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Le militantisme social comme remède au "déclin mondial" des droits humains

(Belga) Des discours de haine et de peur ont marqué l'année 2017 à travers le monde mais ils ont stimulé un nouvel élan de militantisme social, analyse jeudi Amnesty International dans son nouveau rapport annuel sur les droits humains. Selon Salil Shetty, secrétaire général de l'organisation, les droits fondamentaux ne peuvent plus être considérés comme acquis, 70 ans après la Déclaration universelle des droits de l'homme.

De nombreux dirigeants ont mené des politiques "rétrogrades" l'année dernière tandis que les mesures d'austérité et les catastrophes naturelles ont exacerbé la pauvreté et l'insécurité, constate le rapport qui étudie la situation de 159 pays. Amnesty cite notamment la campagne militaire de nettoyage ethnique contre les Rohingyas du Myanmar, la stigmatisation de catégories entières de la population à travers le monde, l'emprisonnement de journalistes, le contrôle des réseaux sociaux ou encore les attaques contre les militants des droits de l'homme. "Le ton a été donné par Donald Trump, lorsqu'il a interdit l'entrée du territoire américain aux ressortissants de pays musulmans", illustre Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d'Amnesty International. "C'est la mise en oeuvre politique de ce qui n'était qu'une déclaration générale au départ." Ces évènements ont toutefois provoqué des vagues de protestation citoyenne dans plusieurs régions du monde, avec entre autres la grande Marche des femmes aux Etats-Unis ou le mouvement "Ni Una Menos" en Amérique latine, qui dénonce la violence faite aux femmes et aux filles. De nombreuses personnes ont rallié des combats citoyens pour faire émerger un militantisme social, souligne le rapport. L'Europe n'échappe par ailleurs pas au phénomène de recul des droits humains décrit par Amnesty, préoccupée par la remise en question des modes de protection existants. Amnesty s'inquiète par exemple de la loi jetant le discrédit sur les ONG qui recevaient des fonds de l'étranger en Hongrie, de la politique de répression en Azerbaïdjan, des menaces qui pèsent sur l'indépendance du pouvoir judiciaire en Pologne, des accords de coopération signés par les Etats européens avec les autorités libyennes ou encore des interdictions de manifester justifiées par la lutte contre le terrorisme, notamment en France. "La liberté d'expression et la possibilité pour les défenseurs des droits de l'homme de travailler seront des grands enjeux dans les mois et les années à venir", prévoit Philippe Hensmans. (Belga)

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