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60% des Belges aimeraient acheter davantage de fruits et légumes bio: qu'est-ce qui explique leur coût aussi élevé?

Comme chaque jour de cette semaine, on s'intéresse à votre avis dans la "Voix des Belges", qui porte notamment sur le pouvoir d'achat. Aujourd'hui, on s'intéresse à la nourriture bio: 60% des Belges aimeraient acheter davantage de fruits et de légumes bio, mais ils estiment qu’ils sont trop chers. Qu'est-ce qui explique un coût aussi élevé par rapport aux produits classiques?

Un kilo de pommes Jonagold pour 1,66€, 2,69€ pour la même variété en bio. Un euro le kilo pour des carottes de Hesbaye, 1,39€ pour leurs cousines bio. Lorsqu'on compare les concombres, c'est 0,89€ pour la version bio, et 1,45€ pour la version bio. La différence de prix se fait également ressentir pour les brocolis, les chicons et le maïs. "Une différence de prix, oui, mais qui n'est pas forcément exagérée, une différence de goût, ça par contre, c'est agréable, on retrouve le goût des vrais légumes", estime une dame. "Il me semble que le bio est un petit peu plus cher", commente une autre. "C'est une question de qualité, aussi de comment on cultive les légumes", suggère une personne en train de faire ses courses.


La première raison de ce surcoût? Le désherbage

Pourquoi les fruits et légumes garantis sans pesticide coutent-ils plus cher ? Pour tenter de comprendre, notre équipe a rencontré Daniel Deprez, producteur de fruits et légumes bio. Dans sa ferme de 30 hectares, il y a du bio, en majorité, mais aussi du conventionnel. Il explique que la première raison de ce surcoût, c'est le désherbage: "La main d'œuvre est beaucoup plus importante, point de vue désherbage, point de vue mise en place. Si on travaille en conventionnel, on va travailler sur un produit phyto. Donc on va désherber chimiquement. Ici, en culture biologique, on le fait manuellement, c'est-à-dire qu'on va ôter les mauvaises herbes du sol à la main ou peut-être éventuellement avec une petite machine".


Des engrais organiques

Les produits chimiques sont bannis mais Daniel utilise d’autres substances, naturelles celles-là. "La différence qu'on a, c'est qu'on utilise des engrais issus de l'agriculture biologique, donc vraiment organiques. Ce sont des engrais qui sont reconstitués, à partir soit d'amendements végétaux soit animaux". Le prix de ces engrais est 15 à 20 % plus élevé qu’un produit phytosanitaire, idem pour les semences.


"Ils viennent contrôler où on achète les semences, le terreau, les engrais"
 

Régulièrement, les fruits et légumes bio sont contrôlés par les organismes de certification, des frais payés par l’agriculteur et répercutés sur le prix final. Nadine Darmont, productrice de fruits et légumes bio, explique: "Ils viennent contrôler où on achète les semences, le terreau, les engrais. Ils viennent contrôler les feuilles de tomates, les tomates, les salades, pour voir si tout est bien bio, s'il n'y a pas de pesticides dedans. Donc ils faut compter entre 2000 ou 2500 euros par an pour chez nous".


"Le bio a une valeur"

Ajoutez un rendement à l’hectare moins élevé et vous obtenez un prix souvent considéré comme 25 à 30 % supérieur au conventionnel. "Le bio a une valeur. Lorsqu'il y a des apports qualitatifs en termes de certification et de modes de production, ça a un coût, qu'on le veuille ou non, et ce coût, il se retrouve dans le prix. Il est très difficile de dire aujourd'hui que même à la faveur de paramètres de marché, comme une augmentation forte de l'offre, on va avoir un impact significatif sur le prix", explique Philippe Mattart, directeur général de l’agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité.


Comparer ce qui est comparable

"Si on compare un produit bio avec un produit de marque, ou un produit bio avec un premier prix, ça va être totalement différent. Est-ce qu'on compare, par exemple, un légume qu'on achète de saison, et qui est local, avec un produit qui vient d'ailleurs? Tout dépend vraiment de ce qu'on veut comparer", indique Stéphanie Chavagne, chargée de mission chez "Biowallonie".

Forte de 1600 producteurs l’agriculture bio représente aujourd’hui 12% des surfaces cultivées en Wallonie. Une offre insuffisante pour répondre à la demande, toujours croissante.

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