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"Ceci n'est pas un musée": le court-métrage PERCUTANT du réalisateur belge Joachim Weissmann pour soutenir la culture (vidéo)

Le réalisateur belge Joachim Weissmann vient de dévoiler un court-métrage dans le cadre de Still Standing for Culture. Des actions étaient organisées partout en Belgique le samedi 20 février, alors que les activités culturelles du pays sont en suspens depuis près de quatre mois. 

"Ceci n'est pas un musée", le titre du film co-scenarisé par Amandine Hinnekens donne immédiatement le ton. "On a pensé à faire passer le cinéma pour un musée. Cela a déjà été fait pour un restaurant et un théâtre", nous précise le réalisateur qui a tourné son film au cinéma Imagix de Tournai. 

Son court-métrage met en lumière la situation insoutenable que vivent les cinémas suite aux mesures sanitaires imposées par les autorités pour enrayer l'épidémie de Covid-19. Des règles sanitaires qui paralysent tout le secteur culturel.

"On représente de façon ironique comment était le cinéma il y a un an", explique le réalisateur belge à Notélé. Dans son film choc, le cinéma est un musée dans lequel on raconte aux visiteurs l'époque où il existait, quand on pouvait se rassembler à plus de 300 personnes dans une salle de cinéma et partager un paquet de pop-corn et une boisson sans distanciation sociale. C'est avec humour qu'il dénonce la paralysie de tout un secteur. 

Joachim a mis en place une petite équipe en quelques jours pour donner vie à ce projet créé à la demande de la Maison de la culture de Tournai, le groupe Imagix et le Ramdam Festival de Tournai. Le Bruxellois originaire de Tournai nous confie que "tourner dans un cinéma vide procure des émotions".

"C'est une catastrophe"

"La culture vivante a complètement disparu", déplore-t-il. "On a des techniciens et des comédiens qui se retrouvent pratiquement à la rue du jour au lendemain. On peut se serrer la ceinture, mais pas baisser son froc en même temps", lance-t-il.

"Il faut rouvrir les lieux culturels, car il y a vraiment des gens à la rue maintenant. J'ai des amis qui ont des enfants et qui sont retournés vivre chez leurs parents, car les deux conjoints sont dans le milieu du spectacle et de l'événementiel. C'est une catastrophe". Il explique que les aides octroyées sont essentiellement dirigées vers les institutions culturelles "mais le petit technicien ou autre n'a pas vu un centime de l'état". 

L'artiste précise que toutes les mesures sanitaires sont prises dans les lieux culturels, comme la distanciation, la ventilation, etc. "Tout est en place pour qu'il n'y ait pas de souci. Les gens sont assis et ne se croisent même pas. On en vient à se demander après un an où est la gestion de tout ça? Où est le coté juste des mesures qui sont prises? Il y a vraiment des trucs absurdes qui se font".

Ne jamais voir son travail aboutir est horrible pour un artiste

"Un réalisateur qui a mis 4 ou 5 ans pour faire un film et qui l'a tourné en 2019 ou début 2020 et qui devait sortir son film en 2020. Avec les fermetures des cinémas, il y a de grandes chances que son film ne voie jamais le jour au cinéma. Son film sortira en DVD ou sur une plateforme alors qu'il devait sortir au cinéma. C'est 4 à 5 ans de boulot qui sont ruinés. Ca c'est le cauchemar car quand tu mets tout ton coeur dans une fiction et que tu passes toutes les étapes de validation, etc. tu l'as mauvaise...".

Des films continuent à être tournés mais il n'y aura pas de place pour tout le monde à l'arrivée, affirme Joachim. "Il va y avoir un embouteillage monstre (...) et ne jamais voir son travail aboutir est horrible pour un artiste". 

"Soif de culture"

Syndicats des secteurs du public et du privé, ONG de développement, mouvements écologistes, collectifs de pensionnés... Une soixantaine de représentants du mouvement Faire Front se sont réunis lundi matin devant le cabinet de la ministre de la Culture en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), Bénédicte Linard, afin d'exiger la réouverture du secteur et d'exprimer leur "soif de culture" à l'attention des gouvernements fédéral et francophone. Ce rassemblement se voulait être un prolongement des actions Still Standing for Culture.

La cheffe de cabinet de la ministre Linard a reçu une délégation de représentants, qui lui a remis une lettre ouverte. "Les artistes paient un très lourd tribut depuis le début de la crise", dénonce le mouvement dans cette missive. "Depuis près d'un an, la précarité les touche de plein fouet - sans qu'ils reçoivent le même soutien que des secteurs que, visiblement, vos gouvernements ont jugés plus "essentiels". Et pendant que leurs frigos se vident, un vide de sens s'installe dans nos démocraties. Il est parfaitement illégitime et scandaleux que les espaces culturels restent fermés pendant que les foules continuent de se rassembler dans les supermarchés et les centres commerciaux."

Dans la matinée, la ministre avait assuré sur Bel RTL que les protocoles étaient prêts pour une réouverture progressive prochaine. "Je pense qu'aujourd'hui, on peut dire que la culture peut reprendre progressivement, avec prudence, à la mi-mars. Les protocoles sont prêts pour pouvoir le faire", a-t-elle souligné. "On a travaillé, on a une proposition qui tient la route et qui tient compte de la situation sanitaire, économique et sociale ainsi que du moral des gens. Cette proposition sera présentée vendredi au comité de concertation. Je pense qu'on pourra prendre une décision", a-t-elle ajouté.

"Une reprise du secteur culturel est envisagée pour le 15 mars, mais sans certitude. Qui va oser sortir son film le 15 mars alors qu'il n'y a pas eu de promotion? Ca fait un an que le secteur culturel est à genou", déplore Joachim. 

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