’est aussi du concret. A Liège, nous venons avec la proposition de venir avec un bureau d’éthique et de transparence, comme Podemos le fait à Barcelone. Nous venons avec cette proposition-là, que nous dit un des négociateurs PS qu’on a en face: "Ce genre de mesure-là, ça me fait penser aux années 40", allez, il faut quand même un petit peu arrêter. Dire que parce que le citoyen contrôle le politique, c’est tout à fait anti-démocratique. Ça ne va pas, il faut quand même avoir une ouverture à d’autres mesures."

Quand Paul Magnette dit, ils veulent qu’on applique 100% de leur programme, alors qu’ils n’ont que 15% des voix, est-ce que finalement, vous, vous n’êtes pas dans ce concept à la fois de Marx et d’Engel de dictature du prolétariat ? Parce que pour lui, c’était la phase transitoire de dictature révolutionnaire nécessaire, c’est marxiste ça quand même.

"On ne va quand même pas faire la révolution demain dans les communes. On ne vient pas avec 100% de notre programme. On est venus avec 6 ou 7 points de discussion. Vous savez, on avait 500 propositions à Liège, on n’est pas venus avec 500 propositions en discussion avec le PS, il faut arrêter de rigoler, bien sûr que nous sommes venus avec une sélection du mandat qu’on a reçu des gens. Ces mandats, c’est l’emploi public. Dans l’ensemble des communes wallonnes, on continue à déconstruire l’emploi public. Nous sommes venus avec une revendication : qu’on arrête l’austérité. Nous sommes venus avec des revendications fortes au niveau démocratique. Quand on demande par exemple la diminution du salaire de facteur 2 du salaire d’un bourgmestre dans les grandes villes, c’est quand même pas révolutionnaire. C’est juste demander que le bourgmestre vive un petit peu plus comme les citoyens qu’il représente".

Est-ce que vous n’allez pas décevoir les électeurs qui ont voté pour vous si vous ne montez nulle part ? est-ce que là, le PS ne va pas dire, il vaut mieux voter pour nous, nous, c’est un vote utile. Eux, ils disent toujours non.

"D'abord, qui vous dit qu’on ne va monter nulle part".

Ça a l’air mal barré.

"Nous, on a toujours été très honnêtes avec nos électeurs. Je trouve ça le plus important. Pendant la campagne, nous avons dit, nous, on est évidemment prêts à former une majorité à partir du moment où il y a une rupture au niveau d’un coup de barre à gauche, et une rupture avec le passé. Un des problèmes que nous avons, lorsque nous discutons, que ce soit à La Louvière, à Liège ou à Charleroi, c’est quand nous posons la question aux majorités en place, "que trouvez-vous qu’il faudrait quand même changer suite au score de dimanche ? Est-ce que vous ne trouvez pas que la gestion de la ville à Liège, à Charleroi ou à La Louvière n’était pas assez de gauche ?", on nous répond, "Ah si, on a reçu un mandat de l’électeur, on peut continuer comme on a toujours fait".

C’est ce que vous répond Paul Magnette, ça ?

"Bien sûr".

Parce qu’il paraît que vous n’arrivez avec rien de concret.

"On est venus avec plein de propositions concrètes, c’est vraiment des mensonges. On est venus, en matière de transports, par exemple pour Liège. Le transport gratuit, on me dit : le coût du transport gratuit. La première question que je pose, c’est quoi le coût de la pollution du fait qu’on n’ait pas de transports gratuits ? Les enfants qui sont malades à cause des particules fines, c’est ça qui coûte du pognon à fond".

Ca, c’est votre côté écolo ?

"Bien sûr, il est temps d’avoir une transition radicale, je vais vous le dire honnêtement. Si c’est pour avoir un PTB qui vient faire tout ce que les partis traditionnels ont toujours fait, les gens n’ont pas voté pour ça pour le PTB. C’est important. D'autant plus dans les communes où ne sommes pas indispensables, parce que si vous parlez de communes comme Charleroi par exemple. A Charleroi, le PS a une majorité absolue, et moi j’ai eu plein de copains Ecolo, parce que j’en ai plein chez Ecolo, qui sont venus me trouver pour me dire, nous, en 1999, on est montés dans un gouvernement, alors que nous n’étions pas indispensables. On ne nous écoutait pas à table. Pourquoi ? Parce qu’alors, le PS peut dire, on n’écoute pas le PTB".

Vos conseillers sont Ecolo, au PTB ?

"J’ai beaucoup de copains Ecolo. Bien sûr on intègre cette écologie. C’est important d’avoir ce vrai rapport de force".

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