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Vol d'oeuvres d'art: un rapport d'information du Sénat qui ne ravit pas les antiquaires

(Belga) La Chambre des antiquaires de Belgique et les représentants des musées belges n'ont guère paru sur la même longueur d'ondes au Sénat vendredi à propos d'un rapport d'information initié par la Haute assemblée sur le vol d'oeuvres d'art.

Le vol d'oeuvres d'art connaît un regain d'actualité depuis le début de la guerre en Syrie et le pillage des sites archéologiques dont le pays est riche. Les profits retirés serviraient à financer le terrorisme selon certaines sources internationales. Le phénomène n'est pas neuf: entreprises coloniales, spoliations durant la IIe Guerre mondiale... De nombreux musées nationaux exposent des oeuvres acquises illicitement. A cet effet, le Sénat veut examiner plusieurs aspects, dont un renforcement des règles belges et la ratification de la convention "Unidroit". Ce texte international de 1995 complète une convention de 1970 de l'Unesco mais les Etats ne se bousculent pas pour le ratifier, Belgique comprise. Il impose au possesseur d'un bien volé de le restituer dans tous les cas et à l'acquéreur de vérifier s'il a bien été acquis licitement. Il établit également un délai de prescription de 75 ans voire l'imprescriptibilité dans certains cas. "La convention Unidroit ne doit certainement pas être ratifiée", a expliqué Yves De Bie, avocat de la Chambre des antiquaires. Selon lui, le texte est contraire à l'ordre juridique belge. "Le commerce de l'art est bien maltraité", a-t-il ajouté, évoquant plusieurs passages de la demande de rapport. Aucune statistique n'établit une recrudescence du trafic d'art et un financement du terrorisme ou d'autres formes de criminalité. "Je ne dis pas qu'il n'y a pas de commerce illégal d'oeuvres d'art. Il y en aura toujours. Mais dire qu'il n'a jamais été aussi important, c'est une pétition de principe". Le son de cloche était bien différent auprès d'Icom, conseil international des musées, qui défend Unidroit. "Les institutions nationales et internationales tirent la sonnette d'alarme depuis 5 face à ce phénomène qui n'a cessé de prendre de l'ampleur", a expliqué Alexandre Chevalier. "Il y a beaucoup de vols dans les musées", a-t-il assuré. La sécurisation des collections s'avère onéreuse, et ce d'autant plus que les attentats les ont amenés à investir dans la sécurité des visiteurs alors que la fréquentation diminuait. Parmi les pistes d'amélioration, Icom a suggéré l'instauration d'un incitant fiscal. Antiquaires et représentants des musées se sont retrouvés sur un point: la restauration d'une cellule d'oeuvres d'art au sein de la police fédérale, élément indispensable à leurs yeux dans un univers très spécialisé. (Belga)

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