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"Galerie des HORREURS": les CPAS wallons craignent la catastrophe

La Fédération des CPAS de Wallonie a réclamé jeudi des gouvernements fédéral et wallon des moyens pour engager au moins temporairement le personnel nécessaire à l'accueil des exclus de l'allocation d'insertion, ainsi que pour répondre à d'autres besoins urgents.

"Nous pensions avoir atteint le fond, mais il est plus vertigineux encore", a déploré le président de la Fédération des CPAS, Claude Emonts, dans un énième appel à l'aide aux pouvoirs subsidiants sur ces dernières années. Dès janvier prochain, les CPAS de Wallonie s'attendent à une explosion des demandes d'aide sociale due à la première vague de fin des allocations d'insertion, décidée par le gouvernement sortant. Ce dernier a certes augmenté de 5% le remboursement du revenu d'intégration, mais cette diminution de la dépense des CPAS est insuffisante pour faire face à la vague, affirme Claude Emonts. Or, vu les consignes budgétaires de la Région aux communes, beaucoup de CPAS sont sollicités pour soutenir les budgets communaux. Dès lors, les gouvernements fédéral (en gestation) et wallon (en conclave budgétaire cette fin de semaine) sont appelés à soutenir l'engagement temporaire du personnel nécessaire pour accueillir la vague d'exclus des allocations d'insertion.

Mais ce n'est pas tout: la réforme des points APE (aide à la promotion de l'emploi), la charge des pensions, le financement des mises aux normes pour les maisons de repos (MR) et de soins (MRS) ou encore le financement des relais sociaux, s'ajoutent à la "galerie des horreurs" des CPAS wallons.

Plus de 10.000 étudiants aidés par les CPAS

Les étudiants aussi les préoccupent: la barre des 10.000 étudiants aidés par les CPAS devrait être dépassée en fin d'année. La réforme du système des crédits d'étude pourrait entraîner un allongement de la durée moyenne des études, et donc une hausse des aides. En outre, des jeunes exclus des allocations d'insertion seront enclins à demander d'entamer ou de poursuivre les études, "et pourquoi le leur refuser?", fait observer Philippe Defeyt, président du CPAS de Namur.

Solution possible: fusionner des CPAS

Le gouvernement wallon, dans sa déclaration de politique régionale (DPR), propose notamment des synergies entre communes et CPAS afin de réaliser des économies d'échelle. "Attention aux fausses bonnes idées", met en garde Claude Emonts. Une commune n'est pas un CPAS, qui nécessite un cadre spécifique, un fonctionnement adapté, des métiers précis, etc. A ses yeux, il faudra dédoubler si l'on veut garantir le service à la population, et l'argument d'économies pour justifier la fusion ne serait plus qu'un "miroir aux alouettes". Il préconise davantage les fusions entre CPAS, une possibilité également ouverte dans la DPR.

"On n'est pas pris en compte lors de la confection des budgets communaux"

Ces grandes difficultés des CPAS, Claude Emonts les explique par le statut particulier de cette institution en période de disette budgétaire des pouvoirs subsidiants. "Maintenant, c'est chacun pour ses fesses! Nous, nous sommes en bout de chaîne, et chacun se sert d'abord avant de penser à nous", déplore-t-il. "Ce qui domine, c'est l'incompréhension de nos mécanismes et de nos manières de travailler. Et malgré la voix délibérative dont dispose le président du CPAS au collège communal, on n'est pas davantage pris en compte lors de la confection des budgets". Seule bonne nouvelle dans cette grisaille: le Fonds spécial de l'action sociale, équivalent pour les CPAS du Fonds des communes, sera bien indexé par la Région, de 1% par an au-delà de l'inflation, comme les précédents gouvernements s'y étaient engagés.

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