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Vers de futurs gouvernements: où en sont les consultations lancées à tous les niveaux de pouvoir?

La désignation jeudi par le roi Philippe de deux informateurs, l'actuel vice-Premier ministre MR Didier Reynders et l'ex-vice-Premier ministre socialiste flamand Johan Vande Lanotte, permet de lancer les consultations en vue de former de nouveaux exécutifs à tous les niveaux de pouvoir de la Belgique fédérale, quatre jours après des scrutins qui ont bouleversé le paysage politique belge.

A tous les étages, tant au fédéral qu'au niveau régional - à l'exception de la Communauté germanophone, où la coalition sortante a été reconduite à l'issue de deux jours de discussions seulement - les négociateurs ont opté pour la discrétion.

Au fédéral, MM. Reynders et Vande Lanotte, chargés, selon le Palais royal "d'une mission d'information visant à identifier les défis à relever par notre pays, et les possibilités ainsi que les conditions nécessaires en vue de former un gouvernement fédéral", avec un premier rapport attendu le 6 juin prochain, vont "travailler, ensemble, dans la discrétion", selon les propos du vice-Premier ministre.

"Dans le cadre de cette mission, ils garderont le contact avec les responsables des négociations dans les régions et communautés", a précisé le Palais, sans citer explicitement le PS au sud du pays et la N-VA au nord. Ils devront ainsi "objectiver les grands défis" qui sous-tendent la formation du prochain gouvernement et "voir quelles solutions sont possibles" pour y parvenir, a souligné M. Reynders. Il a précisé que "les contacts démarreront dès ce jeudi et se poursuivront dans les jours qui viennent".


En Wallonie, le président du PS, Elio Di Rupo, et son bras droit, l'ancien ministre-président Paul Magnette, ont rencontré mercredi à Namur des délégués du MR (le président du parti et par ailleurs Premier ministre démissionnaire Charles Michel et le ministre-président sortant Willy Borsus) et d'Ecolo (le co-président Jean-Marc Nollet et le chef de groupe des Verts au Parlement wallon, Stéphane Hazée).

Le PS, qui reste après les élections générales du 26 mai le premier parti francophone, a pris l'initiative en vue de la formation des gouvernements régional et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. "Chaque niveau de pouvoir doit avancer à son rythme en fonction de sa propre réalité", a précisé Paul Magnette en évoquant les possibilités "que deux, trois partis se trouvent des convergences fortes et puissent entamer rapidement des négociations, ou que ça prenne un peu plus de temps", a souligné M. Magnette.


Le PS doit encore rencontrer la semaine prochaine le cdH et le PTB. En Flandre, le président de la N-VA, Bart De Wever, a bouclé mercredi - en tant que candidat ministre-président - un premier tour de consultations des présidents de partis flamands en vue de former un nouveau gouvernement au nord du pays.

Sans guère de commentaires de la part des différents interlocuteurs sur le contenu de ces rencontres. M. De Wever devait continuer à avoir des contacts "discrets" durant le week-end de l'Ascension. A Bruxelles, les deux groupes linguistiques ont entamé des négociations séparées.

Pour les francophones, le ministre-président sortant, Rudi Vervoort, et la présidente de la Fédération bruxelloise du PS, Laurette Onkelinx, ont pris les choses en main en rencontrant mercredi Ecolo et le MR, avant DéFI et le PTB lundi, puis le cdH mardi, avant les partenaires sociaux.

Du côté néerlandophone, Groen a, en tant que formation sortie en tête du scrutin de dimanche à Bruxelles avec quatre sièges (sur 89, dont 72 francophones et 17 néerlandophones) au sein du parlement régional, la tête de liste, Elke Van den Brandt, et le député Arnaud Verstaete, ont rencontré toutes les formations flamandes, à l'exception du Vlaams Belang d'extrême droite.

Le début du processus de formation a aussi été marqué par l'audience - controversée - accordée mercredi par le roi Philippe au président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, dans le cadre de ses consultations post-électorales. M. Van Grieken a qualifié cet entretien de "tranquille" et d'"agréable". La dernière rencontre officielle entre un souverain belge et un leader de l'extrême droite remonte à 1936. A l'époque, Léopold III avait invité Léon Degrelle, à la tête du parti Rex.

En 1978, le roi Baudouin avait également invité le président du Vlaams Blok (l'ancêtre du Belang), Karel Dillen, mais ce dernier avait décliné l'invitation en raison de l'aversion de son parti pour la monarchie.


Le monde politique francophone s'est montré prudent après cette audience. Les seules réactions clairement négatives sont venues des socialistes bruxellois.

"Cela me choque profondément. Pourquoi le Roi se croit-il obligé de recevoir le Vlaams Belang alors qu'il y a chez les partis flamands, en dehors de la N-VA, un rejet clair d'une rupture du cordon sanitaire", a commenté la présidente de la Fédération bruxelloise, Laurette Onkelinx. 

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