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La PHOTO de David: "Au nom de tous les livreurs de Belgique, il y en a plus que marre!"

Lassé de constater quotidiennement que les emplacements réservés aux livraisons devant les commerces sont illicitement occupées, un employé a voulu raconter pourquoi ces automobilistes lui font vivre un enfer chaque jour.

Livreur de boissons dans les librairies de la région bruxelloise, David, qui souhaite rester anonyme (ce n'est pas son vrai prénom), est confronté quotidiennement à l'incivilité des automobilistes qui ne respectent pas les règles de stationnement.

"J'envoie cette photo au nom de tous les livreurs de Belgique car il y en a plus que marre, nous a-t-il écrit via le bouton orange Alertez-nous. Les places livraison sont toujours occupées. On ne trouve pas de place, on perd du temps, on ramasse des amendes..."

"Nous avons un horaire à respecter"

Il reconnait que dans certains quartiers où il travaille, tout se passe bien et il parvient à livrer même quand il n'y a pas d'emplacement prévu. En revanche, dans le centre-ville et sur les grands axes bruxellois, rien ne va plus. Des zones spécifiques pour les livraisons existent, mais encore faudrait-il qu'elles soient accessibles.

"Ces places sont prises 8 fois sur 10... Soit par des personnes 'qui en ont pour 5 minutes', soit des personnes qui stationnent là pour quelques heures, ou des gens qui sont dans leur véhicule et ne comprennent même pas qu'ils ne doivent pas se trouver là", confie-t-il exaspéré.  

Ce petit manège quotidien pèse sur les nerfs du livreur qui perd énormément de temps. "Nous avons un horaire à respecter, et la personne qui en a pour 5 minutes nous fait perdre un temps fou puisqu'on doit refaire tout le tour du bloc pour ne pas bloquer les usagers derrière nous, raconte encore David. Ou alors, ce qui est très fréquent, c'est qu'on doive livrer en double file, une horreur avec tous les gens qui klaxonnent. Parfois même, une fois qu'on a fait le tour, la personne est partie, mais un autre malin s'y est mis entretemps..."  

"Quand on trouve un emplacement libre, on fait la fête"

Bien sûr, quand il fait le choix de livrer en double file car il n'a pas d'autre solution, un livreur écope d'une amende. "On a beau contester, rien n'y fait, explique-t-il. En fait, dès qu'on trouve un emplacement libre, on fait la fête... Et encore, moi je suis en camionnette, je ne vous parle même pas de ceux qui sont en camion!"

David fait ce métier depuis 10 ans. Il connait le problème depuis ses débuts mais d'après lui, "c'est encore pire maintenant".

 

Ce que dit la réglementation

Les chiffres fournis par la Commission permanente de la police locale nous montrent qu'en trois ans, 19.937 contrevenants ont été sanctionné d'une amende: 5.444 en 2013, 7.627 en 2014 et 6.866 en 2015.

Mais en matière de stationnement réservé aux livreurs, il y a plusieurs panneaux possibles, d'où parfois une certaine confusion.

Pour que la police puisse intervenir, verbaliser  et procéder à l'enlèvement du véhicule, il doit y avoir un panneau E1, c'est-à-dire un panneau d'interdiction classique, ainsi que les panneaux E9, qui sont indicatifs/informatifs de l'exception et de la tranche horaire.

Johny Bouquet, le porte-parole de la police intégrée, nous donne un exemple concret: "S'il y a une interdiction de stationnement  (E1) + un panneau excepté camion/camionnette (E9c) + un panneau de 07 à 09 heures, cela veut dire qu'il est  interdit de stationner excepté pour un camion ou une camionnette de 07 à 09 heures. C'est cette situation que l'on rencontre le plus souvent". C'est ce type de panneaux qui apparaissent sur les photos envoyées par David.

Dans ce cas, la police peut intervenir: "Sur appel du livreur, la police procédera au dépannage et verbalisera", ajoute le porte-parole de la police intégrée.

Un appel "au civisme des conducteurs"

En revanche, s'il n'y a pas de panneau d'interdiction de stationner, même s'il y a un panneau informatif, aucune intervention de la police n'est possible. Ce cas de figure intervient généralement aux emplacements liés à la nouvelle réglementation communale. Un commerçant peut demander un emplacement réservé auprès de l'administration communale.

Dans ce cas, "s'il y a un agent sanctionnateur de la commune présent sur  place, il y aura une taxe communale à payer. Une situation rare ... d'où l'appel au civisme des conducteurs", précise encore Johny Bouquet.

Ce que souligne le policier rejoint le message de David: la problématique se situe surtout au niveau de la courtoisie entre automobilistes. Le livreur estime qu'un peu de civisme lié à un peu plus de répression pourraient lui permettre de faire correctement son travail. "Il faudrait des sanctions plus exemplaires, dit-il. Tout le monde se permet un peu trop de prendre ces places qui nous sont réservées".

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