Accueil Actu

Port du voile, abattage rituel... Ecolo ordonne le retrait d'un tract polémique sur la liberté de culte (photos)

Ecolo a indiqué mercredi dans une courte communication à l'agence BELGA avoir ordonné le retrait d'un tract polémique sur la liberté de culte. Distribué dans l'entité de Laeken, au nord de la ville de Bruxelles, il présentait notamment une position non nuancée d'Ecolo à propos de l'abattage rituel, ce qui a fortement déplu au parti.

Mercredi matin, un tract étiqueté Ecolo a été distribué (sans l'accord du parti) par des candidats sur un marché de Laeken. Ce tract présentait la position de plusieurs partis au sujet du port du voile dans l'administration publique, à l'école, des congés selon les convictions religieuses ou sur le maintien de l'heure de cours de religion et de morale à l'école.

Sont cités sur ce tract: Ecolo, le PTB, le MR, Défi, le PS et le cdH. Ce tract reprend vraisemblablement un tableau publié par la Libre à ce sujet. Il ne mentionne que des questions religieuses liées à la place de l'islam en Belgique et s'adresse donc principalement aux Belges musulmans. Or, le parti Ecolo n'a eu de cesse de rejeter de telles pratiques, assimilées à du communautarisme. 

Après la distribution de ce tract polémique, les autres partis ont sauté sur l'occasion pour s'en prendre aux Verts. Pour rappel, Ecolo a le vent en poupe et est la cible logique des partis craignant de perdre une partie de leurs électeurs au profit des Verts. Le parti semble payer la maladresse d'un de ses candidats.




Ecolo réagit: "Nous dénonçons ce genre de pratiques"

Le parti critique vivement la distribution de ce tract. "Il suscite, à juste titre, l'émoi", a réagi Ecolo. "Ce tract n'a été ni concerté ni validé par une instance régionale ou fédérale. Il n'aurait d'ailleurs jamais reçu l'autorisation. Dès que nous en avons appris l'existence, nous avons exigé l'arrêt immédiat de sa diffusion. Ce sujet mérite mieux qu'un tract racoleur sur un marché", a précisé le parti.

Sur Twitter, la co-président de parti, Zakia Khattabi, met les point sur les i. La personne à l'origine du tract pourrait être rappelée à l'ordre.


"Ce n'est pas notre façon de faire de la politique"

La tête de liste Ecolo au parlement bruxellois, Alain Maron, a renié la paternité du tract. "Ce tract n'a en effet pas été avalisé par Ecolo BXL avant sa diffusion et ne l'aurait pas été. Ce n'est clairement pas notre façon de faire campagne. Nous misons sur la nuance et le dialogue, par sur les clichés ni le communautarisme", a-t-il réagi sur Twitter. Le parti Ecolo a fait savoir qu'il avait ordonné le retrait de ce tract qui reprenait une présentation de propositions en matière de cultes réalisée par La Libre. "Ce sujet mérite mieux qu'un tract racoleur sur un marché", ont estimé les Verts. 

Ce mercredi soir, l'une des candidates figurant sur ce tract a présenté ses excuses via Facebook: " Vraiment désolée pour les personnes qui ont été choquée par le tract d'invitation au débat sur les libertés convictionnelles. (...) Une grosse erreur: la non concertation avec la régionale" , a reconnu Zoé Genot. Le tract contient des approximations

Le tract précise qu'Ecolo serait pour l'autorisation de l'abattage sans étourdissement dans le cadre de rites religieux à Bruxelles. Or, il a été interdit en Flandre et en Wallonie avec l'appui d'Ecolo. Néanmoins, l'abattage sans étourdissement reste autorisé à Bruxelles. En effet, la question divise plusieurs partis: les Wallons étant parfois plus sensibles à la question du bien-être animal, et les Bruxellois plus soucieux de la pratique religieuse de certains croyants dans les communautés musulmanes et juives. Chez les Verts, la députée régionale Annemie Maes (Groen) avait déposé en vain une proposition d'ordonnance d'interdiction. 

Mercredi, le ministre wallon du Bien-Être animal Carlo Di Antonio (cdH) a d'ailleurs croisé le fer sur Twitter avec son compagnon de parti, le député bruxellois Ahmed El Khannouss sur cette question. Les débats se poursuivent également sur le terrain du droit. Saisie d'une requête contre le décret flamand d'interdiction de l'abattage rituel, la Cour constitutionnelle a posé une question préjudicielle à la Cour de justice de l'Union européenne.


Les autres partis s'en donnent à coeur joie

Il n'en fallait pas plus pour les autres formations de s'en prendre aux Verts. Le MR, en premier lieu. "Nous sommes à un moment-clé de la campagne. Les masques d'Ecolo sont tombés", a réagi auprès de l'agence BELGA le ministre fédéral sortant Denis Ducarme (MR), tête de liste à la Chambre dans le Hainaut. Dénonçant l'attitude de la "gauche communautariste", il a fustigé les "accommodements raisonnables" plaidés par les écologistes ainsi qu'une atteinte à "la neutralité de l'Etat" et au "vivre ensemble que rend possible la neutralité". "On peut pas y croire! ! C'est un Fake dites? !", a lancé le député Georges Dallemagne, tête de liste bruxelloise cdH à la Chambre, alors que certains membres de son propre parti utilisent le vote communautaire, comme nous vous l'expliquions dans cet article.

Deuxième sur la liste DéFI à la Chambre, Sophie Rohonyi parle de "honte". "Ecolo pris en flagrant délit de communautarisme et de mensonge, car Ecolo a soutenu l'interdiction de l'abattage rituel sans étourdissement en Wallonie", a-t-elle dit. Candidate DéFI à la Région, Marie Nagy a republié via Twitter la carte blanche, datée de 2016, dans laquelle elle demandait avec insistance à sa précédente formation, Ecolo, dont elle était une militante active de longue date, de clarifier une fois pour toutes sa position dans le débat sur la laïcité et le communautarisme religieux.

Cette démarche lui avait valu de perdre le titre de cheffe de groupe, qui lui était contesté par ailleurs en interne, à la Ville de Bruxelles, et l'avait entraînée vers la porte de sortie.

À lire aussi

Sélectionné pour vous