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"Mamie rusée": le Brabant wallon lutte contre les nouvelles escroqueries ciblant les aînés

L'an dernier, en Belgique francophone, 400 personnes ont été arnaquées via leur Digipass. Montant total escroqué: 1.700.000 euros ! Les personnes plus âgées sont le plus souvent touchées.

La police judiciaire fédérale, le parquet et le gouverneur du Brabant wallon se sont associés pour lancer mardi une campagne de prévention contre les escroqueries qui, de manière récurrente, ciblent les ainés. C'est notamment le cas des fraudes au Digipass, pour lesquelles des escrocs opèrent par téléphone depuis l'étranger et se font passer pour des représentants d'organismes officiels pour demander aux victimes d'effectuer des manipulations sur leur appareil. Ils parviennent ainsi à vider les comptes bancaires des personnes qui ne se méfient pas suffisamment.

Ce phénomène prenant une ampleur inquiétante en Brabant wallon (79 notices ouvertes en 2017), la commission provinciale de prévention de la criminalité a décidé d'agir de manière préventive, afin d'inciter les victimes à davantage de méfiance et ainsi couper l'herbe sous le pied des escrocs.

Uniquement pour payer !

"Le digipass sert uniquement aux paiements, jamais pour recevoir un remboursement", indique une affiche créée pour cette campagne baptisée Mamie rusée.Pour toucher les ainés, souvent moins réceptifs aux messages préventifs diffusés sur les réseaux sociaux, le message sera relayé par les administrations communales, les CPAS et différents services en contact avec les seniors.

Un dépliant donne également plus de détails sur le fonctionnement de ces escroqueries et rappelle quelques réflexes élémentaires à adopter lorsqu'on reçoit un appel téléphonique que l'on n'attend pas: demander à l'interlocuteur de s'identifier, différer l'appel et demander un numéro de téléphone pour rappeler, avoir conscience qu'on a le droit de ne pas communiquer des informations personnelles par téléphone, et qu'il est toujours possible de demander d'envoyer un courrier.

Il est important aussi que ceux qui ont été ou pensent avoir été victime d'une tentative d'escroquerie le signalent rapidement à la police, afin de lui permettre de mieux lutter contre ce type de phénomène.

Plus de chiffres

Si 79 notices ont été ouvertes l'an dernier en Brabant wallon contre ces auteurs qui parviennent à convaincre les victimes d'effectuer sur leur Digipass des manœuvres qu'ils leur dictent par téléphone, le phénomène touche toute la partie francophone du pays.

L'an dernier, il y a également eu plus de 100 notices ouvertes à Bruxelles, 82 à Liège, 70 en Hainaut, 60 à Namur, 24 dans la province de Luxembourg... Les enquêtes sont difficiles: les auteurs se présentent au nom d'organismes officiels (Commission européenne, SPF économie, opérateurs téléphoniques...) et utilisent des numéros nationaux qui sont en réalité loués et sous-loués à certaines sociétés.

Les comptes en banque des victimes sont rapidement vidés mais les flux d'argent sont difficilement traçables, passant par des plateformes en ligne. Un travail de la police judiciaire fédérale (PJF) de Bruxelles a cependant permis d'identifier des auteurs et de les localiser. "Ils se trouvent dans un Etat avec lequel la collaboration en matière policière et judiciaire est difficile, et qui n'extrade pas ses nationaux. Le dossier est toujours en cours et des accords ont pu être trouvés pour les poursuivre non sur base des faits d'escroquerie commis au préjudice des victimes belges, mais pour des faits de blanchiment", indiquent les représentants de la police judiciaire fédérale.

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