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Chambre du conseil pour les attentats de Bruxelles: qui est Gisèle Stuyck, l’avocate d’Osama Krayem?

Osama Krayem a décidé au dernier moment de ne pas se faire exploser dans le métro bruxellois, comme Khalid El Bakraoui le 22 mars 2016 au matin. Aux enquêteurs, il déclare avoir renoncé et s'être débarrassé de ses charges explosives dans les toilettes. Il a été arrêté, deux semaines plus tard, le 8 avril. Il est également inculpé pour les attentats de Paris. Qui est Gisèle Stuyck, l'avocate qui plaidera sa cause devant la Chambre du Conseil ?

Lorsque Gisèle Stuyck est contactée pour assurer la défense d’Osama Krayem, elle ne sait pas encore que c’est le terroriste qui, comme Mohamed Abrini - l’homme au chapeau -, a décidé à la dernière minute de ne pas se faire exploser lors des attentats de Bruxelles. Un dossier qui va bousculer sa carrière et sa vie mais sans changer ses convictions. Lors de l’appel téléphonique du greffe, l’avocate se trouve alors à la Cour d’assises de Mons où elle défend les intérêts de victimes dans un dossier d’assassinat. Inscrite de manière très occasionnelle sur les listes de garde Salduz (NDLR: une loi qui permet au suspect d’être assisté par un avocat dès la première audition), elle accepte de conseiller ce nouveau client sans savoir quels sont les faits qui lui sont reprochés.

Une fois arrivée dans les locaux de la Police Judiciaire Fédérale, Gisèle Stuyck comprend vite que la nuit sera longue et qu’elle devra accompagner Osama Krayem durant des heures lors de ses auditions. Elle ne s’imagine pas encore qu’il s’agit d’un dossier historique et probablement l’une des plus grandes affaires de sa carrière. Car l'homme, né en Suède, est soupçonné d'avoir participé activement aux attentats de Bruxelles.

Les avocats vous le diront, le premier contact avec le client est essentiel. C'est une sorte de curseur qui permet de déterminer le type de relation qui va se nouer entre la personne qui doit être aidée, soutenue, défendue et son conseil.

L’avocate du terroriste Osama Krayem reste discrète sur ce qu’elle a ressenti lorsqu’elle a rencontré pour la première fois le membre de la cellule terroriste qui a réalisé en Belgique et en France de véritables tueries de masse, des assassinats programmés, organisés et implacables.

Elle explique avec retenue que les conditions étaient réunies pour accepter de défendre le suspect : "Pour l’ensemble de mes dossiers, si le premier contact est bon et ce de manière réciproque, je poursuis et c’était le cas en l’espèce. Les faits reprochés n’entrent pas en ligne de compte dans cette appréciation."

Avec un solide cursus universitaire et différentes spécialisations, Gisèle Stuyck est ce que l’on peut appeler une théoricienne des prétoires. Titulaire d’un master en droit de l’ULB obtenu avec distinction et d’un certificat en Psychothérapie analytique (grande distinction), elle est également titulaire d’un Certificat d’Université en Criminalistique et Psychiatrie judiciaire.

En 2017, elle a soutenu dans son combat la mère de la petite Yasmine, une enfant enlevée par son père radicalisé et emmenée en Syrie dans le camp du terroriste Omar Omsen. La fillette a été libéré un an plus tard grâce à l’acharnement de la maman et de son avocate.

Outre quelques autres dossiers en matière de terrorisme, Gisèle Stuyck partage son activité professionnelle entre les dossiers en matière de stupéfiants (65 %) et en matière de mœurs (25 %) principalement pour défendre des victimes.

Concernant Osama Krayem, elle entend mener avec force et conviction la défense de son client comme pour incarner cette phrase du légendaire Jacques Vergès (NDLR: l'avocat a défendu entre autre le terroriste Carlos ou le nazi Klaus Barbie): "Je ne suis pas l'avocat de la terreur, mais l'avocat des terroristes. Hippocrate disait : Je ne soigne pas la maladie, je soigne le malade. C'est pour vous dire que je ne défends pas le crime mais la personne qui l'a commis."


Gisèle Stuyck défend Osama Krayem depuis son arrestation le 8 avril 2016. Et elle s’apprête à l'accompagner lors du procès historique des attentats de Bruxelles.
Une étape importante dans une carrière d’avocat mais une échéance de longue haleine qu’elle appréhende car cela demandera des sacrifices: "Évidemment que j’appréhende ce procès tant d’un point de vue émotionnel, que financier. Financier, dans la mesure où durant près d’un an je ne serai plus en mesure de traiter d’autres dossiers. Et également à titre privé, en tant qu’avocat pénaliste la vie privée est très souvent mise à mal, ce sera d’autant plus vrai durant ces procès que sont ceux des attentats de Bruxelles et de Paris."

Osama Krayem est en effet inculpé également dans le cadre des attentats de Paris. Des charges lourdes pèsent contre lui mais son avocate entend exposer des circonstances atténuantes comme sa prise de conscience au dernier moment et le refus de faire sauter sa charge explosive. Pour arriver à faire entendre cela, une entente professionnelle doit régner entre l'inculpé et l’avocat: "On travaille dans la confiance, ce qui est extrêmement important pour moi même si ce n’est pas le cas de tous les confrères. Je parviens, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, à apercevoir l’humain qui est en chacun d’entre nous et qui peut être exploité pour le futur."

Depuis septembre 2020, Gisèle Stuyck est l’une des avocats du département pénal du cabinet Lexlitis center.

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